Mise à jour sur le diagnostic et la prise en charge de l'hyperémèse gravidique

Les recommandations les plus récentes de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) sur les vomissements et les nausées pendant la grossesse datent de 2016, mais la Dre Kirsten Duckitt, obstétricienne exerçant sur l'île de Vancouver, et ses collègues sont en train de les mettre à jour.Le Royal College of Obstetrics and Gynecologists du Royaume-Uni a également publié de nouvelles recommandations en février dans le British Journal of Obstetrics and Gynecology.Bien que les auteurs de la revue du JAMC soient des experts des Pays-Bas et du Royaume-Uni, les informations contenues dans l'article sont «toutes très pertinentes» pour la pratique canadienne, a déclaré la Dre Duckitt.L'article, rédigé par la Dre Larissa Jansen de l'Amsterdam Reproduction and Development Research Institute et ses collègues, fait le point sur les causes, le diagnostic et le traitement de l'hyperémèse gravidique. Il ne traite pas spécifiquement des nausées.Les mises à jour comprennent de nouveaux critères de diagnostic. Les auteurs soulignent que la présence d'une cétonurie n'est plus nécessaire pour diagnostiquer l'hyperémèse gravidique et qu'elle ne fournit pas d'indication sur sa gravité ou la nécessité d'un traitement. Le diagnostic repose plutôt sur la présence de nausées et de vomissements, sur l'incapacité à manger et à boire normalement et sur le fait que l'hyperémèse affecte sérieusement les activités de la vie quotidienne. La maladie peut être diagnostiquée au cours des 16 premières semaines de grossesse. «Le diagnostic n'est pas basé sur un test sanguin, une perte de poids ou quoi que ce soit d'autre, il s'agit d'une définition pratique», a précisé la Dre Duckitt.Les patientes et les médecins de famille peuvent parfois être réticents à prescrire et à prendre des médicaments par crainte d'effets néfastes sur le fœtus. Mais ces médicaments sont «de vieux médicaments, bien connus, avec lesquels nous avons beaucoup d’expérience», note la Dre Duckitt. «Ils sont efficaces, mais pour cela il faut que les gens les prescrivent et que les gens les prennent.»Le traitement commence généralement par un médicament antiémétique. Un antihistaminique peut être ajouté pour un effet anticholinergique pour ceux qui ont trop de salive. Les auteurs fournissent un tableau des différents traitements pharmacologiques (par exemple, doxylamine-pyridoxine, cyclizine, prométhazine et dimenhydrinate) et de leurs doses.En cas d'échec, les médecins peuvent prescrire du métoclopramide ou de l'ondansétron, bien que les preuves soient encore insuffisantes pour déterminer si l'ondansétron est associé à un risque accru de fente palatine et de malformations cardiaques.Actuellement, l'objectif des traitements est de réduire la gravité des symptômes. La recherche ne permet pas encore de savoir si le traitement améliore les résultats pour la descendance.La consommation de cannabis n'est pas conseillée, concluent la Dre Jensen et ses collègues. «Il existe une énorme perception populaire selon laquelle le cannabis est efficace contre les nausées et les vomissements, mais il n'y a aucune preuve de son efficacité, et il est néfaste pour la grossesse», a déclaré la médecin. La SOGC dispose d'autres directives sur l'utilisation du cannabis tout au long de la vie d'une femme.Si la patiente est déshydratée, les médecins doivent donner la priorité à un traitement dans la communauté. «La plupart du temps, ce problème peut être traité dans le cadre des soins ambulatoires ou les patients peuvent recevoir des fluides dans le service de maternité. Il n'est pas forcément nécessaire de les hospitaliser», a partagé la Dre Duckitt.Les médecins doivent vérifier s'il y a un déséquilibre électrolytique et, si nécessaire, prescrire des fluides intraveineux, y compris une supplémentation en thiamine. Si un patient est déshydraté et présente un déséquilibre électrolytique, il peut être nécessaire de l'hospitaliser, notent la Dre Jensen et ses collègues.Les médecins peuvent envisager d'orienter le patient vers un nutritionniste et un soutien psychosocial, écrivent les auteurs.La mise à jour du JAMC fait un clin d'œil à des résultats de recherche récents qui ouvrent la voie à une meilleure compréhension des causes des vomissements et des nausées pendant la grossesse et à de futurs traitements pharmacologiques, a partagé la Dre Duckitt.Il fait référence à une découverte récente publiée dans Nature qui a identifié une base génétique possible pour les nausées et les vomissements pendant la grossesse. Des études antérieures ont suggéré que leur gravité est liée à la sensibilité d'une personne à une hormone appelée facteur de différenciation de la croissance 15 (GDF15).Le nouvel article de Nature suggère que les niveaux de GDF15 dans le sang des parents sont en moyenne plus élevés chez ceux qui souffrent de nausées, de vomissements et d'hyperémèse gravidique que chez ceux qui n'en souffrent pas. Les personnes qui ont un faible taux de GDF15 en circulation avant de tomber enceintes pourraient être plus sensibles à l'augmentation de GDF15 provenant du fœtus pendant la grossesse. Les chercheurs ont également identifié une variante génétique qui pourrait expliquer les différents niveaux de GDF15 chez les femmes enceintes.D'autres recherches ont porté sur la présence d'Heliobacter pylori et sur le rôle de la gonadotrophine chorionique humaine (hCG) en tant que facteurs pouvant contribuer à l'hyperémèse gravidique.L'article du CMAJ a été publié le 15 avril.Les directives de la SOGC de 2016 sur la prise en charge des nausées et vomissements de la grossesse ont été publiées dans le Journal d'obstétrique et de gynécologie du Canada.Les lignes directrices du Royal College of Obstetrics and Gynecologists de 2024 sur la prise en charge des nausées et vomissements de la grossesse et de l'hyperémèse gravidique ont été publiées dans le British Journal of Obstetrics and Gynecology.L'article sur le GD15 a été publié dans Nature en décembre 2023.

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