Mortalité accrue des femmes noires liée au cancer du sein: une étude sur les mammographies pourrait les aider

Les mammographies 3D sont-elles plus efficaces que l'imagerie 2D standard pour détecter les cancers avancés? Un essai clinique recrute des milliers de volontaires, dont un grand nombre de femmes noires confrontées à des disparités dans les taux de mortalité par cancer du sein, pour tenter de le découvrir. Des personnes comme Carole Stovall, psychologue à Washington, se sont inscrites à l'étude pour aider à répondre à la question. «Nous avons toutes besoin d'une mammographie de toute façon, alors pourquoi ne pas le faire dans le cadre d'une étude qui permettrait aux scientifiques de mieux comprendre et de se rapprocher de la recherche de meilleurs traitements et de moyens de prévention», s'est demandé Stovall. La sous-représentation des femmes et des minorités dans la recherche est un enjeu de longue date qui touche des problèmes de santé tels que la maladie d'Alzheimer, les accidents vasculaires cérébraux et la COVID-19. Les essais cliniques non diversifiés ne permettent pas de comprendre comment les nouveaux traitements fonctionnent pour tous les individus. «Tant que les femmes noires ne seront pas plus nombreuses à participer aux essais cliniques, nous ne pourrons pas faire évoluer la science. Et nous avons besoin d'une meilleure science pour les Noirs et leur corps», a commenté Ricki Fairley, une survivante du cancer du sein et une militante qui travaille sur cette question. Les femmes noires ont 40% de risques supplémentaires de mourir d'un cancer du sein par rapport aux femmes blanches et sont généralement diagnostiquées plus jeunes. Par contre, il n'est pas certain que la mammographie 3D soit meilleure pour elles, a affirmé la Dre Worta McCaskill-Stevens, de l'Institut national du cancer. «Y a-t-il des populations pour lesquelles il serait important de disposer d'un diagnostic précoce, s'est demandé la Dre McCaskill-Stevens. Ou est-ce que cela est nuisible, causant trop de fausses alertes ou des tests et des traitements de suivi inutiles?» La Dre McCaskill-Stevens, qui est noire, dirige les efforts du NCI pour améliorer l'accès à la recherche sur le cancer dans les communautés minoritaires et rurales. Elle a elle-même participé à l'étude. La technique 3D existe depuis une dizaine d'années, mais il n'y a jamais eu de preuve concluante qu'elle était meilleure que la 2D pour détecter les cancers avancés. La technique de dépistage combine plusieurs images du sein prises sous différents angles pour créer une image en 3D. Les mammographies 3D et 2D compriment toutes deux le sein et utilisent de faibles doses de radiation. Des études antérieures suggèrent que la mammographie en 3D détecte plus de cancers que la mammographie en 2D, mais le fait d'attraper plus de cancers ne signifie pas nécessairement que l'on sauve plus de vies. Certains cancers non détectés par le dépistage standard peuvent ne pas évoluer ou ne pas nécessiter de traitement. Les études précédentes n'ont pas réparti les patients de manière aléatoire entre les différentes méthodes de dépistage, une référence en recherche. L'idée que «si c'est nouveau, si c'est brillant, alors c'est mieux» n'est pas nécessairement vraie, a avancé la Dre McCaskill-Stevens. «Tant que nous n'aurons pas de preuves à l'appui, nous aurons besoin d'essais randomisés bien conçus.» À lire aussi: Une avenue pour juguler les métastases du cancer du sein Jusqu'à présent, près de 93 000 femmes ont participé à l'essai, l'objectif étant d'en recruter 128 000. L'étude financée par le NCI se déroule actuellement au Canada, en Corée du Sud, au Pérou, en Argentine, en Italie et dans 32 États américains. Un site en Thaïlande commencera bientôt à recruter des patientes. «Nous avons ajouté d'autres sites internationaux pour améliorer la diversité de l'essai, en particulier pour les femmes hispaniques et asiatiques», a indiqué la Dre Etta Pisano, qui dirige l'étude. Dans l'ensemble, 42% des participants sont hispaniques. Le recrutement de femmes noires et d'autres femmes de couleur restera «définitivement» une priorité, a mentionné Etta Pisano. Les participantes sont assignées au hasard à des mammographies 2D ou 3D et sont suivies pendant plusieurs années. Le nombre de cancers avancés détectés par les deux méthodes sera comparé. Sur les sites d'étude américains, 21% des participantes à l'étude sont des femmes noires, ce qui est supérieur à une étude typique sur le traitement du cancer, dans laquelle 9% des participants sont noirs, a souligné la Dre McCaskill-Stevens. L'Université de Caroline du Nord a recruté plus de femmes noires que tout autre site d'étude. Près d'un quart des quelque 3000 femmes inscrites dans les deux sites de l'UNC sont noires. «Les femmes de Caroline du Nord veulent participer à quelque chose qui les dépasse», croit la Dre Cherie Kuzmiak, qui dirige le volet UNC de l'étude. «Elles veulent jouer un rôle actif dans la détermination de l'avenir des soins de santé pour les femmes.» À Washington, le bouche-à-oreille a permis de recruter avec succès. Une rencontre fortuite dans son salon de coiffure a persuadé Mme Stovall de participer à la recherche. Alors qu'elle attendait un rendez-vous chez le coiffeur, elle a rencontré Lucile Adams-Campbell, chercheuse en cancérologie à l'Université de Georgetown. Toutes deux noires, elles ont commencé à discuter. «Elle m'a expliqué à quel point il était important que les femmes de couleur participent au programme», a soutenu Mme Stovall, qui a saisi l'occasion de rattraper ses mammographies après que la pandémie de COVID-19 a retardé le dépistage pour elle et des milliers d'autres personnes. Pour Mme Stovall, il y avait une raison personnelle de participer à la recherche. Sa sœur a récemment terminé son traitement pour un cancer du sein triple négatif, un type de cancer agressif qui touche les femmes noires à un taux plus élevé que les femmes blanches. Les femmes âgées de 45 à 74 ans qui n'ont pas d'antécédents personnels de cancer du sein sont admissibles à l'étude, qui a été lancée en 2017. De nombreuses femmes fournissent également des échantillons de sang et de prélèvements de joue pour une base de données qui sera exploitée pour obtenir plus d'informations. «C'est un rêve que l'on caresse depuis le début du dépistage, celui de ne pas faire entrer tout le monde dans la même case», a confié la Dre Pisano. Les résultats de l'étude pourraient «réduire les disparités si nous réussissons, en supposant que les gens aient accès aux soins». Mme Stovall, 72 ans, a eu une brève frayeur lorsque sa mammographie traditionnelle en 2D a révélé quelque chose de suspect. Une biopsie a écarté la possibilité d'un cancer. «J'ai été extrêmement soulagée. Toutes les personnes que je connais ont entendu parler de moi et de la nécessité de passer une mammographie.»

Mortalité accrue des femmes noires liée au cancer du sein: une étude sur les mammographies pourrait les aider

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes