Patiente koweïtienne opérée au CUSM pour 200 000 $: «inacceptable», déclare Réjean Hébert

Le ministre de la Santé et des Services Sociaux juge tout à fait «inacceptable» qu'un citoyen étranger contourne les listes d'attente et ait droit à des soins de santé en échange de dizaines de milliers de dollars.Réjean Hébert réagissait à un article publié dans La Presse vendredi 1er février. Le quotidien rapportait qu'en décembre 2011, l'Hôpital Royal Victoria (Centre universitaire de santé McGill -- CUSM) avait permis à une citoyenne du Koweït de passer outre les listes d'attente en chirurgie et d'être opérée en échange de 200 000 $.Le ministre a affirmé qu'il avait rappelé aux établissements hospitaliers que le Québec n'était pas une destination de tourisme médical et que la priorité devait être accordée à la population québécoise en matière de soins de santé.Il a également précisé, en marge du caucus péquiste qui se tient à l'Estérel, que le système de santé pouvait légalement profiter à des citoyens étrangers pour des raisons humanitaires, mais pas à des fins budgétaires.C'est précisément sur ce point que se défend le porte-parole du CUSM, Richard Fahey, qui lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, a répété que la patiente koweïtienne avait été admise en 2011 en respect du principe de compassion. Il a précisé qu'il aurait été trop risqué pour elle de subir la procédure cardiaque nécessaire dans son pays d'origine.M. Fahey avance aussi que ce type d'opérations est mené de manière plus ou moins régulière dans les centres hospitaliers du Québec et du Canada, toujours sur la base de la compassion.Une opération réalisée avec la permission du MSSSLe CUSM précise par ailleurs avoir obtenu la permission du gouvernement du Québec avant d'agir. Le bureau du ministre, à l'époque Yves Bolduc, a bien été avisé du dossier de la patiente, a indiqué M. Fahey.«Il y a des règles pour ça, et en l'occurrence, sur la base de la compassion et d'une procédure qui ne pouvait être exécutée de façon sécuritaire au Koweït, on a demandé la permission du ministre de la Santé, par l'entremise de son cabinet, et nous avons pu procéder», a affirmé M. Fahey.Réjean Hébert a remis en question le montant versé par le gouvernement du Koweït pour que sa ressortissante puisse subir une opération. Le montant de 200 000 $ facturé pour l'intervention subie et pour une hospitalisation d'une durée d'un mois semble peu élevé aux yeux du ministre.Le porte-parole du CUSM a détaillé les coûts associés au séjour de la patiente koweïtienne.Les frais du médecin représente un coût fixe de 45 000 $ pour les soins professionnels. Les coûts hospitaliers pour la chambre, le lit, les repas et le personnel s'élevaient à 50 000 $, mais ont été facturés 150 000 $.«Au Québec, si un patient étranger est traité dans une institution, nous facturons trois fois le taux facturé à un Québécois», a expliqué M. Fahey.Réjean Hébert estime que des priorités doivent être établies lorsque des salles d'opération sont disponibles et qu'en aucun cas, des préoccupations budgétaires ne devraient s'imposer.«Si on a des disponibilités de salles d'opérations et de salles de soins intensifs pour ce genre d'initiative, on devrait d'abord les mettre à la dispostion des citoyens du Québec qui attendent sur des listes d'attentes. On peut [opérer des patients vivant à l'étranger] pour des raisons humanitaires, mais si on le fait pour des raisons budgétaires, on a un problème important!», a déclaré le ministre.Le CUSM estime qu'aucun citoyen du Québec n'a été lésé dans cette situation. Le lit était fermé, de même que la salle d'opération, de sorte qu'aucun patient québécois n'aurait pu être traité au même endroit que cette patiente.«Il est courant dans les hôpitaux du Québec que des lits soient fermés et ce lit était fermé parce que non financé. La salle d'opération aussi était fermée, parce que non financée. Aucun patient québécois n'a vu ses procédures ou son traitement retardé, d'une façon ou d'une autre», a ajouté le porte-parole du CUSM.Aucune sanction ne sera imposée à l'Hôpital Royal Victoria.«Je pense que l'établissement concerné a déjà des problèmes budgétaires importants, qu'il a déjà un devoir important de rétablir l'équilibre budgétaire, de rétablir les processus de gestion. Je pense qu'il doit se concentrer sur ces opérations», a déclaré Réjean Hébert.Arthur PorterSelon La Presse, le lien entre l'établissement montréalais et le Koweït serait un «legs» de l'ancien directeur général du CUSM, Arthur Porter.Ce dernier a contribué à la création de Montreal Medical International (MMI), une entreprise privée qui vend à l'étranger l'expertise et les conseils des médecins du CUSM.«MMI paye le CUSM pour sa coopération et pour pouvoir utiliser son nom», explique le quotidien, qui précise que les sommes versées par l'entreprise sont confidentielles.MMI verse ensuite tous ses profits à la Fondation soins santé optimal, qui subventionne des projets au sein du réseau de santé public. «Comme il s'agit d'un organisme privé, les sommes distribuées sont elles aussi gardées secrètes», signale La Presse.C'est à la suite de sa rencontre avec un des médecins du CUSM, en mission au Koweït pour MMI, que la patiente est venue se faire opérer à Montréal.

Patiente koweïtienne opérée au CUSM pour 200 000 $: «inacceptable», déclare Réjean Hébert

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes