Les traitements contre les troubles de l’usage de l’alcool sont sous-utilisés

Les troubles de l’alcoolisme ne sont pas suffisamment traités, selon une nouvelle étude canadienne. Dirigée par une équipe de recherche de l’Université de la Colombie-Britannique, celle-ci a examiné les données administratives sur la santé du BC Centre for Disease Control. Elle porte sur un échantillon aléatoire de 20% des Britanno-Colombiens, soit 1 093 970 individus. Les chercheurs ont révélé que 7231 personnes, soit 0,7% de la population, avaient été diagnostiquées comme souffrant d’un trouble de l’usage d’alcool (TUA) modéré à sévère. Leur article, publié récemment dans la revue Addiction, montre qu’entre 2015 et 2019, les taux d’initiation de la médication pour les TUA sont passés de 11,4% à 24,1%. Les taux de rétention à plus d’un, trois et six mois ont également augmenté. Pourtant, ils étaient encore bien trop faibles. La durée minimale recommandée pour les traitements contre les troubles liés à l’alcoolisme est de trois mois. Or, seuls 4,3% des participants à l’étude avaient été traités pendant trois mois ou plus et 1,6% pendant six mois ou plus. Les habitants des zones rurales et isolées étaient moins susceptibles d’utiliser ces médicaments. La prise prolongée des médicaments a réduit les risques d’effets indésirables associés aux TUA, notamment l’hospitalisation, le recours aux services d’urgence et le décès. Elle a aussi entraîné une réduction plus importante de ces conséquences négatives. Les lignes directrices recommandent un traitement de première intention de trois à six mois avec des médicaments tels que la naltrexone, l’acamprosate et le disulfiram pour les troubles modérés à sévères de l’usage de l’alcool. Mais ces recommandations sont rarement suivies, selon les chercheurs. Lire aussi: Que savez-vous des symptômes du sevrage alcoolique? [Quiz] Appel aux professionnels de la santé «Nos résultats suggèrent qu’en dépit des directives cliniques et des meilleures pratiques, les troubles de l’usage de l’alcool sont insuffisamment traités, laissant les individus sans accès à des traitements efficaces qui peuvent améliorer leur santé et leur bien-être», observe dans un communiqué de presse la Dre Eugenia Socías, auteure principale de l’étude et professeure adjointe au département de médecine de l’Université de Colombie-Britannique (UBC). «Nous avons constaté que la plupart des personnes n’avaient pas accès aux médicaments et que les taux d’observance restaient faibles dans l’ensemble, ce qui laisse beaucoup de place à l’amélioration pour le traitement des troubles de l’usage de l’alcool». L’étude mentionne qu’un diagnostic précoce et un meilleur accès aux médicaments sont nécessaires. «Les professionnels de la santé devraient être formés pour parler régulièrement avec les patients de leur consommation d’alcool afin d’assurer un diagnostic précoce tout en proposant des traitements fondés sur des preuves scientifiques», indique le Dr Seonaid Nolan, co-auteur de l’étude et responsable de la division des dépendances du Providence Health Care, à l’hôpital Saint-Paul de Vancouver.

Les traitements contre les troubles de l’usage de l’alcool sont sous-utilisés

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