Les pharmaciens en GMF vont pouvoir faire leurs preuves

«C’est une super opportunité. Nous allons pouvoir faire la démonstration tangible du rôle des pharmaciens en GMF», s’enthousiasme Anne Maheu. Pharmacienne au GMF-U de Bordeaux-Cartierville, à Montréal, la coordonnatrice du projet de recherche du Réseau québécois des pharmaciens en groupe de médecine de famille (RQP GMF), une communauté de pratique qui rassemble environ 350 professionnels, espère en effet que ces projets pilotes vont convaincre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), ainsi que le Conseil du trésor, de la pertinence d’accroître les heures allouées aux pharmaciens en GMF. Présentement, 85% des 370 GMF de la province emploient un pharmacien. En général, ils y travaillent de 13 à 16 heures par semaine. L’intention est de rehausser de manière manifeste ces heures hebdomadaires dans le but de comprendre «comment s’organise la collaboration entre le pharmacien et les autres professionnels de la santé, quels rôles ils peuvent tenir et quelles missions ils peuvent accomplir avec des horaires élargis et aussi quels sont les bénéfices pour les patients», énumère Anne Maheu qui voit ces projets pilotes «comme une implantation structurée à petite échelle». Les cinq GMF concernés présentent des contextes différents, ont des enjeux particuliers et les pharmaciens qui y pratiquent ont mis en place des projets spécifiques. Au GMF Cyriac, situé à Jonquière, la pharmacienne a par exemple développé une liaison avec la deuxième ligne pour épauler les omnipraticiens dans leurs demandes de consultation pour les patients avec un diabète complexe. Au GMF des Abénakis, à Saint-Georges en Beauce, le pharmacien en poste s’implique quant à lui auprès des patients migraineux en collaboration avec des neurologues. Il s’investit également dans les soins aux personnes obèses. À lire aussi: Le GMF nouveau: L’interdisciplinarité en mouvement Dans Lanaudière, quatre pharmaciens travaillent dans les quatre sites du GMF Saint-Donat. «Ils vont tous les quatre y passer de 13h à 34h par semaine, l’idée étant de voir comment ils vont coordonner leurs activités à distance pour améliorer le suivi des patients en lien avec les pharmaciens communautaires», indique Anne Maheu, en soulignant que la diversité des contextes des cinq GMF choisis pour ces projets pilotes «va donner une belle représentativité de notre apport en première ligne». Implication dans les GAP Pharmacienne au GMF Lafontaine, à Rivière-du-Loup, Amélie Boudreau avoue avoir sauté sur l’occasion quand elle a su que des projets pilotes allaient être lancés par le MSSS. «Je suis super enthousiaste, car j’ai plein de projets à développer pour aider les médecins en première ou en deuxième ligne», explique-t-elle en s’estimant chanceuse. «Ici, on travaille en équipe. Les omnipraticiens veulent bien déléguer et tout le monde embarque dans mes projets.» La pharmacienne s’implique ainsi auprès des patients ayant des douleurs chroniques. Elle a notamment mis en place une entente de partenariat avec l’autre GMF de la ville pour les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC). «Une fois que le diagnostic est posé, on s’occupe des patients de manière autonome en partenariat avec les inhalothérapeutes.» Depuis début avril, cette entente a été élargie à toutes les conditions, hormis celles traitées à l’aide de narcotiques ou de benzodiazépines. «On va pouvoir aller plus loin dans la prise en charge des patients complexes multi médicamentés», se réjouit Amélie Boudreau. Parallèlement, la pharmacienne proactive a développé une trajectoire spécifique dans le cadre du déploiement du guichet d’accès à la première ligne (GAP). «Mon entente de partenariat inclut les patients orphelins. Je vais donc être en mesure de les suivre. Les pharmaciens communautaires peuvent ajuster une médication, mais pas en ajouter, alors que moi, j’ai cette latitude. Dans le cadre de cette trajectoire, les pharmaciens communautaires vont pouvoir me référer directement leurs patients à l’aide d’une procédure simplifiée», détaille la professionnelle qui n’a pas le temps de s’ennuyer. Au sein du dernier GMF concerné par ces projets pilotes, la Clinique médicale du Sud-Ouest, un GMF-R localisé à Verdun, les pharmaciens vont explorer la dynamique à quatre cliniciens en définissant une structure de collaboration adéquate. Ils vont également s’investir dans le soutien à domicile des patients et renforcer les liens avec les pharmacies communautaires du secteur. «Avec ces cinq projets pilotes, on a un bel éventail de tout ce que les pharmaciens peuvent faire en première ligne pour améliorer la prise en charge des patients», estime Anne Maheu, qui se languit déjà des premiers retours d’expérience. Verdict en avril 2023.

Les pharmaciens en GMF vont pouvoir faire leurs preuves

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