Loi 10: «Une occasion d’harmoniser les protocoles dans les départements de pharmacie»

La réorganisation du réseau de la santé qui a entraîné la diminution du nombre d’établissements (qui sont passés de 182 à 34 le 1er avril) est accueillie favorablement par l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES), qui y voit l’occasion rêvée d’harmoniser les protocoles entre différents sites et d’optimiser le travail des pharmaciens d’établissements.« De la façon dont on fonctionnait dans le passé, il était difficile de partager les expertises », a commenté le président de l’APES, François Paradis à ProfessionSanté.ca.« On voit des avantages à cette transformation pour l’optimisation des médicaments et des protocoles. Nous allons pouvoir harmoniser des pratiques et des gestes pour améliorer la qualité et la sécurité, optimiser la pharmacothérapie, fonctionner de façon plus structurée et faire en sorte que les établissements d’un CISSSS ou d’un CIUSSS puissent bénéficier de l’expertise de l’ensemble des pharmaciens qui vont constituer l’ensemble du département. » Nouvelle structure de gestionCette harmonisation des pratiques d’un site à l’autre pourra se faire « à la condition qu’on ait les outils pour y parvenir », précise François Paradis.La réorganisation du réseau va entraîner la création de très gros départements de pharmacie. Par exemple, celui du CIUSSS de la Capitale-Nationale va compter une centaine de pharmaciens dispersés sur plusieurs sites. Le département de pharmacie d’un CISSS ou d’un CIUSSS disposera d’un chef unique, mais il devra compter sur la collaboration d’adjoints qui vont en sorte que les messages soient diffusés sur le terrain.Durant la commission parlementaire portant sur le projet de loi 10, l’association avait proposé une réflexion sur la structure de gestion de ce secteur. Ses vœux pourraient se réaliser. Lors de la signature récente de l’entente de principe, l’APES a convenu avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de former un comité paritaire qui va revoir telle qu’elle le souhaitait la structure de gestion des pharmacies d’établissements. Leaders de pratiquePour atteindre ses objectifs de diffusion et d’harmonisation des pratiques, l’APES propose la désignation de leaders de pratique, comme la chose a été faite en Alberta où une réforme semblable à celle du Québec a été opérée.« Ces leaders de pratique, précise François Paradis, c’est par exemple un pharmacien disposant d’une expertise en oncologie. Il va s’assurer de communiquer ses connaissances, ses outils et ses protocoles à ses collègues qui pratiquent dans les autres sites de l’établissement. De cette façon, non seulement les pratiques seront standardisées, mais on va éviter que huit pharmaciens de huit sites différents refassent le même protocole. » Pas d’impacts sur la pénurieLe président de l’APES prévient toutefois que la réorganisation du réseau et le regroupement des établissements au sein des CISSS et des CIUSS ne va pas réduire la pénurie de pharmaciens en établissements.« À court terme, on ne voit pas comment elle pourrait avoir un impact positif sur la pénurie, dit François Paradis. Si on veut optimiser l’utilisation des médicaments, on n’aura pas besoin de moins de gens, bien au contraire, mais davantage de pharmaciens d’établissements. »Si elle ne sera pas une solution à elle seule au manque de bras, l’harmonisation des pratiques et des protocoles à travers les différents départements de pharmacie d’un même CISSS ou CIUSS devrait toutefois donner plus de temps aux pharmaciens pour se consacrer à d’autres tâches. Ils pourront se libérer pour se rendre sur les unités de soins réaliser du travail clinique et s’assurer que l’usage du médicament est sécuritaire.« On sait que le tiers des incidents/accidents dans les questions de santé sont reliés à l’utilisation des médicaments, dit François Paradis. La réforme va permettre aux pharmaciens d’établissements de mettre à profit leur expertise la plus pointue, soit optimiser les traitements et assurer la sécurité des soins et des patients. »D’autres responsabilités les attendent. Des endroits au Québec ne peuvent compter sur des pharmaciens à l’urgence, même si le MSSS reconnaît qu’il en faut un dans chaque urgence. Il y a aussi encore des endroits dans la province où l’utilisation et l’optimisation de l’antibiothérapie ne sont pas en place. La réorganisation va peut-être permettre aux pharmaciens de répondre à certains de ces besoins, du moins en partie.

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