Mise à jour des lignes directrices canadiennes sur la prise en charge des troubles liés à l’usage d’opioïdes

L’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances (ICRAS) vient de publier dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) de nouvelles lignes directrices concernant la prise en charge clinique des troubles liés à l’usage d’opioïdes. Elles mettent à jour et remplacent les précédentes recommandations en la matière formulées par le consortium national en 2018.«La persistance des méfaits liés aux opioïdes, les nouvelles données scientifiques concernant les options de traitement, les changements dans leur accessibilité ainsi que la nécessité de traitements et d’interventions adéquats fondés sur des données probantes ont justifié une mise à jour des lignes directrices nationales», indiquent leurs auteurs.Les troubles de l’usage des opioïdes (TUO), ou dépendances aux opioïdes, se caractérisent par une consommation problématique d’opioïdes au cours d’une période de 12 mois, qui entraîne une déficience ou une détresse cliniquement significative. Ils peuvent être classés de légers à sévères, en fonction du nombre de critères diagnostiques remplis.En préambule, les auteurs soulignent qu’entre 2013 et 2023, la consommation de drogues en général a augmenté partout dans le monde, «mais la consommation d’opioïdes et les troubles de l’usage (de ces derniers) restent les principales causes de décès liés à la drogue dans le monde entier». Au Canada, le nombre annuel de décès liés aux opioïdes est ainsi passé de 2831 en 2016 à 8049 en 2023. Malgré l’élargissement des options de traitement des TUO, notamment la levée des restrictions sur la prescription de méthadone en 2018, «une augmentation substantielle des méfaits liés aux opioïdes s’est produite», observent les chercheurs de l’ICRAS. Ils soulignent que cette tendance a été exacerbée par les restrictions soudaines de l’accès aux services durant la pandémie de COVID-19, ainsi que par les changements dans l’offre et la toxicité des substances.Comme celles de 2018, ces nouvelles lignes directrices s’intéressent uniquement aux formulations orales pour la prise en charge des TUO et comprennent des recommandations spéciales pour les femmes enceintes et les personnes traitées avec la naltrexone par voie orale. Les traitements par agonistes opioïdes injectables, agonistes à libération prolongée et antagonistes des opiacés, n’entrent ainsi pas dans le champ d’application de cette mise à jour. Les auteurs renvoient à leurs lignes directrices spécifiques à ces traitements, diffusées en 2019.Les principaux changements concernent les options de traitement de première intention des TUO, qui incluent désormais la méthadone. «Des preuves substantielles démontrent que la méthadone et la buprénorphine ont une efficacité similaire sur la réduction de la consommation d’opioïdes et des effets indésirables» du sevrage, signalent les auteurs. La morphine orale à libération lente est quant à elle recommandée en deuxième intention.Lire aussi: Crise des opioïdes: le Québec n’est plus épargnéRisques associés à la buprénorphine et à la méthadonePour les patients qui initient un traitement avec la buprénorphine, les lignes directrices précisent que «les cliniciens doivent être conscients du risque plus élevé d’abandon après le premier mois». En pareille circonstance, ils doivent «proposer d’autres médicaments agonistes opioïdes». En ce qui concerne la méthadone, «les cliniciens doivent être conscients du risque plus élevé de mortalité au cours du premier mois par rapport au reste de la période de traitement».Bien que les résultats soient mitigés, la plupart des études tendent à préconiser la buprénorphine pour le traitement des TUO chez les femmes enceintes. «Cependant, le manque de précision sur l’exposition néonatale au traitement par agoniste opioïde ne permet pas de formuler une recommandation formelle en faveur d’un médicament plutôt qu’un autre», signalent les lignes directrices. «Ainsi, les femmes enceintes pourraient se voir proposer de la buprénorphine ou de la méthadone comme options de traitement.»S’agissant des interventions psychosociales, les lignes directrices indiquent qu’elles «peuvent être proposées en complément du traitement». S’il est établi qu’elles augmentent l’observance du traitement par agoniste opioïde, les interventions psychosociales «ne devraient pas être une composante obligatoire ni empêcher l’accès au traitement par agoniste opioïde», considèrent les auteurs.Ils suggèrent également que des stratégies de réduction des risques soient proposées dans le cadre du continuum de soins. Ces stratégies comprennent notamment la fourniture de matériel de consommation stérile, l’éducation à la prévention des surdoses et l’accès à des kits de naloxone à emporter au domicile des patients.Les chercheurs de l’ICRAS précisent à tout le moins que les recommandations présentées dans leurs lignes directrices «ne libèrent aucunement les professionnels prodiguant des soins de leur responsabilité à prendre les bonnes décisions en fonction des besoins, des préférences et des valeurs du patient, en consultation avec ce dernier.»

Mise à jour des lignes directrices canadiennes sur la prise en charge des troubles liés à l’usage d’opioïdes

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