Ordonnances collectives: Certaines conditions encadreront l’ajustement des médicaments par les infirmières

L’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des infirmières et infirmiers, le Collège des médecins et le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) se sont entendus sur la procédure que devra suivre une infirmière qui ajustera un médicament dans le cadre d’une ordonnance collective pour des soins de première ligne ou un patient traité en ambulatoire, par exemple dans un groupe de médecine familiale (GMF).Il était de notoriété publique que l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) n’était plus sur la même longueur d’onde que l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ) et le Collège des médecins du Québec (CMQ) sur la question de l’ajustement des médicaments par les infirmières.L’OPQ ne voulait pas que des infirmières ajustent des médicaments sans que les pharmaciens aient en main les documents suivants : l’ordonnance collective (incluant les protocoles le cas échéant) et un formulaire de liaison comprenant notamment la recommandation de l’infirmière et la donnée biologique ou physiologique sur laquelle cette dernière a basé son ajustement. L’OPQ désirait aussi qu’on limite le nombre d’ordonnances collectives en circulation pour une même condition clinique.Des discussions entre les trois ordres professionnels sous l’égide du MSSS ont permis de dénouer cette impasse. Voici le contenu de l’entente portant sur l’Ajustement des médicaments par les infirmières dans le cadre d’une ordonnance collective en première ligne ou par la clientèle ambulatoire. Le MSSS considérant que cette entente n’était pas de nature publique, c’est par la voie d’une demande via la loi sur l’accès à l’information que L’actualité pharmaceutique a pu en obtenir un exemplaire.Implantation en deux phasesLes modalités de l’entente s’appliquent normalement depuis le 1er novembre. Cette entente concerne uniquement les infirmières en soins de première ligne ou pratiquant auprès de patients traités en milieu ambulatoire.L’implantation se fera en deux phases. Dans la première phase, l’ajustement de médicaments par une infirmière visera les quatre conditions cliniques suivantes : le diabète; l’hypercholestérolémie; l’hypertension; l’anticoagulothérapie.Les trois ordres professionnels et le MSSS ont convenu « de maintenir les initiatives locales déjà en place et les modèles qui fonctionnent bien et qui sont reconnus par les partenaires du milieu (médecins, pharmaciens et infirmières), incluant celles portant sur d’autres conditions cliniques ».Formulaire de liaisonL’entente ne précise pas si le pharmacien doit être visé par l’ordonnance collective.Les infirmières auront l’obligation de transmettre leur ajustement aux pharmaciens en remplissant un formulaire de liaison qui devra comprendre les éléments suivants : les coordonnées complètes du patient; la posologie de départ; la donnée biologique ou physiologique pertinente à l’ajustement du médicament (p. ex, la glycémie, la tension artérielle); la posologie ajustée; le nom de l’infirmière et son numéro de permis d’exercice; la référence à l’ordonnance collective; la durée de traitement; le médecin signataire ou répondant de l’ordonnance collective; un numéro de téléphone de référence, ainsi que l’horaire de disponibilité.Les ordonnances collectives à la portée des pharmaciensLes pharmaciens devront pouvoir consulter l’ordonnance collective complète, ce qui inclut les protocoles, s’il y a lieu. Le médecin ou l’infirmière s’assurera que le pharmacien ait accès à l’ordonnance collective en la rendant disponible par télécopieur, par courriel ou encore en la joignant au formulaire de liaison, indique l’entente.Pour rendre disponibles les ordonnances collectives, le MSSS s’était engagé à proposer « une solution informatique » au plus tard le 30 septembre. À la fin octobre, les travaux étaient toujours en cours. « La transmission papier actuelle sera toujours possible tant que l’autre application informatique ne sera pas disponible », indique le MSSS.Un comité d’experts constitué de médecins spécialistes, de médecins de famille, de pharmaciens et d’infirmières élaborera des modèles d’ordonnances collectives basés sur des données probantes. « Sans restreindre l’autonomie professionnelle, il est apparu dans nos échanges qu’il y aurait une valeur ajoutée à limiter le nombre d’ordonnances collectives par condition clinique », estiment les trois ordres professionnels et le MSSS. En date du 22 octobre, les modèles n’étaient pas encore disponibles. Une rencontre du comité d’experts était prévue en novembre.Un autre comité pour gérer une implantation harmonieuseUn comité assurera le suivi de l’implantation des ordonnances collectives autorisant des infirmières à ajuster des médicaments. Ce comité de pilotage de mise en œuvre sera composé de trois représentants du MSSS, d’un membre de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, d’un membre de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, de deux pharmaciens communautaires (Normand Bonin et Jean-François Morin) et d’une directrice des soins infirmiers désignée par l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS). Ce comité sera présidé par un sous-ministre adjoint du MSSS.Si tout se déroule bien durant la première phase d’implantation, d’autres conditions cliniques, « selon les besoins des clientèles », pourraient être ajoutées dans une seconde phase d’implantation, dans six à neuf mois.La conclusion de l’entente indique que les trois ordres professionnels se sont engagés à ne pas s’opposer, mais bien à collaborer à la mise en place des ordonnances collectives permettant aux infirmières d’ajuster des médicaments et aux pharmaciens d’ajuster la thérapie médicamenteuse, comme le prévoit la loi 90.

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