Mise en doute de la valeur des mesures de l’adiposité telles que l’IMC

Selon une vaste méta-analyse, l’indice de masse corporelle, le tour de taille et le rapport tour de taille /tour de hanches n’ajoutent pas grand-chose à la prévision du risque cardiovasculaire lorsqu’on dispose de la tension artérielle systolique, des antécédents de diabète et du dosage des lipides.Les chercheurs participant à la Collaboration sur les facteurs de risque émergeants (Emerging Risk Factors Collaboration1) basée à l’Université de Cambridge en Angleterre ont analysé les dossiers individuels de 221 934 personnes ayant participé à 58 cohortes prospectives, principalement en Europe et aux États-Unis, en calculant l’accroissement du risque de maladie cardiovasculaire par l’augmentation de l’écart-type dans les mesures de base de l’adiposité.L’IMC, le tour de taille et le rapport tour de taille / tour de hanche étaient associés par une force similaire à la maladie coronarienne et à l’accident ischémique cérébral, ce qui contredit l’observation faite dans l’étude rétrospective cas-témoins INTERHEART selon laquelle le rapport tour de taille / tour de hanche prédirait mieux que l’IMC le risque de subir un infarctus du myocarde.Pour chaque augmentation d’un écart-type dans l’une ou l’autre des trois mesures, le risque de subir un événement cardiovasculaire était plus élevé de 25 % à 30 % après correction des variations dues à l’âge, au sexe et au tabagisme éventuel. Toutefois, après correction pour tenir compte des facteurs de risque comme la tension artérielle systolique de référence, les antécédents de diabète et les taux de cholestérol total et de cholestérol-HDL, les augmentations du risque n’étaient que de 7 % à 12 %. Par conséquent, le fait d’ajouter des mesures de l’adiposité à un modèle de prévision du risque de maladie cardiovasculaire comprenant les facteurs de risque classiques n’a présenté que peu d’intérêt.Cependant, les Drs Rachel Huxley et David Jacobs, épidémiologistes à l’Université du Minnesota de Minneapolis2, ont écrit dans l’éditorial connexe que l’IMC est toujours utile en tant qu’indicateur de l’adiposité, en dépit de son inexactitude occasionnelle concernant les personnes musclées et son manque de sensibilité à la forme et à la composition du corps. « L’IMC, qui est tellement associé au risque de maladie chronique, est très pertinent chez les adultes lorsqu’on l’utilise en se servant de son jugement clinique » et il devrait constituer un « signal d’alerte précoce » du risque de maladie cardiovasculaire. « Mais l’identification des sujets en surpoids sans facteurs de risque de maladie cardiovasculaire qui finiront par voir apparaître ces facteurs de risque et finalement une maladie cardiovasculaire demeure un défi – c’est là que les analyses sanguines continuent d’être utiles. »Lire la suite du supplément Cardiologie1. Emerging Risk Factors Collaboration, Wormser D, Kaptoge S et coll. Separate and combined associations of body-mass index and abdominal adiposity with cardiovascular disease: collaborative analysis of 58 prospective studies. Lancet. 2011 Mar 26;377(9771):1085-95. 2. Huxley RR, Jacobs DR Jr. Size still matters…but not in the way we once thought. Lancet. 2011 Mar 26;377(9771):1051-2.

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