Les médias ont-ils une influence sur les habitudes de prescription?

Dans les semaines qui ont suivi la publication d'un article dans le New York Times largement relayé dans les médias et sur les réseaux sociaux sur le minoxidil oral à faible dose, le nombre d'adultes auxquels ce médicament a été prescrit pour la première fois a fait un bond spectaculaire. Selon une étude transversale publiée dans JAMA Network Open, qui a comparé les taux de prescription avant et après la publication, les prescriptions du médicament ont augmenté puis diminué. Pourtant, l'article du journal «ne faisait pas état de nouveaux résultats de recherche ou de preuves randomisées à grande échelle», peut-on lire dans l'étude. Il décrivait toutefois les expériences de traitement fructueuses de plusieurs dermatologues ainsi que les résultats d'une petite étude observationnelle portant sur des femmes souffrant de chute de cheveux et ayant reçu du minoxidil à faible dose par voie orale plutôt que topique. Pour réaliser l'étude, les chercheurs ont consulté les données issues de la base de données Truveta, qui contient les dossiers médicaux électroniques des systèmes de santé américains membres. Les patients inclus dans l’étude vivaient dans 13 États différents et avaient reçu pour la première fois du minoxidil oral avant (entre janvier et juillet 2022) ou après (entre août et décembre 2022) la publication de l'article. Au cours de ces périodes, 6 541 patients ont obtenu une première prescription de minoxidil oral. Parmi eux, 41,0% étaient des hommes et 36,8% avaient entre 45 et 64 ans. Au total, 2 846 patients ont reçu une ordonnance dans les sept mois précédant la publication de l'article, et 3 695, dans les cinq mois suivant la publication. «Le taux hebdomadaire de prescription initiale de minoxidil pour 10 000 consultations externes était significativement plus élevé huit semaines après la publication de l'article que huit semaines avant, dans l'ensemble», indique l'étude. À lire aussi: Des médecins s'inquiètent des nombreuses publicités pour le médicament Ozempic La proportion d'hommes (43,6% contre 37,7%) et de personnes de race blanche (68,6% contre 60,8%) était plus élevée après la publication qu'avant. Les personnes présentant des comorbidités étaient quant à elles moins nombreuses après la publication qu'avant. Ces comorbidités étaient les suivantes: diabète (16,0% après contre 22,1% avant); maladie rénale chronique (14,4% contre 22,3%); et hypertension (38,3% contre 46,7%). Après le bond initial suivant la publication de l'article, les taux de prescription sont redescendus. Les auteurs notent qu'ils n'ont pas observé d'augmentation similaire des prescriptions initiales pour deux médicaments de référence, le finastéride à faible dose ou les médicaments contre l'hypertension (puisque le minoxidil est un antihypertenseur). «Nos résultats suggèrent que la couverture médiatique seule, même sans nouvelle recherche ou avec des preuves limitées, peut être associée à des changements immédiats dans la prescription, même si ceux-ci peuvent ne pas être durables.» Les auteurs notent que «les facteurs socio-économiques, tels que l'accès aux soins de santé, le niveau d'éducation et de revenu, pourraient être associés au fait que certains individus ont cherché à obtenir du minoxidil oral à faible dose après la publication de l'article». L'étude n'a pas examiné si l'article du journal a incité les patients à demander le médicament ou s'il a plutôt influencé directement les prescripteurs.

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