Nouvelle entente de cinq ans: soupir de soulagement pour les pharmaciens d’établissements

Environ 650 des quelque 1 600 pharmaciens d’établissements de santé, réunis en assemblée générale extraordinaire, dimanche après-midi (29 mars), à Drummondville, ont entériné dans une proportion de 98,9 % les nouvelles offres gouvernementales pour la période du 1er avril 2015 au 31 mars 2020.Le conseil d’administration de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) a recommandé à ses membres d’adopter l’entente de principe intervenue, le 23 mars, avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).Cette nouvelle entente de travail, négociée en toute hâte, avant la fin de l’échéance de la précédente entente (31 mars 2015), reconduit la presque-totalité des mesures particulières (diverses primes et la semaine de 40 heures – voir «Mesures reconduites dans l’entente MSSS-APES 2015-2020» en encadré) mises en place depuis plusieurs années pour amenuiser les effets de la pénurie importante de pharmaciens dans les établissements de santé.Une seule mesure, très peu utilisée, a été retirée, soit celle qui permettait à un pharmacien de travailler durant ses vacances annuelles dans son établissement de santé en retour de sa prime de vacances, d’un salaire majoré à taux et demi et d’une prime de 10 % de son salaire de base.L’APES précise que ses membres recevront comme d’habitude les mêmes augmentations salariales et bénéficieront des mêmes conditions de travail générales qui seront accordées ultérieurement aux autres employés syndiqués du réseau de la santé et des services sociaux.Pour l’APES, maintenir les acquis des pharmaciens d’établissement dans un contexte de compressions budgétaires est maintenant chose accomplie. « L’entente de principe ne comporte aucun recul du côté des primes salariales qui représentent de 15 % à 45 % du salaire des pharmaciens d’établissements, ce qui était le principal objectif du comité de négociation », affirme le président de l’APES, François Paradis.« La nouvelle entente respecte l’objectif d’attirer et de retenir des pharmaciens en établissement de santé », souligne-t-il.Rappelons que le 25 février, le MSSS avait annoncé à l’APES que les mesures particulières prévues à l’entente 2012-2015 prendraient fin, comme prévu, le 30 mars, ce qui signifiait une baisse de salaire pour ses membres qu’elle estimait entre 15 % et 45 %.L’APES avait réagi en demandant au MSSS d’entreprendre rapidement des négociations pour en venir à une entente d’ici le 31 mars 2015.Un comité paritaire pour « éviter une autre crise »L’APES n’a pas pu obtenir du MSSS que la rémunération des pharmaciens des établissements de santé soit fondée sur des échelles salariales concurrentielles plutôt que sur des primes.En revanche, elle entend faire de cette demande son cheval de bataille lors de ses prochaines négociations en 2020.« Le Ministère voit les primes comme une mesure associée à un problème temporaire, explique Linda Vaillant. Il peut décider de les retirer lorsqu’il estime ne plus en avoir besoin. À notre avis, c’est un non-sens. Pourra-t-il, dans cinq ans, enlever les primes de recrutement et de maintien à l’emploi pour les régions éloignées ou isolées sans éviter que les pharmaciens ne désertent ces régions ? De plus, les pharmaciens d’établissement seront toujours en concurrence avec le secteur privé de la pharmacie. »Le MSSS a accepté la proposition de l’APES de mettre en place un comité paritaire pour évaluer l’efficacité et la pertinence des mesures particulières prévues à son entente de travail et pour formuler des recommandations au MSSS au plus tard six mois (30 septembre 2019) avant la fin de l’entente.L’APES ne veut plus revivre le genre de crise engendrée par l’annonce précipitée du retrait des mesures particulières. « Est-ce que cette crise était nécessaire ? demande Linda Vaillant. C’est comme si le Ministère avait retiré les primes sans bien mesurer les impacts. […]. Plusieurs de nos membres ont pris cette intention du Ministère comme un message très négatif sur l’importance des pharmaciens dans les établissements de santé. C’est un mauvais message pour la rétention des gens en poste et la relève. »Une réévaluation de la pertinence des primes dans cinq ansEn point de presse, lundi matin (30 mars), le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette, a souligné que l’entente intervenue avec l’APES est « à l’avantage des deux parties et [qu’]elle respecte les paramètres budgétaires de l’État ».Il a tenu à dire qu’il n’avait jamais voulu abolir simplement pour une raison de restrictions budgétaires les primes consenties aux pharmaciens d’établissements de santé dans leur dernière entente de travail. Il voulait procéder au préalable à une analyse pour justifier s’il était encore nécessaire pour le MSSS de verser de telles primes.Durant le même point de presse, le ministre responsable de l’Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a insisté sur le fait que les primes seront valides uniquement pour les cinq prochaines années et que leur pertinence sera réévaluée à nouveau en 2020. « En général, on établit des primes comme celles-ci pour des raisons conjoncturelles et non pas à perpétuité. »Mesures reconduites dans l’entente MSSS-APES 2015-2020• Prime de recrutement et de maintien à l’emploi pour les pharmaciens des régions éloignées ou isolées (jusqu’à 35 % de leur salaire de base, selon la ville où ils pratiquent);• Forfait d’installation pour les pharmaciens des régions éloignées ou isolées (entre 10 000 $ et 35 000 $, selon la ville où ils pratiquent, moyennant un engagement d’au moins deux ans à temps plein);• Prime de 5 % du salaire de base pour l’encadrement de résidents à la maîtrise en pharmacothérapie avancée;• Possibilité de majorer les heures de travail de 36,25 heures à 40 heures par semaine;• Prime incitative, variable selon le nombre d’heures travaillées dans une semaine (6 % du salaire de base pour 40 heures et 2,5 % du salaire de base entre 32 heures et moins de 40 heures);• Prime d’attraction et de rétention (de 7,4 % à l’échelon 1, de 2,6 % à l’échelon 8 et de 4 % à l’échelon 9);• Pourcentages d’augmentation des échelles salariales (exercice du maintien de l’équité salariale).Source : APES

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