Nouvelles lignes directrices canadiennes sur la prise en charge de la dermatite atopique

La dermatite atopique (DA), ou eczéma atopique, est une maladie inflammatoire chronique de la peau à médiation immunitaire. Elle se caractérise par un prurit intense, un érythème, un œdème, une excoriation, une lichénification, un suintement/une croûte et/ou de la sécheresse cutanée. La DA débute généralement dans la petite enfance ou l’enfance et peut se poursuivre ou apparaître pour la première fois à l’âge adulte. Elle touche environ 15% des enfants et 4% des adultes au Canada, la majorité des patients présentant une sévérité légère à modérée. La prise en charge optimale de la dermatite atopique comprend l’évaluation du fardeau de la maladie, l’éducation du patient, des mesures non pharmacologiques pour atténuer les poussées, un traitement topique et parfois un traitement systémique. Afin d’optimiser la gestion des traitements, un comité de dix dermatologues canadiens spécialisés dans la prise en charge de la DA a élaboré de nouvelles lignes directrices cliniques pour sa prise en charge à l’aide de traitements topiques. Ces recommandations décrivent les principes généralement acceptés, fournissent des recommandations consensuelles et proposent un algorithme de traitement.À lire aussi: Quelles options pour les adultes souffrant de dermatite atopique réfractaire aux traitements topiques?Principes communément admisLa gravité clinique de la maladie chez les patients atteints de DA peut être évaluée par la surface corporelle atteinte (ou BSA, pour body surface area), l’indice de surface et de gravité de l’eczéma (EASI, pour Eczema Area and Severity Index) et l’évaluation globale par l’investigateur (IGA, pour Investigator’s Global Assessment). Le point de vue du patient peut être évalué grâce à l’indice de qualité de vie en dermatologie (DLQI, pour Dermatology Life Quality Index), le score POEM (pour Patient‐Oriented Eczema Measure) et l’échelle d’évaluation des troubles du sommeil liés au prurit (ou échelle 5D-itch).Lors de l’évaluation des options de traitement de la dermatite atopique, il faut tenir compte des préférences du patient, de son âge, des zones sensibles, de l’étendue de la maladie, de sa chronicité, de sa gravité et des symptômes rapportés par le patient. Il est important d’impliquer le patient dans les décisions thérapeutiques.Le traitement d'entretien est un élément essentiel de la prise en charge des patients atteints d’eczéma.Les traitements topiques non corticostéroïdes ne sont généralement pas recommandés pour le traitement de la dermatite atopique chez les patientes enceintes ou qui allaitent.Déclarations de consensusFardeau de la maladie — Pour la pratique clinique de routine, la BSA, l’IGA et l’échelle d’évaluation des troubles du sommeil sont les mesures les plus pratiques de la gravité de la maladie chez les patients atteints de la DA.Bains d’eau de Javel et compresses humides — Les bains d’eau de Javel ont été utilisés comme traitement d’appoint de la DA, mais ne sont pas recommandés, car leurs bénéfices ne sont pas étayés par des preuves. Les compresses humides peuvent être utiles dans le cas d’une DA étendue ou récalcitrante, mais elles ne sont pas pratiques pour une utilisation de routine.Thérapies topiquesLes corticostéroïdes topiques devraient idéalement être limités à une utilisation à court terme. Si la réponse du patient est insuffisante après quatre semaines, il convient d’envisager d’autres options thérapeutiques.Les thérapies topiques non corticostéroïdes peuvent être utilisées en cas d’atteinte généralisée, conformément à l’indication approuvée.Les inhibiteurs topiques de la Janus kinase (JAKi; ruxolitinib) n’ont pas le même profil de risque que les corticostéroïdes topiques et peuvent être utilisés en continu pendant des périodes prolongées sur tous les sites, y compris les zones sensibles.Le traitement par corticostéroïdes topiques, par inhibiteurs topiques de la calcineurine (tacrolimus, pimécrolimus), par inhibiteurs topiques de la phosphodiestérase-4 (crisaborole, roflumilast) ou par JAKi topiques n’est pas conseillé chez les patients ayant une infection cutanée active, à moins qu’ils ne reçoivent un traitement antimicrobien approprié.L’utilisation d’un traitement topique hors indication dans la DA peut s’avérer nécessaire pour obtenir les résultats thérapeutiques souhaités. Par exemple, la pommade tacrolimus 0,1% peut être nécessaire pour contrôler la maladie chez les enfants de 2 à 15 ans.Les inhibiteurs topiques de JAKi peuvent être utilisés en même temps que les thérapies biologiques dans le traitement de la DA.Bien que des traitements autres que les thérapies topiques puissent être nécessaires dans les cas réfractaires, le seuil à partir duquel il faut envisager la photothérapie et les thérapies systémiques pourrait évoluer, car un spectre plus large de la maladie pourrait répondre aux nouveaux traitements topiques non corticostéroïdiens.Traitement d'entretienLe traitement d'entretien permet de prévenir les poussées de la maladie, de maintenir la qualité de vie du patient et de réduire les besoins en corticostéroïdes topiques. L’application bihebdomadaire d’un agent anti-inflammatoire topique réduira probablement l’incidence des poussées. À consulter: Vos patients ont-ils peur de leurs traitements?Les corticostéroïdes topiques administrés deux fois par jour doivent être limités à une utilisation intermittente à court terme en raison de problèmes de sécurité. Le tacrolimus (0,03% et 0,1% en pommade), appliqué une fois par jour deux fois par semaine, est indiqué pour le traitement d'entretien chez les patients présentant une fréquence élevée de poussées (par exemple, au moins cinq poussées par an). Le ruxolitinib (crème à 1,5%) peut être repris dès les premiers signes de récidive et arrêté trois jours après la disparition des signes/symptômes. Les patients présentant des récidives fréquentes malgré un traitement d’entretien peuvent être candidats à un traitement systémique.Algorithme de traitementLes lignes directrices consensuelles comprennent un algorithme pour le traitement topique de la DA chez les nourrissons (3 mois à 2 ans), les enfants (2 à < 12 ans), les adolescents (12 à < 16 ans) et chez les plus de 16 ans. L’algorithme résume les actions pédagogiques et les mesures générales, les considérations relatives au traitement, le traitement initial (en fonction de la gravité de la maladie), le traitement d'entretien et l’évaluation de la réponse après quatre à six semaines de traitement.Référence:Gooderham MJ, Hong HC, Lynde C, et coll. Canadian consensus guidelines for the management of atopic dermatitis with topical therapies. Dermatology and Therapy; publié en ligne en avril 2025 (consulté le 1er mai 2025).

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