Perte de poids et exercices: à quel point sont-ils efficaces pour contrôler la glycémie chez les aînés?

Une étude récente parue dans Diabetes Care montre qu’une intervention sur le mode de vie améliore le contrôle de la glycémie et les résultats liés à l’âge chez les personnes âgées atteintes de diabète avec comorbidités. Les auteurs de l’étude1 soulignent que les personnes âgées ont la prévalence du diabète la plus élevée dans la population américaine. Ceci résulte de l’adiposité et de l’inactivité physique avec le vieillissement2. Bien que l’intervention sur le mode de vie soit recommandée comme traitement de première intention du diabète à tous les âges, on sait peu de choses sur l’efficacité de cette approche chez les personnes âgées diabétiques. Pour combler cette lacune, les chercheurs ont mené un essai contrôlé et randomisé, l’étude LISD (Lifestyle Intervention for Seniors with Diabetes) réalisée au Baylor College of Medicine et au Michael E. DeBakey VA Medical Center, d’avril 2015 à décembre 2020. Méthodologie en bref Un total de 100 adultes âgés de 65 à 85 ans atteints de diabète de type 2, a été réparti de manière aléatoire dans chacun des deux groupes suivants: 1) intervention intensive sur le mode de vie (IIMV) ou 2) mode de vie sain (MVS), pour une durée d’un an. L’IIMV consistait en un programme de gestion du poids et un entraînement physique trois fois/semaine. Les séances de 90 minutes comprenaient: 15 minutes d’exercices d’échauffement et de flexibilité, suivies de 30 minutes d’exercices aérobiques, de 30 minutes d’exercices de résistance et de 15 minutes d’exercices d’équilibre. Le MVS a consisté en des sessions éducatives de groupe sur un régime alimentaire sain lors de visites mensuelles. Les participants de ce groupe ne devaient pas suivre un programme externe de perte de poids ou d’exercices physiques. Le critère d’évaluation principal était la modification du taux d’HbA1c. Les mesures secondaires portaient sur la glucorégulation, la composition corporelle, la fonction physique et la qualité de vie. Principaux résultats Sur les 100 patients à l’étude, 84 l’ont mené à terme. Environ 40% des patients étaient de race noire. Les participants prenaient différents types de médicaments contre le diabète et près de la moitié étaient sous insulinothérapie. Le taux moyen (± écart-type) d’HbA1c s’est davantage amélioré dans le groupe IIMV que dans le groupe MVS (0,8 ± 0,1% vs 0,1 ± 0,1%), en association avec une amélioration de la sensibilité à l’insuline (1,2 ± 0,2 vs 0,4 ± 0,2) et une augmentation de l’indice global de sensibilité au glucose (26,0 ± 8,9 vs 13,0 ± 8,4 x 109 min-1; p < 0,001 à 0,04 entre les groupes). Le poids corporel et la graisse viscérale ont diminué davantage dans le groupe IIMV que dans le groupe MVS (-8,4 ± 0,6 vs -0,3 ± 0,6 kg et -261 ± 29 vs -30 ± 27 cm3 ; p < 0,001 pour chaque comparaison). Le score du test de performance physique a augmenté davantage dans le groupe IIMV que dans le groupe MVS (2,9 ± 0,6 vs -0,1 ± 0,4 ; p < 0,001) tout comme le pic de VO2 (2,2 ± 0,3 vs -1,2 ±0,2 mL/kg/min. ; p < 0,001). La force, la démarche et le score du résumé de la composante physique du 36-Item Short Form Survey se sont également améliorés davantage dans le groupe IIMV (tous les p < 0,004). La dose totale d’insuline a diminué de 19,8 ± 4,4 unités/j dans le groupe IIMV. Enfin, des épisodes d’hypoglycémie légère (effet indésirable) ont été notés plus souvent dans le groupe IIMV. Éléments de discussion Ces résultats suggèrent qu’il n’est peut-être pas trop tard, dans cette population d’adultes âgés atteints de diabète (âge moyen de 72 ans), pour commencer une intervention sur le mode de vie susceptible de compléter ou réduire le besoin de thérapie médicale. Ce type d’intervention pourrait directement contrer l’adiposité et l’inactivité physique qui sont principalement responsables de l’augmentation de la résistance à l’insuline liée à l’âge, en association à une diminution de la fonction des cellules β du pancréas3. Le vieillissement et l’obésité sont également associés à une augmentation de la production de glucagon par les cellules α du pancréas, ce qui peut contribuer à l’hyperglycémie en augmentant la production hépatique de glucose4. En conclusion, une stratégie d’intervention sur le mode de vie s’avère très efficace pour améliorer la santé métabolique et fonctionnelle des personnes âgées atteintes de diabète.

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