L’oncologie centrée sur le patient au CICL: «Nous avons mis de côté notre titre, notre profession, notre service» - Dre Marie-Andrée Fortin

Lire tout le dossier sur le Centre intégré de cancérologie de LavalAu Centre intégré de cancérologie de Laval (CICL), l'un des mots d’ordre est «patient». Une tendance à la mode, me direz-vous, mais qui ne finit pas de surprendre lesdits «patients», qui ne sont plus au centre des soins depuis des années.Quand le ministère a décidé d’aller de l’avant avec son projet de centre de cancérologie à Laval, il l’a fait pour rapprocher les services de la population. Sur le terrain, on a choisi d’aller encore plus loin.Quitte à se lancer dans cette aventure, on l'a fait avec un nouveau modèle d’organisation de soins centré sur les besoins des patients, tout en utilisant l’informatisation pour faciliter cette intégration.«On s’est retrouvé sans papier, mais cela n’a jamais été notre objectif. C’est le résultat de notre démarche. Notre objectif était l’intégration. Il s’agissait de bâtir une nouvelle culture, de faire le travail autour du patient et non du médecin ou des soignants. Et cela a donné un environnement beaucoup plus tranquille où ils se sentent bien pris en charge», analyse la Dre Marie-Andrée Fortin, chef du département de radio-oncologie du CICL.C’est ainsi que tout au long de la standardisation des 500 plans de soins, les intervenants se sont demandés ce que chaque geste et chaque étape apportaient au patient et en quoi cela correspondait à ce dont il avait besoin et à ce qu’il voulait.«Souvent, dans des centres, le Dr A fait comme cela, le Dr B comme ceci. Chez nous, ce n’est pas le cas. Nous avons standardisé les plans de soins. Ceci nous permet de réduire la variation, d’assurer l’excellence des soins et de réduire les risques d’erreur», explique la Dre Fortin.Et si en hémato-oncologie, beaucoup de centres utilisent les plans de soins, c’est la première fois au monde qu’une équipe le fait aussi en radio-oncologie.Au CICL, toutes les procédures communes ont été réfléchies par les deux groupes de médecins et servent donc aussi bien aux hémato-oncologues qu’aux radio-oncologues. Évidemment, chaque spécialité a cependant ses propres procédures pour ce qui est des traitements de radiothérapie ou de chimiothérapie.«Nous avons mis de côté notre titre, notre profession, notre service, pour faire notre centre dans l’intérêt du patient», estime la Dre Fortin.L’automatisation pour de meilleurs soinsSelon elle, les plans de soin permettent en effet d’améliorer la qualité des soins et l’efficience, de réduire les risques d’erreur et de mieux communiquer l’information avec, en bout de ligne, une meilleure prise en charge du patient par tout le monde.«Le diagnostic, le traitement et les interventions sont liés et cela nous permet de suivre nos résultats et la compléance aux guides de pratique», souligne-t-elle. En fait, le système informatique comprend des fonctions qui automatisent le flux de travail.Certains déclencheurs entraînent d’office des actions. Un technologue sait par exemple quand il doit prévenir le médecin ou lui faire parvenir de l’information concernant son patient.L’automatisation permet de faire le lien entre les différents intervenants impliqués dans le cheminement des patients et renforce l’adhésion de tous au plan des soins.Tout cela forme une chaîne de qualité et aboutit à une meilleure osmose de l’équipe. D’autant que deux fois par semaine, tout le monde se réunit pour passer au travers des dossiers du service.«Une de mes anciennes collègues de Vancouver est même venue me voir quand elle a vu que nous réussissons à présenter tous les cas. C’est l’objectif de tous les centres, mais tout le monde n’y arrive pas.»Les patients partenairesAutre nouveauté : la formation aux patients. Tous les lundis, des groupes de patients se réunissent pour en apprendre davantage sur leurs traitements et rencontrer d’autres patients aux prises avec la même maladie. Ceux qui vont subir des traitements de radiothérapie, discutent quant à eux avec une technologue qui leur donne une information individualisée et peut les rassurer sur le masque ou les procédures d’immobilisation.Le suivi a aussi été élargi à ce qui se passe hors du Centre. C’est ainsi qu’une infirmière contacte systématiquement les patients qui ont subi une radiothérapie deux semaines après la dernière séance. C’est en effet à cette période que les effets secondaires se produisent et alors le patient est seul à la maison… Ce coup de téléphone permet de rassurer les patients, mais aussi d’évaluer s’il nécessite un rendez-vous au CICL.Les patients qui se retrouvent en soins palliatifs bénéficient aussi de ce nouveau service, ainsi que d’un deuxième suivi au bout de huit semaines. Des prises de contact réalisées par une infirmière clinicienne spécialisée en soin palliatif. «En cas de métastase osseuse par exemple, 80 % des patients sont soulagés avec la radiothérapie, mais ils peuvent aussi avoir une augmentation de la douleur quelques jours après le traitement. Il faut donc s’assurer qu’ils sont soulagés lors de cette période qui peut parfois être pire. Et à huit semaines, on veut être sûr que les traitements ont bien fait effet», précise la Dre Fortin. C’est aussi cette infirmière qui fait le lien avec les soins à domicile et le CLSC.Lire tout le dossier sur le Centre intégré de cancérologie de Laval

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