Nouvelles directives: utiliser les médicaments et la chirurgie à un stade précoce pour traiter l'obésité chez l'enfant

Les enfants souffrant d'obésité doivent être évalués et traités de manière précoce et agressive, notamment par des médicaments pour les enfants dès l'âge de 12 ans et par la chirurgie dès l'âge de 13 ans, selon les nouvelles directives publiées lundi. La pratique de longue date de l'«attente vigilante», qui consiste à retarder le traitement pour voir si les enfants et les adolescents se débarrassent d'eux-mêmes de leur obésité, ne fait qu'aggraver le problème qui touche plus de 14,4 millions de jeunes aux États-Unis. «Attendre ne fonctionne pas», selon le Dr Ihuoma Eneli, co-auteur des premières orientations sur l'obésité infantile en 15 ans de l'Académie américaine de pédiatrie. «Ce que nous voyons, c'est une poursuite de la prise de poids et la probabilité qu'ils aient (l'obésité) à l'âge adulte.» Pour la première fois, les conseils du groupe fixent les âges auxquels les enfants et les adolescents devraient se voir proposer des traitements médicaux tels que des médicaments et des interventions chirurgicales - en plus d'un régime intensif, de l'exercice physique et d'autres interventions sur le comportement et le mode de vie, a précisé le Dr Eneli, directeur du Center for Healthy Weight and Nutrition au Nationwide Children's Hospital de Columbus, dans l'Ohio. En général, les médecins devraient proposer aux adolescents de 12 ans et plus souffrant d'obésité un accès à des médicaments appropriés et aux adolescents de 13 ans et plus souffrant d'obésité sévère, une orientation vers une chirurgie de perte de poids, bien que les situations puissent varier. Les lignes directrices visent à remettre en question l’idée erronée selon laquelle l'obésité est «un problème personnel, peut-être un manque de diligence de la part de la personne», a pour sa part commenté la Dre Sandra Hassink, directrice médicale de l'AAP Institute for Healthy Childhood Weight, et co-auteure des lignes directrices. «Ce n'est pas différent du fait qu’une personne souffrant d'asthme a accès à des pompes pour aider sa condition», a-t-elle poursuivi. Les jeunes dont l'indice de masse corporelle atteint ou dépasse le 95e percentile des enfants du même âge et du même sexe sont considérés comme obèses. Les enfants qui atteignent ou dépassent ce niveau de 120% sont considérés comme souffrant d'obésité sévère. L'IMC est une mesure de la taille corporelle basée sur un calcul de la taille et du poids. L'obésité touche près de 20% des enfants et des adolescents et environ 42% des adultes aux États-Unis, selon les Centers for Disease Control and Prevention. D’après Aaron Kelly, codirecteur du Center for Pediatric Obesity Medicine de l'Université du Minnesota, les orientations du groupe tiennent compte du fait que l'obésité est un problème biologique et qu'il s'agit d'une maladie chronique complexe. «L'obésité n'est pas un problème de mode de vie. Ce n'est pas une maladie liée au mode de vie. Elle émerge principalement de facteurs biologiques.» Ces directives sont publiées alors que de nouveaux traitements médicamenteux de l'obésité infantile ont vu le jour, notamment l'approbation à la fin du mois dernier du Wegovy, en injection hebdomadaire, pour les enfants âgés de 12 ans et plus. Différentes doses de ce médicament (sémaglutide) sont également utilisées sous différents noms pour traiter le diabète. Une étude récente publiée dans le New England Journal of Medicine a révélé que le Wegovy, fabriqué par Novo Nordisk, aide les adolescents à réduire leur IMC d'environ 16% en moyenne, ce qui est supérieur aux résultats obtenus chez les adultes. Quelques jours après l'autorisation du 23 décembre, la Dr Claudia Fox, pédiatre, a prescrit le médicament à l'une de ses patientes, une jeune fille de 12 ans. «Ce qu'il offre aux patients, c'est la possibilité d'avoir un indice de masse corporelle presque normal, a dit la pédiatre, qui est également spécialiste de la gestion du poids à l'Université du Minnesota. C'est comme un tout autre niveau d'amélioration.» Le médicament affecte la façon dont les voies entre le cerveau et l'intestin régulent l'énergie, a précisé le Dr Justin Ryder, chercheur sur l'obésité à l'hôpital pour enfants Lurie de Chicago. «Il agit sur la façon dont votre cerveau et votre estomac communiquent entre eux, et vous aide à vous sentir plus rassasié que vous ne le seriez.» Il n'en reste pas moins que des doses spécifiques de sémaglutide et d'autres médicaments contre l'obésité ont été difficiles à obtenir en raison de récentes pénuries dues à des problèmes de fabrication et à une forte demande, stimulée en partie par des célébrités se vantant d'avoir perdu du poids sur TikTok et d'autres plateformes de médias sociaux. À lire aussi: Pénurie de sémaglutide: la faute d’Elon Musk, de Kim K. et des influenceurs TikTok En outre, de nombreux assureurs refusent de payer le médicament, qui coûte environ 1300$US par mois. «J'ai envoyé l'ordonnance hier. Je ne parierais pas sur le fait que l'assurance le couvrira», a dit la Dre Fox. S’attaquer à la racine du problème Un expert en obésité pédiatrique a averti que si les enfants souffrant d'obésité doivent être traités de manière précoce et intensive, il craint que certains médecins ne se tournent trop rapidement vers les médicaments ou la chirurgie. «Ce n'est pas que je sois contre les médicaments, a nuancé le Dr Robert Lustig, spécialiste de longue date en endocrinologie pédiatrique à l'Université de Californie, à San Francisco. Je suis contre l'utilisation bon gré mal gré de ces médicaments sans s'attaquer à la cause du problème.» Selon le Dr Lustig, les enfants doivent être évalués individuellement pour comprendre tous les facteurs qui contribuent à l'obésité. Il attribue depuis longtemps la responsabilité de la montée de l'obésité à l'excès de sucre. Il préconise de se concentrer sur l'alimentation, en particulier sur les aliments ultra-transformés qui sont riches en sucre et pauvres en fibres. La Dre Stephanie Byrne, pédiatre au Cedars Sinai Medical Center de Los Angeles, aimerait que des recherches plus approfondies soient menées sur l'efficacité du médicament dans un groupe d'enfants plus diversifié et sur ses effets potentiels à long terme avant de commencer à le prescrire régulièrement. «Je voudrais qu'il soit utilisé sur une base un peu plus régulière. Et il faudrait que le patient vienne assez fréquemment pour être suivi.» En même temps, elle a salué le nouvel accent mis par le groupe sur un traitement rapide et intensif de l'obésité chez les enfants. «Je pense qu'il s'agit d'une prise de conscience du fait qu’un régime alimentaire et de l'exercice physique ne suffiront pas pour un certain nombre d'adolescents qui sont aux prises avec ce problème - peut-être la majorité.»

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