Optimisation fiscale 101 pour pharmaciens remplaçants

Dossier | Diagnostiquer ses finances pour soigner son avenir | Profession Santé, mai 2025 | Supplément webDe plus en plus de pharmaciens choisissent de faire du remplacement. Certains en sus de leur activité de salarié, quelques heures par semaine, pour mettre du beurre dans les épinards. D’autres à temps plein, afin de maximiser leurs revenus en fonction du rythme de travail qui leur convient ou du niveau de vie qu’ils veulent atteindre. Dans tous les cas, ils sont encouragés par les taux horaires offerts aux remplaçants, qui tournent en moyenne autour des 100 $, mais peuvent facilement atteindre les 150 $ et plus en région ou en période de tension, particulièrement l’été ou durant le temps des Fêtes.Un pharmacien salarié qui effectue deux à trois jours de remplacement par mois peut ainsi facilement majorer ses revenus de 30 000 $ par an. En travaillant 45 semaines au cours de l’année et 30 heures par semaine, un professionnel qui exerce la pharmacie exclusivement comme remplaçant peut quant à lui percevoir quelque 140 000 $ par an. Conséquence : le premier a de grandes chances de sauter dans la tranche d’imposition supérieure et voir son taux d’imposition marginal passer de 36,12 % à 41,12 %*. Le second devra pour sa part payer près de 51 000 $ en impôts et autres contributions à la Régie des rentes du Québec (RRQ) et au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) – hors déduction des dépenses liées au travail autonome.Pour l’un et l’autre, la note peut donc être salée à la fin de l’année. Des stratégies existent toutefois pour réduire leur ardoise fiscale. Que les remplacements soient payés en salaires ou sur factures avec un statut de travailleur autonome, « la première chose à faire pour optimiser l’impôt, ça reste de maximiser les cotisations dans son REER », recommande Maurice Salameh, le conseiller en gestion de patrimoine à la Financière des professionnels convenant que, « certes, c’est basique, mais c’est ce qui fonctionne le mieux ». La cotisation maximale au REER représente 18 % du revenu de l’année précédente, dans la limite d’un plafond fixé à 31 560 $ pour 2024.En retour, il est possible de déduire de son revenu imposable une fraction du montant de ses cotisations au REER, correspondant à son taux marginal d’imposition. « Si on est discipliné et qu’on cotise au maximum, on peut vraiment gommer une partie de ses impôts », confirme Chanelle Montpetit, planificatrice financière au sein du cabinet Planica. S’agissant de notre pharmacien qui effectue 30 heures de remplacement par semaine, il peut investir dans son REER jusqu’à 25 000 $ par an. Ce faisant, il ne paiera plus qu’environ 39 000 $ en impôts, au lieu de 51 000 $.Lire aussi: Pompier ou architecte: quel pharmacien êtes-vous?Avantage non négligeable, il est possible de reporter à une année ultérieure la déduction fiscale acquise grâce à ses cotisations, sans limite dans le temps, indique Ravy Pung, planificatrice financière au Centre d’expertise-conseil de la Banque Nationale. « Si vos revenus sont fluctuants d’une année sur l’autre, il faut cotiser au maximum à son REER dès qu’on le peut et activer sa déduction l’année où les revenus sont plus élevés pour profiter d’une déduction encore plus grande », explique-t-elle sommairement.Pour ceux qui ne possèdent pas encore leur logement, le CELIAPP (Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété) constitue une « option vraiment intéressante, à sérieusement considérer », signale Maurice Salameh. Ce nouveau régime enregistré, créé en 2023, permet d’accumuler des sommes pour la mise de fonds d’un prêt hypothécaire, en combinant les avantages du CELI et du REER. « Les rendements sont non imposables et les sommes cotisées [8 000 $ maximum par année, sous un plafond de 40 000 $ à vie] sont déductibles des revenus », précise le conseiller.En maximisant à la fois ses cotisations à son REER et à son CELIAPP, notre pharmacien remplaçant, qui travaille 30 heures par semaine, ne devra alors plus que 36 000 $ en impôts.Lire aussi: Le principe de Pareto appliqué à la pharmacie communautaireAutre avantage fiscal, accessible cette fois-ci aux seuls travailleurs autonomes, ces derniers « peuvent déduire de leur revenu imposable les dépenses qu’ils engagent pour exercer leur activité professionnelle », mentionne Chanelle Montpetit. Frais de transport, repas, hébergement ou encore dépenses de formation professionnelle, « il faut bien garder toutes ses factures et ne pas hésiter à demander conseil à un comptable, car il y a des barèmes et des montants maximums à respecter », observe la planificatrice, en ajoutant que ces frais de comptabilité sont eux aussi déductibles.S’incorporer ou pas ?Ces dernières années, des pharmaciens remplaçants à temps plein ont opté pour l’incorporation afin de bénéficier d’un taux d’imposition inférieur à ceux des particuliers. Une solution qui n’est pas nécessairement appropriée et doit être étudiée de près. « Tout dépend de ses revenus et de son train de vie. L’incorporation n’est intéressante que si on a des surplus d’argent à laisser fructifier au sein de sa compagnie », spécifie Ravy Pung en signalant qu’il y a des frais comptables et juridiques à ne pas négliger non plus. « L’incorporation est une option valide à long terme. Or, en général, les pharmaciens font du remplacement à temps plein en début de carrière, pendant trois à cinq ans », constate pour sa part Chanelle Montpetit. Quant à Maurice Salameh, il est également réservé. « Ce n’est vraiment pas pour tout le monde, et le risque est que ce soit considéré comme du salariat déguisé », prévient-il. L’Agence du revenu du Canada est scrupuleuse à ce sujet et peut estimer que la corporation est en fait exploitée comme une entreprise de prestation de services personnels (EPSP), dont « les taux d’imposition applicables sont plus élevés que ceux des travailleurs autonomes ». * Les chiffres présentés dans cet article sont des estimations fiables, mais qui ne sont données qu’à titre indicatif.

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