Perte de poids lente ou rapide: laquelle est la plus sûre en cas d’arthrose?

Les personnes obèses ou en surpoids souffrant d'arthrose de la hanche ou du genou pourraient avoir intérêt à perdre du poids à un rythme lent ou modéré lorsqu'elles prennent des médicaments contre l'obésité. En effet, une perte de poids rapide semble être associée à une légère augmentation du risque de mortalité toutes causes confondues.D'une manière générale, on sait que l'arthrose symptomatique est associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues, mais la perte de poids peut réduire la douleur et l’incapacité. Plusieurs lignes directrices recommandent d’ailleurs la perte de poids comme traitement clé de l'arthrose de la hanche et du genou.Mais si certaines études montrent un lien entre la perte de poids et la réduction de la mortalité, les données relatives aux effets de la rapidité de la perte de poids sont rares, explique Jie Wei, professeur d'orthopédie à l'Université centrale du Sud, dans le Hunan, en Chine. Le Dr Wei est coauteur d'une étude parue dans Arthritis & Rheumatology sur le taux de perte de poids et la mortalité toutes causes confondues.Le surpoids est un facteur de risque pour le développement de l'arthrose. En ce qui concerne la perte de poids, certaines études suggèrent qu'il existe une relation dose-réponse entre l'importance de la perte de poids et l'amélioration de la douleur ainsi que la réduction de l’incapacité. En bref, plus la perte de poids est importante, plus les symptômes s'améliorent. Mais existe-t-il des différences entre une perte de poids rapide et une perte de poids lente?À lire aussi: Contre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliéeLes chercheurs ont mené une étude de cohorte basée sur la population afin de déterminer les relations possibles entre le taux de perte de poids chez les patients souffrant d'arthrose et utilisant des médicaments contre l’obésité et la mortalité toutes causes confondues sur une année. Ils ont pris en compte divers résultats secondaires tels que l'hypertension, le diabète de type 2 (DT2), les maladies cardiovasculaires, etc.L'approche utilisée dans l'étude est une méthode qui utilise des données d'observation pour imiter un essai ciblé, selon le Dr Wei.Les données des années 2000 à 2022 ont été obtenues à partir d'une base de données électronique sur la santé au Royaume-Uni et comprenaient une série de détails, notamment des données sociodémographiques, des caractéristiques anthropométriques, des facteurs liés au mode de vie et des détails concernant les visites chez les médecins généralistes, les ordonnances, les références à des spécialistes, les résultats des tests de laboratoire, etc. Les personnes atteintes d'un cancer ou ayant subi une chirurgie bariatrique ont été exclues.Les analyses ont porté sur des patients âgés de 40 à 90 ans souffrant d'arthrose du genou ou de la hanche. Le principal résultat recherché était la mortalité toutes causes confondues cinq ans après que les patients ont commencé à prendre des médicaments contre l'obésité. Au total, 6525 patients souffrant d'arthrose de la hanche ou du genou ont été inclus. Leur IMC moyen était de 38,1 et leur poids moyen de 104,5 kg.En ce qui concerne les médicaments amaigrissants utilisés à l'époque, 5916 personnes avaient commencé à prendre de l'orlistat, 488 de la sibutramine et 120 du rimonabant. La sibutramine et le rimonabant ont été utilisés dans les premières années de la cohorte de l'étude avant d'être retirés du marché.À lire aussi: Un humain sur dix touché par l’arthrose en 2050Au sein de chacun de ces groupes de médicaments, certains patients présentaient des taux de perte de poids différents. Ils ont été répartis dans l'un des trois groupes suivants: gain de poids ou groupe stable, perte de poids lente à modérée ou perte de poids rapide.Dans le groupe orlistat, le nombre de personnes dont la perte de poids était stable, lente à modérée ou rapide était respectivement de 2791, 2510 et 615. Ces taux étaient de 189, 235 et 64 pour les utilisateurs de sibutramine et de 45, 66 et 9 pour le groupe rimonabant, respectivement, a précisé le Dr Wei.Les résultats ont montré que les taux de mortalité toutes causes confondues à cinq ans étaient de 5,3% pour le groupe ayant pris du poids ou dont le poids était stable, de 4,0% pour ceux ayant subi une perte de poids lente à modérée et de 5,4% pour ceux ayant perdu du poids rapidement.Les effets protecteurs dose-réponse de la perte de poids ont également été observés en ce qui concerne l'hypertension, le DT2 et la thromboembolie veineuse. Toutefois, le risque de MCV était légèrement plus élevé, bien que non statistiquement significatif, chez les patients ayant perdu du poids rapidement que chez ceux ayant pris du poids ou dont le poids était stable.L'article n'aborde pas la question de l'impact des médicaments spécifiques utilisés sur les risques étudiés.«Le nombre de patients ayant utilisé la sibutramine et le rimonabant pour perdre du poids est faible. Par conséquent, nous ne disposons pas d'une puissance suffisante pour examiner la relation entre le taux de perte de poids dû à la sibutramine et au rimonabant et la mortalité toutes causes confondues», a affirmé le Dr Wei au Medical Post, une publication sœur de ProfessionSanté.ca.Toutefois, les chercheurs ont examiné les données relatives aux patients ayant utilisé l'orlistat, car il s'agit de la plupart des médicaments contre l’obésité utilisés. D’après le Dr Wei, «les résultats n'ont pas changé de manière significative» en ce qui concerne la relation entre les taux de perte de poids et les résultats recherchés.À lire aussi: Quiz - Que savez-vous de l'arthrose et de sa prise en charge?Mais il est possible que les médicaments aient eu un impact sur certains patients.«C'est possible, car tout médicament a un effet thérapeutique et un effet secondaire potentiel. Cependant, nous pensons que chez les personnes souffrant d'arthrose de la hanche et du genou, de surpoids et d'obésité, l'effet bénéfique des médicaments tels que l'orlistat, comparé à leurs effets secondaires, sera plus important», a déclaré le Dr Wei. Les médicaments inclus dans cette étude rétrospective ont des effets secondaires notables. En fait, deux d'entre eux ont été retirés du marché dans de nombreux pays au cours de la période couverte par l'étude.Comme le montre le site Drugs.com, la sibutramine a été retirée des marchés américain et britannique en 2010. Elle a été retirée après que les résultats d'une vaste étude ont montré que les patients en surpoids à haut risque, souffrant de MCV avec ou sans DT2 et traités à la sibutramine, présentaient un risque accru de 16% d'événements cardiovasculaires indésirables par rapport au placebo.En ce qui concerne le rimonabant, il n'a jamais été commercialisé aux États-Unis; en Europe, il a été approuvé puis retiré du marché en 2008. Il s'agit d'un inhibiteur du récepteur cannabinoïde-1 qui devait être utilisé dans le traitement de l'obésité, du sevrage tabagique et d'autres pathologies. Il s'est avéré qu'il avait des effets secondaires psychologiques dangereux, tels que le suicide et la dépression.L'orlistat aurait un meilleur profil de sécurité et est disponible.

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