Mise à jour 2023 de l’AMMI Canada sur la prise en charge de la grippe et les enjeux émergents

L'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada (AMMI Canada) a publié une mise à jour de son guide sur la grippe saisonnière1. Elle donne un aperçu concernant cinq questions principales: Caractéristiques de la saison grippale 2022-2023. Prévention de la grippe. Utilisation des antiviraux pour réduire l'impact de la grippe sur le système de santé. Le rôle potentiel des tests respiratoires multiplex, qui comprennent la détection du SRAS-CoV-2, du virus de la grippe et du virus respiratoire syncytial (VRS) en un seul test. Les enjeux émergents liées au virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). 1. Caractéristiques de la saison grippale 2022-2023 La saison automne/hiver 2022-2023 a connu une augmentation très précoce et sans précédent des cas de grippe saisonnière par rapport aux deux années précédentes. Le faible nombre de cas au cours des deux années précédentes était très probablement dû aux mesures de santé publique mises en œuvre lors de la pandémie de COVID-19. Les hospitalisations associées à la grippe ont augmenté de façon spectaculaire au cours de la saison grippale 2022-2023, en particulier chez les jeunes enfants, une population qui a également connu des niveaux élevés de maladies graves dues au VRS. Bien que l'impact de la grippe saisonnière ait été principalement observé chez les enfants au cours de la dernière saison, il a également touché des groupes plus âgés. L'application de mesures de prévention (par exemple, la vaccination) et l'accès en temps voulu au traitement antigrippal par des inhibiteurs de la neuraminidase (par exemple, l'oseltamivir) lorsqu'il est indiqué, peuvent réduire la maladie et la pression sur le système de santé. À lire aussi: Les lignes directrices canadiennes sur la vaccination antigrippale 2023-2024 sont disponibles 2. Prévention de la grippe La vaccination contre la grippe est recommandée à tous les Canadiens âgés de six mois ou plus. Elle est particulièrement importante pour certains groupes, car les risques sont plus élevés dans certains contextes et pour certaines personnes. Les vaccins contre la grippe et la COVID-19 peuvent être administrés conjointement lors de la même visite, le cas échéant, afin de faciliter les vaccinations recommandées. Bien que la qualité des données varie, l'hygiène des mains et le port de masques dans les lieux bondés et mal ventilés sont des options sûres et raisonnables permettant aux individus de réduire leur risque pendant la saison des virus respiratoires. 3. Chimioprophylaxie antivirale post-exposition L'AMMI Canada avait publié en 2013 des lignes directrices sur l'utilisation de la chimioprophylaxie avec des inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir, zanamivir) pour protéger les individus contre la grippe après l'exposition2, qui ont été mises à jour en 2019.3 Les recommandations contenues dans ces documents restent appropriées. Cependant, certaines questions demeurent, notamment l'efficacité et la durée optimale de la chimioprophylaxie lorsqu'elle est utilisée dans le cadre d'une épidémie dans un établissement. Le recours à la chimioprophylaxie doit être mis en balance avec le risque d'émergence d'une résistance aux antiviraux lorsque les inhibiteurs de la neuraminidase sont utilisés à titre prophylactique pendant des périodes prolongées ou lorsque la chimioprophylaxie est instaurée tardivement après l'exposition, compte tenu de la courte période d'incubation des virus grippaux (généralement de 1 à 4 jours [moyenne de 2 jours] pour la grippe saisonnière). À lire aussi: Pour les rappels contre la COVID-19, mieux vaut utiliser le même bras La mise à jour de l'AMMI Canada comprend un algorithme pour l'utilisation de l'oseltamivir et du zanamivir en prophylaxie ou en traitement précoce chez les contacts étroits d'un cas suspect ou confirmé en laboratoire. L'algorithme intègre désormais les recommandations de chimioprophylaxie en cas d'exposition à la grippe aviaire hautement pathogène. Traitement antiviral ambulatoire pour réduire la charge de la grippe sur le système de santé Les