L'utilisation à long terme d'une faible dose d'AAS affecte-t-elle l'incidence ou la progression de la DMLA?

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est la cause la plus fréquente de déficience visuelle irréversible chez les personnes âgées. Des traitements visant à réduire la gravité de la perte de vision associée à la DMLA néovasculaire tardive sont disponibles depuis plus d'une décennie. Toutefois, hormis les conseils sur le mode de vie, le régime alimentaire et les compléments nutritionnels, il n'existe aucune intervention médicale fondée sur des données probantes pour prévenir le développement de la DMLA ou retarder son évolution vers une forme tardive de la maladie.Des données suggèrent que l'inflammation chronique joue un rôle dans la DMLA, ce qui a conduit les chercheurs à étudier le rôle préventif éventuel de l'acide acétylsalicylique (AAS). Certaines études ont suggéré un bénéfice possible de l'AAS, tandis que d'autres n'ont trouvé aucune association entre l'AAS et le développement ou l'aggravation de la DMLA. En revanche, certaines études ont fait état d'une association entre l'AAS et le développement de la DMLA, en particulier la DMLA néovasculaire hémorragique. Pour obtenir une réponse plus définitive concernant l'utilisation de l'AAS pour prévenir ou ralentir le développement de la DMLA, les chercheurs ont utilisé les données de l'étude ASPREE (Aspirin in Reducing Events in the Elderly). Cette dernière est un essai clinique multicentrique, international, randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, qui étudie l'efficacité d'une faible dose d'AAS à long terme (100 mg/jour) par rapport à un placebo pour prolonger la survie sans incapacité chez les personnes âgées. L'étude ASPREE-DMLA (Aspirin in Reducing Events in the Elderly-DMLA) est une sous-étude de l'étude ASPREE. Les participants étaient âgés de 70 ans ou plus et ne souffraient pas de démence, d'incapacité physique limitant l'autonomie, de maladie cardiovasculaire ou de maladie chronique limitant la survie à cinq ans. Une photographie de la rétine a été réalisée au début de l'étude, puis trois et cinq ans après la randomisation. Le statut de la DMLA a été déterminé à l'aide d'images rétiniennes en couleur et des dossiers de traitement. Le principal résultat était l'incidence de la DMLA et la progression de la DMLA précoce/intermédiaire vers la DMLA tardive.À lire aussi: Infarctus du myocarde: l’aspirine réduit le risque de récidive et de décèsLes résultats sont les suivants:L'étude ASPREE-DMLA a inclus un total de 4993 participants. Les caractéristiques de base étaient similaires entre les groupes AAS et placebo.Au moment de l'arrêt de l'essai déterminé par le commanditaire, les données de suivi rétinien étaient disponibles pour 3208 participants; 3 171 ont été analysés pour l'incidence et la progression de la DMLA (âge médian de 73,5 ans; 51% de femme; durée médiane du suivi de 3,1 ans).L'incidence cumulée de la DMLA était de 195 sur 1004 (19,4%) dans le groupe AAS et de 187 sur 979 (19,1%) dans le groupe placebo (risque relatif [RR], 1,02 ; IC à 95%, 0,85-1,22; p=0,86)Une progression cumulative de la DMLA précoce/intermédiaire vers la DMLA tardive a été observée chez 14 des 615 (2,3%) participants du groupe AAS et 18 des 573 (3,1%) participants du groupe placebo (RR, 0,72; IC à 95%, 0,36-1,44; p=0,36).Aucune donnée ne suggère que la DMLA tardive, en particulier la DMLA néovasculaire, était plus susceptible de se produire dans le groupe randomisé avec l'AAS à faible dose.Les chercheurs ont conclu que, dans cette vaste étude portant sur des personnes âgées en bonne santé, l'administration d'une faible dose d'AAS pendant trois ans n'a pas eu d'impact sur l'incidence de la DMLA. Les preuves sont moins solides en ce qui concerne la progression de la DMLA, en raison du faible nombre de cas qui ont évolué vers une DMLA tardive. Dans l'ensemble, les chercheurs estiment que ces résultats ne corroborent pas l'idée selon laquelle une faible dose quotidienne d'AAS préviendrait l'apparition ou la progression de la DMLA.

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