L’expertise clinique bonifiée: La médecine factuelle pour traiter les lombalgies ?

Avec ses semblables – le mal de reins, la douleur dans le bas du dos et autres lombalgies –, le tour de rein pousse son lot de patients dans les cabinets de médecins, qui le quittent, encore bien souvent, avec une prescription d’antidouleur et une recommandation appuyée « d’autotraitement » : le repos ! Mais le conseil de garder le lit est recalé dans la littérature scientifique récente et les médecins devraient lorgner vers la médecine basée sur les faits pour bonifier leur traitement des lombalgies.C’est du moins ce que suggère Maurits van Tulder, chercheur au département des sciences de la santé de l’Université VU à Amsterdam, aux Pays-Bas. Il a décortiqué sa recherche, dans le cadre du congrès de l’IASP sur la douleur : « La médecine basée sur les faits, ou factuelle (evidence-based medicine - EBM) pour le traitement des lombalgies ». La médecine factuelle (ou fondée sur des preuves) se définit comme le recours rigoureux aux données factuelles disponibles (essais ou études cliniques, méta-analyses) lors de la prise de décisions concernant des patients individuels (Sackett et coll. (1996), EBM: What is and what is not, British Medical Journal, 312, p. 71-72).Selon Maurits van Tulder, la pratique de la médecine fondée sur des preuves se décline en cinq étapes incontournables : il faut d’abord soulever des questions cliniques auxquelles on sera en mesure de répondre, après quoi on effectue la recherche des données les plus pertinentes, sur lesquelles on posera un regard critique, pour ensuite être en mesure d’appliquer ces théories pour le traitement du patient. L’auto-évaluation de ce processus constitue la dernière étape, mais non la moindre.Le chercheur a lui-même recensé et classé, des plus bénéfiques à ceux qui sont inefficaces, les principaux traitements des lombalgies proposés dans les recherches répertoriées dans la base de données Cochrane en 2010. La recommandation de demeurer actif pour la douleur aiguë et la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et de relaxants musculaires pour la douleur chronique occupent la première position.La médecine factuelle n’est pas une panacée pour le traitement des lombalgies, précise Maurits van Tulder. Les recommandations qu’on peut y puiser sont tributaires de certaines variables, comme les effets secondaires et les coûts des traitements, de même que la population cible des études.D’autre part, on connaît mal les liens entre les études patho-physiologiques, patho-psychologiques et biomécaniques et les études épidémiologiques, signale le chercheur. « Et il faut cesser de répéter les mêmes essais cliniques ! » souligne-t-il.Somme toute, conclut-il, les médecins peuvent dénicher des données dans un large bassin de recherches sur les traitements des lombalgies : développement de nouvelles interventions, effet des placebos, efficacité et efficience de traitements alternatifs aux traitements connus…

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