Pédiculose du cuir chevelu: options de traitement et résistance à la perméthrine

La rentrée des classes est la période de l’année la plus propice à la présence de la pédiculose du cuir chevelu à l’école ou en garderie.Nous avons donc demandé au Dr Julio C. Soto*, responsable du groupe de travail qui a rédigé les plus récentes Lignes directrices pour le contrôle de la pédiculose du cuir chevelu dans les écoles et les services de garde éducatifs à l’enfance (MSSS, juillet 2012), de rappeler les six messages clés que les professionnels de la santé concernés (médecins, pharmaciens, infirmières) devraient avoir en tête pour s’assurer de traiter efficacement cette infestation.Dans les deux premiers points abordés précédemment, il était question de la période de poussée endémique et du diagnostic. Voici aujourd'hui les messages clés concernant les options de pédiculicides et la résistance à la perméthrine.3. Plusieurs options de traitementEn ce qui concerne le choix de traitement, le Dr Julio Soto indique que les professionnels de la santé peuvent prescrire ou recommander l’un des produits homologués au Canada qui sont énumérés dans le tableau ci-dessous.Composés chimiques ou semi-synthétiques Nombre d’applications requises (jours du traitement)Perméthrine (les après-shampoings Kwellada-P 1 % et Nix 1 %) 2 (jours 0 et 9)Pyréthrines et butoxyde de pipéronyle (les shampoings R & C et Pronto) 2 (jours 0 et 9)Substances naturelles et extraits biologiquesDiméticone 100 cSt 50 % p/p (NYDA, vaporisateur)2 (jours 0 et 9)Huiles d’anis étoilé et de noix de coco fractionnée, huile essentielle de Cananga odorata (ylang-ylang) et alcool isopropylique (Zap, vaporisateur) 3 (jours 0, 7 et 14)Myristate d’isopropyle et ST-cyclométhicone (Resultz, solution)3 (jours 0, 7 et 14)Source: Lignes directrices pour le contrôle de la pédiculose du cuir chevelu dans les écoles et les services de garde éducatifs à l’enfance, MSSS, juillet 2012.Il n’y a plus de produits à privilégier. «Les professionnels de la santé n’ont pas à imposer aux parents un traitement particulier», souligne-t-il.Par exemple, un professionnel de la santé doit respecter le choix d’un parent qui désirerait utiliser chez son enfant un produit de la catégorie des substances naturelles et des extraits biologiques au lieu d’un produit de la catégorie des composés chimiques ou semi-synthétiques.Il précise que trois composés nécessitent deux applications (jours 0 et 9 du traitement), parce qu’ils sont pédiculicides et ovicides, et les deux autres composés requièrent, quant à eux, trois applications (jours 0, 7 et 14 du traitement), parce qu'ils sont pédiculicides, mais peu ou pas ovicides (voir tableau ci-dessus).«Il faut toujours associer le traitement pharmacologique avec des examens avec le peigne fin», précise-t-il.L’annexe II a des Lignes directrices présente, à l’intention des professionnels de la santé, les schémas des traitements recommandés (traitement pharmacologique et examen visuel à l’aide d’un peigne fin). 4. Résistance génétique à la perméthrine au Québec«L’Amérique du Nord, incluant le Québec, n’est pas exclue du développement de la résistance génétique des poux à la perméthrine (les après-shampoings Kwellada-P 1 % et Nix 1 %), indique-t-il. Nous sommes toutefois un peu plus en retard par rapport à l’Europe (les premiers cas en France), l’Afrique, et l’Amérique du Sud.»Il base son affirmation sur les résultats d’une étude américaine1 publiée en 2014 portant sur l’évolution de la résistance génétique des poux à la perméthrine en Amérique du Nord, dont l’échantillon contenait des poux en provenance des États-Unis et du Canada (trois ont été prélevés au Québec).En collaboration avec d’autres chercheurs du Centre de recherche du CHUM et du Laboratoire de santé publique du Québec, il a réalisé à titre de chercheur principal une étude qui sera publiée prochainement où il a observé la présence des trois mutations génétiques de résistance des poux à la perméthrine (de type «kdr» pour knockdown resistance) chez 100 % des 193 poux recueillis chez des élèves de cinq écoles primaires de la région de Montréal.«Souvent, la perméthrine a été utilisée assez largement depuis son introduction dans les années 60 et 70 et, parfois, on l’a aussi surutilisée en appliquant des quantités excessives», mentionne-t-il pour expliquer l’apparition de cette résistance mondiale.Les professionnels de la santé ont en effet beaucoup prescrit ou conseillé la perméthrine, étant donné qu’il s’agissait d’un premier choix dans la plupart des lignes directrices. Dans la prochaine et dernière partie, il sera question de la lutte contre la discrimination et l’importance de la collaboration interprofessionnelle. Référence de l’étude citée :Yoon KS, Previte DJ, Hodgdon HE et al. Knockdown Resistance Allele Frequencies in North American Head Louse (Anoplura : Pediculidae) Populations. J Med Entomol. 2014 March; 51(2) : 450-7.*Le Dr Soto est médecin spécialiste en santé publique et médecine communautaire à la Direction des risques biologiques et de la santé du travail de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), où il effectue notamment des « initiatives de transfert des connaissances », entre autres une formation sur le contrôle de la pédiculose du cuir chevelu. Il détient également un doctorat (Ph. D.) en santé communautaire (épidémiologie).

Pédiculose du cuir chevelu: options de traitement et résistance à la perméthrine

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