Médicaments: les dernières recommandations de l’INESSS (2/2)

Nucala Le NucalaMC (mépolizumab) est un anticorps monoclonal humanisé IgG1 kappa qui se lie à l’interleukine-5 (IL-5) et réduit ainsi la production et la survie des éosinophiles. Ces derniers sont des médiateurs de l’inflammation de type 2, qui jouent un rôle important dans la pathogenèse de la rhinosinusite chronique avec polypes nasaux (RSCaPN). Actuellement inscrit comme médicament d’exception pour le traitement de l’asthme grave chez les adultes, l’INESSS recommande qu’il soit également inscrit pour «le traitement d’entretien» de la RSCaPN chez les adultes «dont la présence de polypes nasaux bilatéraux est confirmée par endoscopie ou tomodensitométrie», qui ont «eu besoin d’au moins une chirurgie endoscopique des sinus au cours des cinq années précédentes» et «dont l’état n’est pas adéquatement maîtrisé par la prise de corticostéroïdes par voie nasale». Si le ministre suit cette recommandation, l’Institut précise que le médecin devra fournir, lors de la demande initiale, le résultat au questionnaire SNOT-22 (Sino-nasal outcome test) et le score de polypose nasale (SPN) déterminé par endoscopie, «tous deux établis au départ ou avant l’instauration d’un autre médicament biologique indiqué pour le traitement de la RSCaPN». Opdivo L’OpdivoMC (nivolumab) est un anticorps monoclonal recombinant humain ciblant le récepteur de mort cellulaire programmée 1 (Programmed death 1, PD-1). Administré par voie intraveineuse, il est conçu pour bloquer l’interaction entre le récepteur PD-1 et ses ligands (Programmed death-ligand 1 et 2, PD-L1 et 2) produits par les cellules tumorales. En inhibant cette liaison, il permet l’activation des lymphocytes T cytotoxiques spécifiques à la tumeur et réactive la réponse immunitaire antitumorale. Déjà indiqué et remboursé par le RGAM dans le cadre du traitement de divers cancers (cancer de la peau, de la vessie, du rein, de la tête et du cou, etc.), l’INESSS recommande que l’OpdivoMC le soit aussi pour le traitement néoadjuvant du cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), en association avec une chimiothérapie à base de sel de platine. Le remboursement viserait les patients «dont la tumeur ne présente pas de mutation activatrice connue de la tyrosine kinase de l’EGFR [Epidermal Growth Factor Receptor] ni de réarrangement du gène ALK et dont le statut de performance selon l’ECOG est de zéro ou un». Orladeyo L’OrladeyoMC (bérotralstat) est un inhibiteur de la kallicréine plasmatique, administré par voie orale, qui agit en diminuant l’activité de la kallicréine plasmatique, ce qui réduit la production excessive de bradykinine, un puissant vasodilatateur qui entraîne l’œdème caractéristique de l’angioœdème héréditaire (AOH). Après évaluation, l’INESSS recommande au ministre d’inscrire ce médicament d’exception sur les listes des médicaments pour l’indication suivante: «prévention des crises d’AOH, chez les personnes âgées de 12 ans ou plus, atteintes du type I ou II de la maladie et présentant des crises d’AOH interférant de façon significative avec les activités quotidienne». Si le ministre suit cet avis, la demande initiale sera autorisée pour une période maximale de six mois et «lors d’une demande pour la poursuite du traitement, le médecin (devra) fournir la preuve d’un effet bénéfique du traitement, par exemple une diminution du nombre de crises», précise l’INESSS. Lire aussi: Médicaments: les dernières recommandations de l’INESSS (1/2) Rukobia Le RukobiaMC (fostemsavir) est un promédicament dont la composante active, le temsavir, exerce une activité antirétrovirale. Il appartient à la classe des inhibiteurs de l’attachement du virus de l'immunodéficience humaine de type 1, une nouvelle classe d’antirétroviraux pour le traitement du VIH-1. Utilisé en association avec un traitement de fond optimisé, le RukobiaMC «constitue une option de dernier recours», précise l’INESSS qui recommande son inscription sur la liste du RGAM pour les patients «présentant une résistance, une intolérance ou une contre-indication aux antirétroviraux d’au moins trois classes et recevant un traitement de fond optimisé ne comprenant aucun antirétroviral pleinement actif, ou (qui est) constitué d’au moins un antirétroviral pleinement actif dans un maximum de deux classes». Sohonos Le SohonosMC (palovarotène) est un agoniste des rétinoïdes qui, en se liant de façon sélective au récepteur gamma de l’acide rétinoïque (RARγ), inhibe les voies de signalisation des protéines osseuses morphogénétiques (ou BMP, pour bone morphogenetic protein) qui sont responsables du processus d’ossification progressive des muscles, tendons, ligaments et autres tissus mous qui caractérise la fibrodysplasie ossifiante progressive. Selon son fabricant, le SohonosMC est indiqué «pour diminuer la formation d'os hétérotopique chez les adultes et les enfants (âgés de 8 ans et plus pour les filles et de 10 ans et plus pour les garçons) atteints de FOP ou myosite». Cependant, l’INESSS considère que «la valeur thérapeutique (de ce traitement) n’est pas reconnue», notamment parce que «l’utilisation du palovarotène ne semble pas avoir d’impact sur les aspects fonctionnels et sur la qualité de vie, paramètres dont l’amélioration constitue l'un des principaux besoins des patients atteints de FOP.» L’Institut ne recommande donc pas son inscription sur la Liste des médicaments du RGAM. Lire aussi: À quoi ressembleront les traitements du futur? Tecartus Le TecartusMC (brexucabtagène autoleucel) est une immunothérapie par cellules T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T) dirigée contre l’antigène CD19 exprimé à la surface des cellules saines et cancéreuses. Le traitement est préparé à partir des cellules mononucléées du sang périphérique collectées par leucaphérèse chez le patient auquel le traitement est destiné. Indiqué pour le traitement de la leucémie lymphoblastique aiguë à précurseurs B récidivante ou réfractaire (LLA-B R/R), l’INESSS reconnaît «le caractère prometteur» de cette immunothérapie, mais souligne que «compte tenu des limites des données consultables, l’efficacité clinique et l’innocuité à long terme de cette thérapie, de même que son efficience, demeurent incertaines». Malgré tout, l’Institut estime que son remboursement constituerait «une option juste et raisonnable» dans la mesure où les options de rechange satisfaisantes sont peu nombreuses pour les patients atteint de de la LLA-B R/R. Si le ministre suit cet avis, l’INESSS préconise un suivi clinique serré et une réévaluation du brexucabtagène autoleucel dès que de nouvelles données probantes seront disponibles. Vyzulta VyzultaMC est une solution ophtalmique de latanoprostène bunod, un analogue de la prostaglandine F2-alpha qui, appliqué sur la surface oculaire, exerce un effet hypotenseur en favorisant l’écoulement de l’humeur aqueuse. Cette solution est indiquée «pour la réduction de la pression intraoculaire (PIO) chez les patients atteints de glaucome à angle ouvert ou d’hypertension oculaire». Après deux évaluations en 2019 et 2021, à l’issue desquelles l’INESSS n’avait pas reconnu la valeur thérapeutique du VyzultaMC, l’Institut a revu sa position à la lumière de nouvelles études. Les experts de l’Institut reconnaissent désormais que le VyzultaMC «procure des bénéfices cliniques en réduisant la PIO des patients, objectif principal du traitement du glaucome à angle ouvert». Ils estiment ainsi que ce traitement devrait être ajouté aux listes des médicaments du RGAM à la condition que son fabricant participe à l’atténuation de son fardeau économique. Le VyzultaMC coûte en effet 26$ par période de 28 jours. Un prix plus élevé que celui des autres analogues de la prostaglandine (18 à 20$), à l’exception du bimatoprost (54$). Lire aussi: Un médicament québécois démontre son efficacité contre la COVID-19 Yuflyma YuflymaMC est un médicament biosimilaire de l’adalimumab, dont le produit de référence est HumiraMC. L’avis de conformité émis par Santé Canada confirme que les deux sont similaires sur le plan de la qualité et qu’il n’existe aucune différence cliniquement significative aux chapitres de l’efficacité et de l’innocuité. Après évaluation, l’INESSS recommande d'inscrire ce traitement sur les listes des médicaments pour le traitement de l’hidradénite suppurée et de l’uvéite, deux indications déjà reconnues de l’adalimumab.

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