indications et la posologie des antiviraux contre la grippe saisonnière n'ont pas changé par rapport aux documents AMMI Canada de 2013 et 2019. Lorsque la grippe circule dans la collectivité, la décision d'amorcer un traitement aux antiviraux antigrippaux pour les patients ambulatoires susceptibles d'être atteints de la grippe devrait être fondée sur leurs facteurs de risque et la gravité de leur présentation clinique (p. ex., pneumonie) ou l'exacerbation d'une affection médicale chronique sous-jacente. Un traitement antiviral doit être prescrit dès que possible lorsqu'il est indiqué. Le traitement antiviral ambulatoire, lorsqu'il est indiqué, peut contribuer à alléger la charge qui pèse sur le système de santé. Il a été démontré qu'un traitement précoce à l'oseltamivir réduit la durée des symptômes et les complications nécessitant des antibiotiques chez les adultes et les enfants. Il peut également réduire le risque d'hospitalisation, en particulier lorsqu'il est prescrit à un stade précoce de l'infection. L'efficacité de l'oseltamivir étant optimisée lorsqu'il est administré à un stade précoce d'une infection confirmée en laboratoire, il convient d'envisager d'améliorer l'accès au dépistage de la grippe et au traitement par oseltamivir en temps opportun pour les personnes présentant un risque élevé. À consulter: FC | Optimiser la vaccination contre la grippe chez les personnes âgées 4. Rôle potentiel des tests respiratoires multiplex Les infections par le virus de la grippe, le SRAS-CoV-2 et le VRS ne peuvent être différenciées de manière fiable sur la base de la présentation clinique, car elles provoquent une série de symptômes respiratoires et systémiques qui se chevauchent, ce qui complique la prise en charge lorsque les trois virus sont en circulation. De nombreux tests commerciaux ont abandonné la détection du seul SRAS-CoV-2 au profit de tests d'amplification de l'acide nucléique multiplex (TAAN) qui peuvent identifier n'importe lequel de ces virus en une seule réaction. À l'heure actuelle, le dépistage de la grippe n'est pas systématiquement recommandé pour les patients ambulatoires dans de nombreuses juridictions, en partie pour des raisons de coût. Cependant, étant donné le chevauchement des facteurs de risque de complications et de maladies graves, de nombreux patients testés en vue d'un traitement contre la COVID-19 pourraient également bénéficier d'un traitement antiviral contre la grippe si celle-ci était identifiée. L'utilisation de tests multiplex chez les personnes les plus à risque faciliterait l'utilisation précoce d'antiviraux contre la grippe et/ou la COVID-19. Pour que cette approche soit optimisée, il faudrait assurer un accès facile et équitable au dépistage et au traitement. À lire aussi: Vaccin contre la grippe: plus d'effets indésirables chez les femmes 5. Enjeux émergents liés au virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) La mise à jour de l'AMMI Canada aborde les cas concernant le virus IAHP au Canada. Les cas confirmés d'infection et de maladie humaine par des virus de l’IAHP sont rares et généralement associés à une exposition directe à des oiseaux ou à des environnements connus pour être contaminés par le virus. Cependant, la propagation du virus H5N1 a déjà été détectée chez un grand nombre de mammifères terrestres et marins de différentes espèces en liberté au Japon, en Europe et en Amérique, ce qui suscite de vives inquiétudes pour la santé humaine et animale à l'avenir. Les infections virales de l'IAHP chez l'homme, qui vont de l'asymptomatique au syndrome grippal grave, peuvent inclure une conjonctivite ou une méningo-encéphalite et peuvent entraîner la mort. Un diagnostic et un signalement rapides sont des facteurs clés pour une issue favorable grâce à l'utilisation d'une thérapie antivirale ou d'une chimioprophylaxie. Les recommandations relatives aux antiviraux pour la grippe aviaire sont décrites dans le document, ainsi que les principales considérations à prendre en compte lors de la prescription d'antiviraux pour la prévention ou le traitement de la grippe aviaire hautement pathogène.

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