Les médecins doivent être mieux formés pour annoncer une mauvaise nouvelle

Annoncer un décès, informer un patient ou sa famille d’une maladie en phase terminale, expliquer les détails de la perte d'un membre ou d'un organe… Tout au long de leur carrière, les médecins n'ont d'autre choix que d'annoncer un large éventail de mauvaises nouvelles.Cette tâche serait une source d’anxiété pour plus de la moitié d’entre eux (50,8%), d’après une étude transversale dirigée par le Dr Eray Serdar Yurdakul, professeur de médecine à l'Université des sciences de la santé d'Istanbul, et publiée dans la revue Humanities and Social Sciences Communications. «Ce chiffre a pu augmenter avec l’essor du nombre d'infections à la COVID-19 annoncées avant que la pathologie ne soit connue», écrivent les coauteurs. Ils ont interrogé 120 médecins travaillant dans les services de COVID-19 et praticiens en médecine interne et en chirurgie.À lire aussi: Être bien préparé pour affronter des situations médicales déstabilisantes«La pandémie de COVID-19 a révélé le besoin de formation des médecins pour "annoncer les mauvaises nouvelles"», poursuivent les auteurs. Selon leurs recherches, environ 68,3% des médecins n'avaient reçu aucune formation et, sur les 120 médecins interrogés, seuls 14,2% d'entre eux estimaient se sentir «toujours» compétents lorsqu'ils le faisaient. L’étude conclut qu'un soutien institutionnel est nécessaire pour protéger les travailleurs de la santé des problèmes de santé mentale qui y sont associés. L'anxiété liée à l'annonce d'une mauvaise nouvelle est une pression supplémentaire qui s'ajoute à leur charge mentale, déjà lourde en contexte de pandémie.Une formation dès le premier cycleDans le détail, la cause sous-jacente la plus fréquente de cette anxiété (50%) est la réaction du patient à la mauvaise nouvelle. Les aspects les plus pénibles de l'annonce d'une mauvaise nouvelle aux patients ou à leurs proches sont l'annonce d'un décès (65,8%), une maladie mortelle (13,3%) et la perte d'un membre ou d'une fonction organique (8,3%). Informer les proches du décès d'un patient atteint de la COVID-19 a également été source d'anxiété chez les médecins, car, dans ces circonstances, ces derniers avaient eux-mêmes été exposés au virus et risquaient de développer une infection.À lire aussi: Quelle est la meilleure manière d’annoncer une mauvaise nouvelle à un patient?Les chercheurs suggèrent que le protocole actuel «SPIKES» en six étapes (préparation de l'environnement, perception de l'état, invitation à donner des informations, connaissances, exploration des émotions, stratégie et résumé) pourrait ainsi ne pas être suffisant en contexte pandémique, lorsque les conditions médicales sont incertaines. «Il est important de planifier la formation des cliniciens, et ce, dès le premier cycle universitaire, pour qu'elle soit à la fois pratique et théorique en termes de techniques de communication, en particulier lorsqu'il s'agit d'annoncer de mauvaises nouvelles», soulignent les chercheurs. Si la formation en personne reste précieuse, les technologies numériques telles que les vidéoconférences et les webinaires pourraient être de bonnes alternatives pour les médecins, selon les auteurs de l'étude. La mise en place de politiques de soutien et l'organisation de formations en ligne et par simulation pourraient contribuer à atténuer le stress que les médecins ressentent face à cette responsabilité.

Les médecins doivent être mieux formés pour annoncer une mauvaise nouvelle

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