Médecine familiale: la moitié des résidents choisiraient une autre spécialité si leur formation était prolongée

En tant que médecin de famille, je trouve les résultats d'une récente enquête canadienne assez préoccupants. Près de la moitié des résidents en médecine familiale opteraient pour une autre spécialité si notre formation était prolongée à trois ans*. Cette révélation met en lumière la situation complexe et conflictuelle qui entoure la décision de prolonger la formation en médecine familiale. Le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) a annoncé son intention de prolonger la résidence, mais c'est la première fois, à ma connaissance, qu'un sondage a été réalisé pour connaître l'opinion de ceux qui sont sur le point d'entrer en pratique. À lire aussi: Résidence en médecine familiale: vers une troisième année obligatoire? Lorsque j'ai parlé de ce changement imminent à des résidents de tout le pays, j'ai été confronté à la confusion et à la surprise. Beaucoup ont demandé: «Pourquoi et qui a décidé cela?» Je suis le Dr Paul Dhillon, l'un des fondateurs du cours de révision en médecine familiale (The Review Course in Family Medicine) et l'un des co-responsables de l'enquête, dont la publication est prévue dans le courant de l'année. Ce qui est le plus frappant, c'est le manque de consultation. Il est choquant de constater que plus de 80% des personnes interrogées ont révélé qu'elles n'avaient jamais eu l'occasion de prendre part à la décision cruciale de prolonger la résidence. Ce manque d'implication a été encore plus prononcé dans d'une enquête en ligne menée par le Canadian Women Family Physicians Group. Il est intéressant de noter que les répondants en deuxième année de formation en médecine familiale ont massivement exprimé leur confiance, leur compétence et leur volonté d'exercer en tant que médecins de famille. Les résidents ruraux sont encore plus convaincus, puisque 75% d'entre eux soutiennent cette affirmation. Malgré ces nouvelles données et un rapport sur les résultats des programmes de formation suggérant un manque de preuves solides concernant la durée idéale de la résidence en médecine familiale, nous avons plus de questions que de réponses sur les raisons de cette importante décision. De nombreuses questions persistent, y compris la date des examens pour les résidents de médecine familiale de deuxième et troisième année et l'impact sur les certificats de compétence additionnelle. Une motion a été présentée au CMFC pour être votée lors de l'AGA, suggérant une pause dans l'empressement à prolonger la durée de la résidence sans preuves, intentions ou justifications canadiennes à l’appui. Le sondage a été réalisé à l'échelle nationale auprès de personnes interrogées dans neuf provinces, avec un total de 180 participants. Les résultats de l'enquête sont particulièrement troublants à la lumière des plus récents résultats du jumelage CaRMS. Quarante-deux pour cent des répondants au sondage ont indiqué qu'ils reconsidéreraient la poursuite de la formation en médecine familiale si celle-ci était prolongée à trois ans. Il devient de plus en plus évident que la question de la durée des programmes de formation n'est pas pathologique. Nous devons nous demander si le système de formation actuel est réellement «cassé» et si une troisième année est la solution. À lire aussi: Médecine familiale: l'ajout éventuel d'une troisième année de résidence inquiète la FMRQ Alors que les nouveaux médecins de famille entrent dans un environnement de travail clinique rempli de charges administratives, de manque de droit de pratique national, de frais généraux et de diminution du sentiment d'indépendance clinique et de leadership dans les soins de première ligne, nous devons réexaminer l'erreur logique qui sous-tend cette démarche. En effet, que devons-nous penser du fait que le Dr Lawrence Loh, l'actuel directeur général du CMFC, avant qu'il n'occupe ce poste, s'est prononcé contre une troisième année en 2012 dans un article d'opinion publié dans la revue Le Médecin de famille canadien? Pour moi, ses mots résonnent fortement, suggérant que le prolongement de la durée de la formation peut dissuader les futurs médecins de famille et les accabler d'expériences arbitraires plutôt que de se concentrer sur le développement des compétences. Les arguments avancés par le Dr Loh en 2012 donnent l'impression d'une volte-face et nécessitent davantage d'explications, mais le CMFC a refusé de publier les procès-verbaux des réunions du conseil d'administration, les ordres du jour et les réunions des comités qui ont conduit à la décision d'accorder la troisième année de formation. Je pose la question: qu'y a-t-il à cacher? Il est peut-être temps de faire une pause stratégique, de procéder à une réévaluation approfondie et de renouveler l'engagement avec les membres qui versent des cotisations au Collège. Après tout, un Collège qui perçoit des cotisations devrait donner la priorité aux contributions et aux préoccupations de ses membres dans l'élaboration de ses actions et de ses décisions. *Les résultats mentionnés proviennent d’une enquête qui n'a pas encore été publiée, et à laquelle l’auteur du texte a participé.

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