Les tests cardiaques associés au cancer

Les tests d’imagerie cardiaque peu irradiants augmentent le risque de cancer chez les patients qui les subissent, laisse entendre une recherche présentée au congrès canadien sur la santé cardiovasculaire 2010, tenu à Montréal à l'automne.Bien que l’imagerie cardiaque ait été associée à une augmentation de 2,8 % du risque relatif de voir apparaître un cancer pour chaque augmentation de la dose de radiations de 10 millisievert (mSv), aucun effet sur la mortalité n’est apparu.Selon les chercheurs, les cardiologues ne doivent pas s’inquiéter ni arrêter de prescrire des examens.« Toutefois, même si l’augmentation des cas de cancer n’est pas énorme, les médecins devraient en être conscients, a dit le Dr Jonathan Afilalo, auteur principal de l’étude et cardiologue à l’Université McGill. Je ne pense pas qu’il faille changer de façon drastique nos modes de pratique avant d’avoir plus de données », a-t-il dit après sa présentation au congrès.Le Dr Afilalo et ses collègues ont analysé les dates de sortie de l’hôpital de plus de 82 000 patients québécois dont le premier infarctus aigu du myocarde s’était produit entre 1996 et 2006. Aucun de ces patients n’avait d’antécédent de cancer ou n’a consulté un oncologue au cours du suivi.Les auteurs de cette étude se sont concentrés sur quatre procédures : la scintigraphie myocardique de perfusion, qui donne une dose de radiations de 15,6 mSv; la ventriculographie isotopique de repos (7,8 mSv); la coronarographie diagnostique (7 mSv) et l’intervention coronarienne percutanée (15 mSv). Ces estimations concernant les doses de radiations sont basées sur un article publié le 27 août 2009 dans le New England Journal of Medicine par le Dr Reza Fazel de l’Emory University d’Atlanta et ses collègues. Pour lire cet article: http://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa0901249Les jeunes patients de sexe masculinLes chercheurs de l’Université McGill ont découvert que les jeunes patients de sexe masculin et les patients traités par un cardiologue avaient tendance à recevoir le plus de radiations. L’intervention coronarienne percutanée était l’examen le plus fréquemment prescrit, totalisant 42 % des tests, suivie par la scintigraphie myocardique de perfusion, qui totalisait 29 % des tests.Ils ont étudié l’incidence des cancers apparus un an après que les patients ont subi des examens cardiaques par imagerie.« Cette période de temps est discutable, bien sûr, a admis le Dr Afilalo. Nous ne connaissons pas la latence d’apparition d’un cancer après l’irradiation. » Ils ont pourtant réalisé des analyses de sensibilité en utilisant différents délais suivant les examens et ont trouvé des résultats similaires.Douze mille cancers ont été détectés après un suivi moyen de cinq ans. Parmi les cancers qui sont apparus, 39 % siégeaient au bassin, 20 % au thorax et les autres étaient distribués sur tout le corps. Le Dr Afilalo a mentionné qu’il veut continuer à examiner les sites pour voir s’il y avait une région qui était plus réceptive à l’égard du cancer après avoir été exposée à de faibles doses de radiations ionisantes pour cause d’examens cardiaques.Première étape: la pertinence« Je pense que la première étape est de vérifier la pertinence de tous les examens prescrits. Dans le cas d’un infarctus aigu du myocarde, tous les examens sont sans doute pertinents ou du moins indiqués d’une certaine façon », a précisé le Dr Afilalo.« La deuxième étape, a-t-il dit, est de suivre la tendance qui est de réduire la dose de radiations de chaque examen. Cette tendance se manifeste chez les fabricants des appareils, qui travaillent à obtenir une image comparable avec moins de radiations. »« Nous pouvons aussi envisager de commencer à mettre au clair la quantité de radiations à laquelle chaque patient est exposé », a relevé le Dr Afilalo.Il souhaite réexaminer sa cohorte pour voir si un des deux sexes ou un âge précis étaient plus sensibles au cancer. La cohorte du Dr Afilalo bénéficie d’un avantage, car depuis que les auteurs de l’étude se concentrent sur ce problème de radiations lié à ces examens, les patients qui la constituent risquent moins de subir de tels examens pour détecter des cancers.En tenant compte de tous les examens médicaux réalisés par imagerie, l’étude du Dr Fazel a révélé que la dose moyenne de radiations qui leur est associée était de 2,4 mSv par année dans une cohorte de plus de 655 000 patients âgés de moins de 64 ans. Plus de 20 % des femmes étudiées ont reçu de 3 mSv à 20 mSv en un an.

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