Quoi de neuf ?: Maladie de Crohn - Les inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (anti-TNF) retardent la chirurgie

Les inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale, comme l’infliximab (Remicade) et l’adalimumab (Humira) changent le cours naturel de la maladie de Crohn, selon une étude présentée à la dernière rencontre de la Canadian Digestive Diseases Week.Dans une analyse rétrospective de deux générations de patients atteints de la maladie de Crohn, ceux qui ont été traités par les anticorps monoclonaux ont connu un délai significativement plus long entre le diagnostic de la maladie et la première résection (90 mois) que ceux qui n’en ont pas reçu (48 mois).De plus, le phénotype des patients qui ont besoin d’une chirurgie est en train de changer. « Aujourd’hui, les patients ont besoin d’une chirurgie pour cause de sténose, alors qu’aucune autre option médicale ne s’offre à eux, tandis qu’auparavant l’inflammation était davantage la raison de la chirurgie », dit le Dr Brian Bressler, professeur clinique assistant de médecine au service de gastro-entérologie de l’Université de Colombie-Britannique.Le Dr Bressler et ses collègues ont revu les données de 199 patients atteints de la maladie de Crohn ayant reçu leur première résection chirurgicale au St-Paul Hospital, à Vancouver. Quatre-vingt-cinq patients ont été opérés entre 1995 et 2000, et 114 l'ont été entre 2005 et 2010. Trente-huit patients (33,3 %) de cette dernière cohorte avaient reçu des médicaments anti-TNF tandis qu’aucun patient de la première cohorte n’en avait reçu.En même temps qu’un plus long délai avant une première chirurgie, on a constaté une différence significative dans le comportement de la maladie. Près de 40 % de la première cohorte ont subi leur chirurgie pour une maladie inflammatoire (sans sténose, sans perforation) comparativement à seulement 12 % du dernier groupe. La chirurgie pour cause de sténose a été effectuée chez 50 % des patients du premier groupe contre 73,7 % dans le dernier groupe.Les médicaments anti-TNF sont très coûteux : 562,8 millions $ ont été dévolus au traitement de la maladie intestinale inflammatoire au Canada en 2011 et on a largement débattu quant à leur valeur, a dit le Dr Bressler. « Une façon pratique d’évaluer l’aspect coût-efficacité des dépenses faramineuses liées à ces médicaments est le changement observé dans les résultats, par exemple la réduction des chirurgies et des hospitalisations. »Le Dr Bressler ne s’attendait pas à une diminution du nombre des chirurgies, pour une raison pratique. « La plus grande limite de cette étude est qu’elle a été effectuée dans un centre fortement spécialisé où nous voyons les gens les plus malades; certaines conclusions que nous pouvons en tirer ne sont pas nécessairement applicables parce que l’étude ne s’attardait pas à l’ensemble de la population des patients atteints de la maladie de Crohn. »Si les taux de chirurgie n’ont pas changé, les délais avant la chirurgie sont un avantage pour les patients. La plupart reçoivent leur diagnostic dans la vingtaine ou la trentaine – alors que les gens terminent leur formation professionnelle, entrent dans une carrière et forment leur famille. La chirurgie demande une convalescence d’au moins six semaines, l’équivalent de la perte d’un trimestre à l’université. « Vous pouvez dire qu’on ne fait que retarder l’inévitable, qu’ils devront quand même subir une chirurgie, mais je répondrais que ce délai est en lui-même un indicateur de résultat », affirme le Dr Bressler.« J’invite les médecins de famille qui ont des patients atteints de la maladie de Crohn à les adresser à un spécialiste qui prend spécifiquement en charge la maladie intestinale inflammatoire. Il y a maintenant des gastro-entérologues dans chaque province qui se spécialisent dans le traitement de la maladie intestinale inflammatoire, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans, explique le Dr Bressler. Le Canada est l’un des leaders mondiaux dans la recherche. Il y a un intérêt à vouloir optimiser les soins de ces patients. »

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