Petits plaisirs dans les grands Territoires du Nord-Ouest

Été comme hiver, ces vastes territoires regorgent de merveilles à ne pas manquer. Mon conseil : visiter Yellowknife, puis plonger dans la nature en visitant le Parc national Wood Buffalo et la Réserve du Parc national Nahanni.«Certains députés ne représentent qu’une trentaine de personnes. Ils viennent de hameaux autochtones éloignés, pour plusieurs plus au nord. Au moment des assemblées, ils arrivent avec des revendications qui concernent quelques individus seulement. C’est normal pour eux, mais il est assez inusité de mettre les intérêts de quelques personnes en face de ceux de bassins de population plus importants comme Yellowknife, qui compte 20 000 personnes ! » m’explique la guide des visites au Parlement de Yellowknife, où les sièges des députés encerclent une peau d’ours polaire immense, qui s’étire sur le sol.YellowknifeLe Parlement de la capitale des Territoires du Nord-Ouest compte parmi les curiosités à visiter dans la ville nordique. La visite aide à comprendre le fonctionnement de ce grand territoire où vivent à peine un peu plus de 40 000 personnes au sein de 34 communautés.Je poursuis ma visite de Yellowknife, qui, avec ses tours et son centre-ville, présente la silhouette la plus urbaine des villes des trois territoires qui coiffent le Canada, au nord du 60e parallèle (le Yukon et le Nunavut étant les deux autres).Une grande balade à pied m’amène à parcourir le plus ancien secteur de la capitale. Ici, les bâtiments sont rustiques et logent tantôt des boutiques de peinture inuite et de vêtements de fourrure (loup, renard arctique, bison, phoque, ours, etc.), tantôt des ateliers de sculptures en pierre de savon, où les visiteurs peuvent entrer pour admirer les artisans autochtones au travail.Le secteur débouche sur Woodyard, un quartier de minuscules shacks habités par des indélogeables. Woodyard a beau briller sur les cartes postales de la ville, le gouvernement rêve de l’éliminer... Il occupe en effet une place de choix, juste en face de la Baie de Yellowknife.Et voilà que cette baie aussi cause des maux de tête aux autorités : une vingtaine de maisons flottantes y sont installées et les résidents ne payent pas de taxes municipales. « Nous ne bénéficions pas de services directs de la ville. Toutes les maisons flottantes sont autonomes en énergie et eau potable, été comme hiver, et nous n’occupons aucun terrain. La ville n’aime pas ça », explique Monique, propriétaire d’une maison flottante qu’elle a convertie en hébergement touristique confortable et moderne, le Bay Floating B&B.Direction sudÀ partir de Yellowknife, deux options classiques s’offrent aux voyageurs qui veulent voir du pays : prendre la direction de Hay River et du Parc National Wood Buffalo, vers le sud-est, avec Buffalo Airways (vol d’environ une heure de Yellowknife à Hay River pour survoler le Grand Lac des Esclaves), ou mettre le cap sur la Réserve de parc national Nahanni, à l’ouest (650 km). J’ai choisi la première.Hay River est une escale pratique et permet de faire une pause dans ses déplacements. En soirée, je découvre les magnifiques Chutes Alexandra, dans la forêt boréale qui entoure Hay River, en empruntant une promenade aménagée spécialement pour l’observer. Le lendemain, je prends la route pour me rendre à Grosbeak Lake, une des portes d’entrée du Parc national Wood Buffalo, qui est à cheval sur la frontière avec l’Alberta. Grosbeak Lake donne un accès plus direct aux magnifiques plaines salines qui font la renommée du parc – aux côtés des bisons et des dernières grues blanches d’Amérique, qui y ont trouvé refuge pour la nidification.Le panorama est saisissant. Les plaines salines, parcourues de craquelures, s’étendent à perte de vue. L’activité phare, ici, est de se déchausser et de marcher pieds nus dans la couche épaisse de sel.Fort ProvidenceUn après-midi avec une famille autochtoneLe lendemain de ma visite au Parc national Wood Buffalo, je reprends la route vers le nord en direction de Fort Providence (depuis Hay River : 177 km).À Fort Providence, localité blottie le long de la Rivière Mackenzie, j’ai rendez-vous avec Steven, de Vandell Ventures Ltd. Steven emmène les visiteurs sur son bateau à la découverte de la rivière et leur présente ses amis : une famille aborigène qui, l’été venu, s’installe sur leur île pour revivre leur mode de vie ancestral.Le quotidien de la famille est étalé au grand air. Le fumoir à poissons est près du bûcher, où le bois est fendu et rangé et sert à faire la cuisine; le potager graissé à la bouse de bison se trouve non loin de la structure de bois ouverte qui sert de salle à manger; l’atelier de réparation des canots fait face à la rivière.La barrière de la langue nous oblige à scruter les visages de chacun pour comprendre leurs réactions, mais on finit par se comprendre. Le temps d’un après-midi, je voyage dans le temps : la grand-mère fabrique une couette de lit avec des matériaux trouvés sur l’île, le grand-père tanne une peau d’orignal écartelée sur l’échafaud, le chien préfère attendre sous le canot que les étrangers repartent d’où ils viennent...Steven me ramène à Fort Providence avec son bateau, d’où je prends la route le lendemain pour mon retour à Yellowknife (315 km).Des hivers froids, mais plus libres...Quand le froid arctique ne nous glace pas le sang (les -35˚C sont fréquents !), on découvre que les Territoires du Nord-Ouest sont aussi actifs en hiver qu’en été. Mieux : certaines régions se retrouvent tout à coup accessibles ! Autrement dit, en hiver, le territoire s’agrandit.Ce sont les lacs, les rivières et même la toundra qui changent la donne. Une fois gelés, en hiver, ils deviennent de véritables voies d’accès. Motoneiges, véhicules traditionnels et tout-terrain et traîneaux à chiens les empruntent. On les appelle « routes » ou « ponts de glace ». Et pour cause... Composées d’une épaisseur de glace qui peut varier de quelques dizaines de centimètres à un mètre, elles sont aménagées à travers la toundra, les cours et les points d’eau.Durant des semaines, au plus froid de l’hiver, elles permettent de rejoindre les communautés éloignées, non reliées par une route. Les gens du nord empruntent ces routes de glace pour visiter familles et amis et certains pourvoyeurs les font découvrir aux visiteurs.Louer un véhicule et organiser sa propre balade est aussi possible. Mais attention : le mot expédition serait ici plus approprié ! Avant de voyager sur les routes de glace, il faut s’assurer d’être habillé chaudement et d’avoir des équipements de secours en cas d’urgence – eau et nourriture comprises. On consulte le site du ministère des Transports des Territoires du Nord-Ouest pour connaître les conditions avant le départ.Notes de voyagemon hôtel préféré : le Bay Floating B&B, www.ykbayfloatingbnb.common pique-nique préféré : sur les rochers de Fort Smith, près du Parc Wood Buffalo, en compagnie de dizaines de pélicansles visites historiques à ne pas manquer : les mines et villages miniers fantômes (dont celui de la Giant Mine de Yellowknife, ancienne mine d’or)pour une escale 100 % nature : la Réserve du Parc national Nahanni. Au menu : canyons profonds, cascades géantes, grottes karstiques.

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