Maladie cœliaque et sensibilité au gluten non cœliaque: quelle est la différence?

Au Canada, environ 85% des personnes atteintes de la maladie cœliaque ne sont pas diagnostiquées, en partie parce que les symptômes ressemblent à ceux d'autres troubles digestifs tels que la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC).Quelle est donc la différence entre la maladie cœliaque et la SGNC?«La maladie cœliaque est une affection auto-immune qui touche principalement l'intestin grêle, provoquée par la consommation de gluten et qui survient chez les personnes porteuses des gènes cœliaques (HLA DQ2 et/ou DQ8)», a écrit la Dre Maria Ines Pinto-Sanchez, professeure agrégée à la division de gastroentérologie du centre médical de l'Université McMaster, dans un courriel.Le gluten est une protéine présente dans les céréales telles que le blé, l'orge, le seigle et le triticale, un croisement entre le blé et le seigle. Chez les patients cœliaques, la consommation de gluten déclenche une réponse immunitaire qui induit une inflammation de l'intestin, laquelle endommage les villosités de la paroi intestinale. Ce phénomène est visible lorsque des échantillons de l'intestin grêle sont prélevés lors d'une procédure d’endoscopie.«Dans le cas de la sensibilité au gluten non cœliaque, les mécanismes et les déclencheurs sont moins clairs», écrit la Dre Pinto-Sanchez. «Les personnes atteintes de SGNC signalent différents symptômes déclenchés par le blé, mais on ne sait pas si la réaction est due au gluten ou à d'autres composants présents dans le grain de blé, tels que d'autres protéines (par exemple, les ATI (inhibiteurs de l'amylase/trypsine), les globulines) ou des hydrates de carbone (par exemple, les fructanes)».Chez les personnes qui ne souffrent pas de la maladie cœliaque, la consommation de blé ou de gluten n'induit pas d'inflammation ni de raccourcissement de la villosité intestinale. «Enfin, la prédisposition génétique, si forte dans la maladie cœliaque, n'est pas aussi claire dans la sensibilité au gluten non cœliaque, ce qui suggère des mécanismes différents à l'origine des symptômes chez ces patients», écrit la Dre Pinto-Sanchez.L'intolérance au gluten est plus fréquente que la maladie cœliaque et est comparable à une intolérance aux produits laitiers, aux oignons ou à l'ail, écrit le Dr Sarmed Sami, gastro-entérologue à la Mayo Clinic Healthcare de Londres, dans un article de Newswise.Cependant, le nombre croissant de personnes qui suivent un régime sans gluten depuis la dernière décennie fait craindre que certaines d'entre elles soient effectivement atteintes de la maladie cœliaque, selon Coeliaque Canada.Les personnes souffrant d'intolérance au gluten ou de maladie cœliaque présentent un ou plusieurs symptômes gastro-intestinaux, tels que diarrhée, ballonnements ou brûlures d'estomac, qui s'atténuent ou disparaissent si le gluten est supprimé de l'alimentation et réapparaissent si la personne recommence à manger des aliments contenant du gluten, explique le Dr Sami. Dans ce cas, il est important que la personne subisse un test de dépistage de la maladie cœliaque, qui est plus grave, ajoute-t-il.Mais il n'existe pas de test permettant d'évaluer la sensibilité au gluten non cœliaque.La maladie cœliaque est fréquente au Canada, touchant 1% de la population, et son incidence est en augmentation. «Il n'existe AUCUN symptôme spécifique lié à la maladie cœliaque et, par conséquent, nous devrions penser à la maladie cœliaque même chez les personnes qui ne souffrent pas de malnutrition ou ne présentent pas de diarrhée ou de symptômes gastro-intestinaux», a écrit la Dre Pinot-Sanchez.«La maladie cœliaque est 15 fois plus fréquente chez les membres de la famille au premier degré, et il est important de les dépister pour assurer un diagnostic précoce dans cette population à haut risque, a-t-elle ajouté. Les complications liées à la maladie cœliaque à long terme, notamment les carences en nutriments, le risque accru de fracture osseuse, le risque accru d'infections et le développement de certains cancers, peuvent être évitées grâce à un diagnostic et à un traitement précoces.»«Les tests sanguins disponibles pour la maladie cœliaque (anticorps IgA anti-transglutaminase tissulaire (TTG IgA), IgA/IgG anti-peptide de gliadine désamidée (DGP) ou IgA anticorps anti-endomysium) sont très sensibles et spécifiques pour la maladie cœliaque. Toutefois, ces tests deviennent imprécis après six mois de régime sans gluten», écrit-elle.Le diagnostic définitif de la maladie cœliaque est établi par une biopsie intestinale réalisée par endoscopie. Il est donc important d'effectuer ce test avant de commencer un régime sans gluten pour obtenir un diagnostic précis.En l'absence de lignes directrices canadiennes pour le diagnostic et la prise en charge de la maladie cœliaque, les médecins peuvent se référer aux lignes directrices de l'American College of Gastroenterology, qui ont récemment été mises à jour. La couverture médicale des tests sanguins pour la maladie cœliaque varie d'une province à l'autre. Il n'existe pas de remède définitif à la maladie cœliaque, mais elle peut être traitée efficacement en suivant un régime sans gluten strict, qui peut être compliqué à suivre et coûteux. C'est pourquoi il est important que les personnes atteintes de la maladie cœliaque consultent un nutritionniste spécialisé dans les régimes sans gluten.Pour une personne qui n'est pas atteinte de la maladie cœliaque, il n'y a aucune raison d'éliminer le gluten, affirme le Dr Sami. Pour gérer les symptômes de l'intolérance au gluten, il suffit de réduire la consommation d'aliments contenant du gluten plutôt que de les éliminer complètement. «Il n'existe aucune preuve qu'un régime sans gluten soit plus sain.»

Maladie cœliaque et sensibilité au gluten non cœliaque: quelle est la différence?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes