Nouveaux sérotypes des maladies pneumococciques : les vaccins ne les couvrent pas tous

Le vaccin pneumococcique heptavalent conjugué (PNC7V), approuvé au Canada en 2001 chez les enfants de moins de cinq ans, et employé dans toutes les provinces et territoires en 2005, a eu un effet spectaculaire sur les taux de maladies pneumococciques invasives (MPI).La «maladie de remplacement» due aux sérotypes non vaccinaux pourrait éroder cet avantage. En effet, il est particulièrement inquiétant qu’au moins un des nouveaux sérotypes ne soit pas inclus dans l’un ou l’autre des deux vaccins pneumococciques conjugués à venir, qui seront d’une valence plus élevée.La Dre Julie Bettinger (Ph. D.), professeure agrégée de pédiatrie à l’Université de la Colombie-Britannique a présenté des données sur des cas de MPI entre 2000 et 2007 à la dernière Canadian Immunization Conference.Un médecin de la santé publique a cependant fait une mise en garde concernant l’utilisation du mot «remplacement», observant que ce qui semble être une augmentation des sérotypes non couverts par l’actuel vaccin conjugué heptavalent (Prévenar) pourrait en fait refléter la variabilité épidémiologique normale des souches pneumococciques.Entre 2000 et 2007, tous les cas de MPI chez les enfants de moins de cinq ans ont chuté de plus de 50 % et ceux causés par les sept sérotypes couverts par le vaccin ont chuté de 90 %, a ajouté la Dre Bettinger.Avant que n’aient été instaurés les programmes d’immunisation antipneumococcique au Canada, le Streptococcus pneumonia causait environ 700 cas de bactériémie chez les enfants chaque année, ainsi que 2200 cas de pneumonie nécessitant une hospitalisation et environ 9000 cas ne requerrant pas d’hospitalisation.Le pneumococcus était la première cause de méningite bactérienne chez les enfants de moins de 5 ans et il était responsable de 15 décès environ chez les jeunes enfants chaque année.Programmes de vaccination Depuis 1983, un vaccin polysaccharidique 23-valent est offert. Il était recommandé chez tous les enfants de plus de cinq ans à haut risque et chez les adultes de 65 ans et plus.Un vaccin conjugué, contenant les sept sérotypes pneumococciques les plus courants conjugués à une protéine pour renforcer l’immunogénicité, a été mis au point pour les enfants âgés de 2 à 59 mois. L’Alberta et la Colombie-Britannique ont été les premières provinces à instaurer un programme d’immunisation infantile universel en 2002 et 2003 respectivement, suivies par les autres provinces et territoires en 2005.La Dre Bettinger a présenté des résultats sur les effets de ces programmes en utilisant les données du Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT), basé dans 12 hôpitaux pédiatriques à travers le pays, qui fait la surveillance active, dans les établissements, de maladies que l’on peut prévenir par l’immunisation.En plus du déclin marqué des cas de MPI causés par les sept sérotypes couverts par le PNC7V, les données d’IMPACT ont également montré une augmentation de la maladie causée par les sérotypes qui en sont absents. Le principal sérotype de substitution est le multirésistant 19A, qui compte pour 16 % des isolats non vaccinaux. Mais ce dernier et trois autres principaux types ne faisant pas partie du PNC7V (6A, 3 et 7F) sont inclus dans deux nouveaux vaccins – des vaccins conjugués 10-valent et 13-valent – qui devraient être bientôt commercialisés, selon la Dre Bettinger.Les nouveaux vaccins comprennent également le sérotype 5, qui était impliqué dans 7 % des cas de MPI en 2007, dont 95 % semblent émerger de façon virulente dans certaines sous-populations, telles que les enfants des Premières Nations, a-t-elle ajouté.Un autre isolat – le 22F, qui avait été isolé à partir de 7 % des cas de MPI – n’est inclus dans aucun des vaccins à venir. Le Dr Gaston de Serres a préconisé que le terme «remplacement» des sérotypes soit utilisé avec prudence. Selon les données présentées, une proportion considérable (environ 8 %) des MPI était causée par des sérotypes non vaccinaux même avant que le vaccin ne soit utilisé, a-t-il indiqué.«Nous savons peu de choses sur l’épidémiologie de chaque sérotype, a dit le Dr de Serres, épidémiologiste médical à l’Institut national de santé publique du Québec et professeur d’épidémiologie à l’Université Laval. Nous ne nous attendons pas à ce que ces sérotypes demeurent stables avec le temps. Ce que nous pensons toujours en termes de “remplacement” pourrait n’être qu’une variabilité normale. Le mot “remplacement” suggère que le vaccin cause du tort aux enfants en les rendant plus vulnérables (aux sérotypes non vaccinaux). Il y avait déjà un bon degré de variabilité (des souches) avant que ne débutent les programmes d’immunisation, alors départager les résultats du programme et l’histoire naturelle de la maladie est tout un défi.»Retour au compte rendu de congrès de la Canadian Immunization Conference

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