MPOC: un nouveau continuum de soin — entrevue avec Michel Amar, DG de l’Hôpital Mont-Sinaï

La création d’un continuum de soins entre trois établissements de santé de l’Ouest de Montréal pour les patients souffrant d’un trouble respiratoire a permis de réduire significativement le nombre de leurs visites à l’urgence, tout en améliorant leur qualité de vie.C’est ce qui ressort d’une étude préliminaire réalisée récemment par l’Hôpital Mont-Sinaï, l’Hôpital général juif et le Centre de santé et des services sociaux Cavendish.Les trois partenaires se sont unis en 2010 afin d’offrir une meilleure prise en charge des patients atteints d’une MPOC et vivant dans le secteur desservi par le CSSS Cavendish.«Les défis du réseau de la santé sont connus: l’accessibilité aux soins en fait évidemment partie, tout comme la prise en charge des malades chroniques», explique Michel Amar, directeur général de l’Hôpital Mont-Sinaï. Pour une meilleure prise en chargeLe continuum de soins mis en place par les trois partenaires est en quelque sorte une prolongation du programme de réadaptation respiratoire de l’Hôpital Mont-Sinaï, destiné aux patients atteints d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC).Les patients souffrant de troubles respiratoires représentent une part importante de la clientèle de l’Hôpital Mont-Sinaï depuis sa fondation, en 1909. L’établissement dispose de 35 lits pour ces patients, ainsi que de 15 lits en soins palliatifs et de 57 lits en soins prolongés.Bien que le programme de réadaptation pulmonaire s’adresse à tous les patients québécois dirigés vers l’Hôpital Mont-Sinaï, le continuum de soins vise plus spécifiquement les patients du secteur Cavendish.Le continuum permet à un patient souffrant d’un trouble respiratoire se présentant à l’urgence de l’Hôpital juif ou dans l’un des établissements du CSSS Cavendish d’être rapidement transféré à l’Hôpital Mont-Sinaï.Une équipe multidisciplinaire engagéeUne fois sur les lieux, une équipe multidisciplinaire composée notamment de médecins, d’infirmières, d’ergothérapeutes et d’inhalothérapeutes le prendra en charge.Après que le patient aura quitté le Mont-Sinaï, l’équipe assurera un suivi à son domicile ou dans son centre d’hébergement pendant environ huit semaines. L’équipe entrera aussi en contact avec son médecin de famille ou les autres professionnels de la santé qu’il consulte normalement.Durant tout le processus, l’équipe multidisciplinaire offre également du soutien à la famille du patient.Mais l’Hôpital Mont-Sinaï va encore plus loin dans sa démarche d’accompagnement de ses patients. À titre d’exemple, l’équipe du Mont-Sinaï a offert une formation sur les MPOC aux entraîneurs du YMCA local. Ceux-ci peuvent donc offrir aux patients un programme de conditionnement physique adapté à leur état de santé fragile.Des résultats prometteursL’étude préliminaire a été réalisée par les trois établissements partenaires auprès de 202 patients entre le 25 janvier 2010 et le 5 novembre 2011.Selon les résultats obtenus, le continuum de soins se serait traduit par une diminution d’environ 38% du nombre de visites aux urgences liées à des troubles respiratoires des patients suivis dans le cadre du continuum de soins.Les hospitalisations pour des troubles respiratoires auraient de leur côté diminué de 60%, tandis que le nombre d’hospitalisations pour des épisodes d’exacerbations aiguës de la MPOC aurait baissé d’environ 59%.Le nombre total de jours passés à l’hôpital pour les patients suivis dans le cadre de l’étude préliminaire a aussi diminué significativement, de 71% pour les hospitalisations liées à des troubles respiratoires, et de 72% pour celles liées à des épisodes d’exacerbation aiguë de la MPOC.Selon les estimations des chercheurs, la création du continuum de soins par les trois établissements partenaires se traduirait par des économies annuelles d’environ 360 000 $.Un contexte difficile pour les établissementsSelon Michel Amar, il est impératif pour le réseau de mettre en place de nouvelles initiatives pour favoriser l’accès aux soins de santé tout en favorisant l’efficience, car les défis qui attendent les hôpitaux et le réseau en général sont nombreux.Contrairement à l’ex-ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, qui estimait que le réseau était à l’étape de l’évolution plutôt qu’à celle de la révolution, Michel Amar voit la situation autrement.«Nous sommes à la croisée des chemins. À moins que nous soyons prêts à ce que la santé dépasse le cap de la moitié du budget du Québec, il faut changer nos mentalités et nos façons de faire, car le vieillissement de la population mettra beaucoup de pression sur le réseau au cours des prochaines années.»Comme tous les autres établissements de santé, le respect de l’équilibre budgétaire de l’Hôpital Mont-Sinaï représente un défi presque quotidien.Moins de main-d’œuvre indépendanteDans les dernières années, l’hôpital a notamment réussi à diminuer de façon importante son recours à la main-d’œuvre indépendante infirmière et aux heures supplémentaires, ce qui a le double avantage d’être économique et bénéfique pour la stabilité des équipes soignantes.«Je crois aussi beaucoup à l’empowerment: chacun doit connaître ses responsabilités et les assumer, poursuit Michel Amar. C’est quelque chose que nous valorisons beaucoup à l’Hôpital Mont-Sinaï. Par exemple, le travail du préposé à l’entretien ménager a un grand impact sur le contrôle des infections nosocomiales.»L’attraction de personnel reste cependant un défi majeur pour les petits hôpitaux comme le Mont-Sinaï, ajoute le gestionnaire. «Pour de jeunes diplômés, il peut paraître moins attrayant de venir travailler dans un hôpital comme le nôtre plutôt que dans les grands centres hospitaliers universitaires.»

MPOC: un nouveau continuum de soin — entrevue avec Michel Amar, DG de l’Hôpital Mont-Sinaï

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