Lignes directrices: prise en charge du travail et de l'accouchement chez les personnes ayant un handicap physique

La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a publié des directives sur la gestion du travail, de l'accouchement et des soins postnataux pour les personnes ayant un handicap physique. Il s'agit de la première série de recommandations de la SOGC pour ce groupe de patients. «Les femmes ayant un handicap physique s'intéressent à la grossesse comme toutes les autres, a déclaré la Dre Anne Berndl, auteure principale des directives cliniques, spécialiste en médecine materno-fœtale au Sunnybrook Health Sciences Centre et professeure adjointe à l'Université de Toronto. L’accouchement est sécuritaire pour de nombreuses personnes, mais il est utile qu'elles bénéficient d'un soutien approprié et de soins interdisciplinaires.» La Dre Brendl est la fondatrice et directrice de la clinique de soins accessibles pour la grossesse, la première clinique du genre en Amérique du Nord. La Dre Brendl espère que les lignes directrices donneront plus de confiance aux médecins dans leur gestion de la grossesse d'une personne ayant un handicap physique, ce qui rendra l'expérience plus positive pour le futur parent. À lire aussi: Les antidépresseurs ISRS/IRSN sont-ils sécuritaires pendant la grossesse? L'une des principales recommandations des lignes directrices est de former une équipe interdisciplinaire. Les médecins de famille devraient faire partie de cette équipe, car ce sont les professionnels qui connaissent le mieux la santé et les antécédents médicaux de la personne enceinte. «Leur connaissance de la patiente sera très importante tout au long de sa grossesse, car elle pourra compter sur une personne attentive et bien informée au sein de l'équipe», a déclaré la Dre Berndl. Les lignes directrices recommandent qu’une consultation ait lieu avec un spécialiste en médecine maternelle et fœtale avant la conception ou au début de la grossesse, afin de planifier la naissance et de tenir compte des souhaits et des préférences de la personne enceinte. Une recommandation figurant dans les directives de la SOGC porte sur le risque de dysréflexie autonome chez les personnes présentant des lésions à la moelle épinière. Les médecins sont invités à apprendre à différencier les symptômes de la prééclampsie et de la dysréflexie autonome. Une analgésie ou une anesthésie précoce est conseillée pendant le travail pour les personnes présentant un risque élevé de dysréflexie autonome. À lire aussi: Quiz - Testez vos connaissances en matière de soins contraceptifs chez les jeunes Les recommandations portent également sur le dépistage du risque d'accouchement prématuré chez les personnes souffrant d'un handicap physique et l'enseignement pour permettre aux patientes qui ne peuvent pas ressentir les contractions, d’identifier les signes du travail. L'allaitement maternel est encouragé dans les nouvelles lignes directrices, bien que celles-ci stipulent que les médecins devraient discuter de la manière dont les médicaments peuvent affecter l'allaitement et accroître le risque de dysréflexie autonome. Une autre recommandation porte sur la nécessité d'utiliser un langage respectueux, tant dans les discussions que dans la tenue des dossiers. La Dre Brendl a déclaré que, dans de nombreux cas, l'utilisation d'un langage offensant n'est pas faite intentionnellement, mais plutôt en raison d'un manque de connaissances. «Les gens ont besoin de se sentir accueillis. Ils ont besoin de se sentir respectés et soutenus», a-t-elle déclaré. «Certains mots utilisés en discutant avec les personnes handicapées sont corrects, ils responsabilisent et ne sont pas irrespectueux», a-t-elle ajouté. Les lignes directrices suggèrent d'utiliser un langage qui met l'accent sur la personne plutôt que sur le handicap. Le langage qui victimise ou stigmatise doit être évité. Par exemple, l'expression «personne qui utilise un fauteuil roulant» est plus respectueuse que «confinée dans un fauteuil roulant». À lire aussi: Étiquetage: Santé Canada déconseille la prise d’AINS dès la 20e semaine de grossesse «J'espère vraiment que ces directives permettront d'adopter une attitude positive à l'égard de la grossesse chez une personne atteinte d’un handicap», a déclaré la Dre Berndl. Les personnes souffrant d'un handicap physique ont toujours été confrontées à des préjugés lorsqu'elles annoncent une grossesse. «Elles ont fait l'objet de commentaires négatifs de la part de prestataires de soins de santé et de personnes qui ne le sont pas», a-t-elle déclaré. Leur expérience est très différente de celle des personnes sans handicap physique, a noté la Dre Brendl. Une étude présentée en juin à la conférence clinique et scientifique annuelle de la SOGC montre que les Ontariens handicapés qui reçoivent les soins d'un médecin spécialisé dans le handicap ont vécu des expériences positives lors de l'accouchement. D'autres ont rapporté des expériences d'accouchement négatives avec des professionnels de la santé qui avaient une formation limitée en matière de soins liés aux handicaps. Le résumé de l'étude est publié dans le Journal d'obstétrique et de gynécologie du Canada (JOGC). Bien que les nouvelles lignes directrices soient axées sur le travail et l'accouchement, la Dre Berndl a déclaré qu'il serait utile d'élaborer des lignes directrices sur le conseil préconceptionnel et sur les soins ante-partum pour cette population de patients. Des directives spécifiques aux différents types de handicaps physiques seraient également utiles aux cliniciens. La gestion d'une grossesse chez une patiente atteinte d'une lésion de la moelle épinière est différente de celle d'une patiente atteinte d'une infirmité motrice cérébrale. «Bien que les préoccupations de ces personnes se recoupent, je pense que les personnes souffrant de handicaps physiques seront mieux servies si elles bénéficient de soins individualisés», a-t-elle déclaré. Elle ajoute que les médecins seraient également plus confiants dans la gestion d'une grossesse s’il existait des directives plus spécifiques au type de handicap de la personne enceinte. La Dre Berndl a également présidé le groupe à l’origine des directives sur la santé des femmes pour l'Association américaine de spina bifida, qui comprend une section sur la grossesse et l'accouchement. Il existe également des directives de l'American Society of Obstetricians and Gynecologists sur les lésions de la moelle épinière pendant la grossesse. Les directives de la SOGC sont publiées dans le JOGC.

Lignes directrices: prise en charge du travail et de l'accouchement chez les personnes ayant un handicap physique

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