MedActuel | L'entente de pratique avancée en partenariat avec les pharmaciens: un outil précieux pour les GMF

La pratique des pharmaciens en soins de première ligneLes pharmaciens intégrés dans le cadre de gestion des groupes de médecine de famille (GMF) mettent leur expertise à profit auprès des patients en travaillant conjointement avec les médecins de famille et les autres professionnels pour optimiser les thérapies médicamenteuses. Les règlements découlant du projet de loi 31 sont entrés en vigueur le 25 janvier 2021. Ils encadrent l’application de cette loi qui a élargi considérablement le champ de pratique de l’ensemble des pharmaciens québécois et contribue à faciliter l’accès de la population aux soins1,2. L’ensemble des pharmaciens du Québec peut avec cette nouvelle loi faire plusieurs ajustements à la thérapie médicamenteuse de façon autonome et amorcer des médicaments pour des conditions mineures déterminées, ceci à l’intérieur d’un cadre précis dicté par la loi et les ordres professionnels. La loi inclut aussi la possibilité d’une pratique avancée avec des privilèges de prescription élargis pour les pharmaciens faisant partie d’une même équipe clinique. L’établissement d’une entente de pratique avancée en partenariat (EPAP) entre les pharmaciens, les médecins et les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) d’une même équipe leur permet la prescription de médicaments au-delà des conditions définies dans les règlements. Par exemple, prescrire des médicaments pour de plus longues durées ou amorcer un nouveau médicament même s’il n’y a pas eu de demande de consultation spécifique du médecin ou de l’IPS à cet effet.Quelques études ont confirmé l’acceptabilité et la confiance des patients vis-à-vis des pratiques avancées de pharmaciens en soins primaires. Une étude pilote écossaise a démontré l’efficacité et l’appréciation de pharmaciens prescripteurs avec une expertise en santé mentale auprès de patients adressés par leur médecin généraliste pour un trouble modéré à sévère d’anxiété ou de dépression3. Une enquête australienne auprès de 200 patients a révélé une satisfaction élevée par rapport au rôle de prescripteur du pharmacien et une confiance en sa capacité à prescrire4. Dans une étude anglaise, les patients (n=20) pensaient que les pharmaciens intégrés dans les pratiques de médecine générale pourraient améliorer l’accessibilité et la qualité des soins reçus5. Cela se compare aux données préliminaires du projet de recherche EXPAND piloté par le Réseau québécois des pharmaciens GMF (RQP GMF) présenté un peu plus loin dans cet article. Qu’est-ce que L’EPAP?Selon l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), l’EPAP met en place des conditions pour que le pharmacien puisse amorcer des thérapies médicamenteuses de manière autonome, dans un esprit de collaboration. Pour pouvoir établir une entente, des conditions réglementaires doivent être respectées : il faut que les groupes de médecins ou d’infirmiers praticiens spécialisés et de pharmaciens concernés partagent une même clientèle et le même dossier patient6. Dans le cadre d’une telle entente, les signataires déterminent ensemble le type de patient à traiter, les circonstances qui autorisent un pharmacien à entrer en jeu dans un dossier pour amorcer les thérapies médicamenteuses et les ajuster ainsi que les circonstances dans lesquelles les médecins interviennent auprès du patient pour réévaluer sa condition6. Le pharmacien exerçant ses activités dans le cadre d’une EPAP doit demander l’intervention du professionnel partenaire lorsque les soins requis par le patient dépassent ses compétences, notamment lorsque les signes, les symptômes ou les résultats d’un test indiquent que l’état de santé d’un patient s’est détérioré, lorsque les résultats escomptés de la thérapie ne sont pas atteints et lorsque le patient présente une réaction inhabituelle à la thérapie6. L’entente est propre à une équipe de soins et les conditions établies peuvent varier d’une équipe à l’autre. Dans plusieurs GMF, il a été choisi de permettre aux pharmaciens de l’équipe de modifier une thérapie médicamenteuse pour tout problème de santé déjà diagnostiqué et figurant au dossier alors que d’autres ont choisi de débuter avec des populations ou classes de médicaments particulières. Cette entente doit être réévaluée périodiquement. Voyons plus concrètement avec un cas clinique ce que permet l’EPAP lors d’un suivi par un pharmacien en GMF.

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