Menace de loi spéciale: les propos de François Legault ne passent pas

Alors que le torchon brûle entre le ministre de la Santé et les deux fédérations médicales au sujet du projet de loi 106, le premier ministre François Legault a soufflé sur les braises. Invité dimanche soir sur le plateau de Tout le monde en parle, il a ouvert grand la porte à l’imposition d’une «loi spéciale» pour changer le mode de rémunération des médecins.«Depuis que je suis en politique, même quand j’étais avec Lucien Bouchard qui est maintenant l’un des négociateurs (pour la Fédération des médecins spécialistes du Québec, NDLR), il est question qu’on doit (sic) changer le mode de rémunération des médecins qui gagnent 400 000, 500 000 par année, pour qu’une partie de leur salaire soit conditionnelle à une certaine performance, entre autres à une prise en charge des Québécois par les médecins de famille», a déclaré en préambule le premier ministre, en soulignant aussitôt que «les deux syndicats de médecins refusent de nous rencontrer et de négocier avec nous». François Legault a mentionné que le projet de loi 106 déposé par Christian Dubé est «nécessaire» pour changer le mode de rémunération des médecins spécialistes et des omnipraticiens. «Ce n’est pas une loi spéciale, mais si une loi spéciale est nécessaire, il y en aura une», a ensuite affirmé le premier ministre.Ces propos ne sont pas passés auprès des deux fédérations médicales. «Que le premier ministre déclare que nous refusons de négocier dépasse l'entendement» a réagi celle des médecins spécialistes. Dans une déclaration transmise à Profession Santé, la FMSQ explique qu’elle a fait un dépôt formel d'une contre-proposition et qu’elle a participé à deux rencontres la semaine dernière avec les négociateurs du gouvernement. «Chaque fois, c'est le même discours: vous subirez le PL106, point», rapporte la Fédération.La FMSQ ajoute qu’elle veut malgré tout «négocier les conditions de travail de ses membres et obtenir des garanties que ces derniers puissent avoir les outils nécessaires pour soigner les Québécois. Pas besoin de loi spéciale, seulement un peu de bonne foi.» À lire aussi: Martine Biron accuse les médecins spécialistes de prendre les étudiants «en otage»S’inspirer de Doug FordDe son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) n’a pas répondu à notre demande de réaction. Dimanche soir, elle s’est exprimée sur ses réseaux sociaux en posant la longue question suivante: «Pourquoi une loi, quand tous les gouvernements québécois successifs ont jusqu’ici tous compris que la négociation et la collaboration fonctionnaient toujours mieux que la coercition et l’imposition, mais aussi quand les gouvernements des autres provinces canadiennes, comme l’Ontario de Doug Ford, ont compris que l’arbitrage permettait de trancher et d’éviter à la population d’assister à des bras de fer publics et inutiles?»Une source bien informée au gouvernement précise que plusieurs options sont sur la table. Loi spéciale, projet de loi 106 adopté sous bâillon, «on n’est pas rendu là, mais on n’écarte rien», dit cette personne sous couvert d’anonymat. Québec s’inquiète notamment des moyens de pression mis en œuvre par la FMSQ qui pénalisent l’enseignement. Dans ce contexte, le gouvernement veut amender et bonifier le projet de loi 106 avant la reprise de la session parlementaire. «Ça nous laisse deux semaines pour en discuter activement, sauf que les fédérations médicales ne veulent pas négocier tant que le PL106 est sur la table. On a pourtant besoin de ce projet de loi pour changer la rémunération des médecins», insiste cette source.

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