«On ne peut pas tout mettre sur le dos du médecin» - Dr Louis Godin

Le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, assistait au Premier Rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et des services sociaux.Profession Santé lui a demandé ce qu’il retenait des débats. Voici ce qu’il avait à dire à ce sujet:«Il est clair qu’on cherche un grand coupable aux difficultés du système de santé. Prenez les médicaments. Va-t-on arrêter de prescrire les nouvelles molécules pour traiter un ulcère d’estomac, par exemple, médicament qui, dans ce cas, va peut-être empêcher une chirurgie, une hospitalisation? Oui, il doit y avoir un débat pour privilégier, à équivalence clinique, les médicaments qui coûtent le moins cher, mais ne tombons pas non plus dans la voie inverse. Les médicaments, ça donne aussi des résultats.«On a l’impression aussi que les débats tournent toujours autour des mêmes choses. On remet encore en question, par exemple, les médecins de famille, en ce qui concerne leur productivité, l’accessibilité aux services qu’ils rendent. Un médecin de famille au Québec voit 1081 patients (au Canada, autour de 1500) seulement, a-t-on mentionné lors de cette rencontre, par rapport à ce qui se fait en Grande-Bretagne. Mais on ne tient pas compte du temps que les médecins de famille travaillent à l’hôpital. Un médecin québécois travaille 25% de plus en deuxième ligne qu’un médecin ailleurs au Canada. On ne peut tout mettre sur le dos du médecin!«Cela dit, partout dans le système, on doit être plus efficient. Surtout, là où il ne faut pas couper, c’est dans les soins directs aux patients, c’est-à-dire en première ligne. On est rendu à l’étape d’orienter les efforts vers la première ligne. Et les médecins de famille sont l’un des principaux acteurs de cette première ligne.»ProfessionSanté a ensuite demandé au Dr Godin si, en matière d’organisation des soins, le fardeau de la preuve n’incombait pas désormais aussi aux médecins. Voici sa réponse :«Qu’on nous donne les moyens de faire la preuve! Prenez les départements régionaux de médecine générale, les DRMG. Et bien, d’après la loi, ils ont un rôle à jouer quant à la réorganisation de la première ligne. Or, on les a limités, en gros, à gérer les AMP et les PREM…«Par ailleurs, on a la perception que les médecins ne veulent pas travailler avec les autres. Mais quand nous leur demandons s’ils veulent d’autres professionnels de la santé à leurs côtés, ils nous répondent que oui. Souvent même, ils disent accorder à cette présence autant d’importance qu’au fait d’être bien rémunérés. C’est évident que le temps du travail en solo est terminé.»Premier Rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et des services sociauxTempête budgétaire annoncée: le réseau de la santé est désormais sur le qui-vive (1/3)En se promenant dans la salle… (3/3)

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