Les femmes souffrant de problèmes vasculaires présentent un risque plus élevé de déclin cognitif que les hommes

Les femmes souffrant de maladies cardiovasculaires et de facteurs de risque connexes au milieu de leur vie sont plus susceptibles d'être confrontées à un déclin cognitif que les hommes. Et ce, malgré une prévalence plus élevée de maladies cardiovasculaires chez les hommes. Cette conclusion est tirée d'une étude de population publiée dans la revue Neurology, qui a cherché à déterminer s'il existe des différences entre les sexes en ce qui concerne les associations entre le déclin cognitif et les maladies cardiovasculaires à mi-vie. «En ce qui concerne les maladies vasculaires, la plupart des études ont historiquement examiné les facteurs vasculaires qui affectent la cognition à la fin de la vie, ou les ont examinés à mi-vie pour prédire le risque cognitif de démence à la fin de la vie. Peu d'études ont examiné l'association entre les facteurs vasculaires et la cognition à mi-vie», a déclaré Michelle Mielke, PhD, coauteure de l'étude et professeure d'épidémiologie et de neurologie à la Mayo Clinic de Rochester, Minnesota. Plusieurs différences clés liées au sexe sont déjà connues. Tout d'abord, les hommes développent généralement des facteurs de risque cardiovasculaire tels que l'hypertension, le diabète et la dyslipidémie à un âge plus précoce et ont un risque plus élevé de développer une maladie coronarienne (MC) que les femmes. En revanche, les femmes ont un risque plus élevé d'accident vasculaire cérébral, qui a tendance à se produire à un âge plus avancé. «Plus précisément, nous avons constaté que certains troubles cardiovasculaires, tels que le diabète, les maladies cardiaques et la dyslipidémie, étaient davantage associés au déclin cognitif chez les femmes que chez les hommes», a-t-elle déclaré. Pour cette étude prospective, les chercheurs ont utilisé les données de la Mayo Clinic Study on Aging (MCSA). La MCSA est une étude de cohorte à long terme lancée en 2004 pour étudier la prévalence, l'incidence et les facteurs de risque des troubles cognitifs légers. Elle a inclus les personnes âgées de 70 à 89 ans vivant dans le comté d'Olmstead, au Minnesota, mais a été étendue aux personnes âgées de 50 à 69 ans en 2012. L'étude a inclus les 1857 participants non déments, âgés de 50 à 69 ans, lors de leur visite de référence entre février 2012 et février 2020. Chaque participant a eu un entretien en personne avec un coordinateur de l'étude tous les 15 mois, ainsi qu'un examen médical et des tests neuropsychologiques réalisés par un psychométricien. Les tests neuropsychologiques ont porté sur différents aspects de la mémoire, du langage, des fonctions exécutives et des compétences visuo-spatiales. Parmi les participants, 920 étaient des hommes, 937 des femmes et l'IMC moyen était de 29,7. Au total, 1465 (78,9%) des participants présentaient au moins une affection ou un facteur de risque cardiovasculaire, soit 767 (83,4%) hommes et 698 (74,5%) femmes. Les hommes ont présenté une fréquence plus élevée d'affections cardiovasculaires individuelles (coronaropathies, arythmies, insuffisance cardiaque congestive (ICC), maladie vasculaire périphérique et accident vasculaire cérébral) ou de facteurs de risque (hypertension, diabète, dyslipidémie, tabagisme (actuel ou ancien), indice de masse corporelle et obésité). La durée moyenne de suivi de tous les participants était de trois ans. Au total, 1394 participants inclus ont été suivis dans les analyses de l'étude. Au fil du temps, il a été constaté que les facteurs de risque de base pour les MCV ou les antécédents de tabagisme étaient associés à un déclin plus important des scores cognitifs en général. Les personnes souffrant d'affections cardiovasculaires manifestes ont également présenté un déclin plus important des scores cognitifs que les autres. Plus précisément, les participants qui souffraient de diabète, d'une maladie coronarienne ou d'autres affections cardiovasculaires au départ, et qui avaient déjà fumé, ont présenté un déclin significativement plus important des mesures de mémoire, de langage et d'attention. En revanche, l'hyperlipidémie, l'IMC et l'obésité n'ont pas été associés au déclin de la cognition. L'hypertension a été associée à un déclin plus important du langage et de l'attention, tandis que l'insuffisance cardiaque, à un déclin plus important de la mémoire. Pour un certain nombre d'affections cardiovasculaires et de facteurs de risque, les femmes ont présenté un déclin cognitif plus important que les hommes. Par exemple, les femmes souffrant de coronaropathie ou d'autres affections cardiovasculaires présentaient un déclin deux fois plus important de la cognition globale et de la mémoire que les hommes. Les femmes présentant des facteurs de risque tels que le diabète, la dyslipidémie, une coronaropathie, d'autres affections cardiovasculaires ou l'obésité ont connu des baisses plus importantes des scores de langage. En revanche, les hommes souffrant d'insuffisance cardiaque ou fumeurs ont présenté des associations plus fortes avec le déclin des scores linguistiques que les femmes. Le déclin des scores cognitifs ne signifie pas nécessairement un risque accru de démence, a nuancé la Dre Mielke en entrevue. Les auteurs ont noté que l'étude «contribue au domaine en incluant l'évaluation de plusieurs domaines cognitifs». Selon la Dre Sharon Mulvagh, cardiologue, professeure de médecine à l'Université Dalhousie et codirectrice de la clinique de santé cardiaque pour femmes du Maritime Heart Center, l'étude permet de mieux comprendre les différences entre les femmes et les hommes en matière de risques cardiovasculaires. Elle ne faisait pas partie du groupe d'études. Elle a fait remarquer que la cohorte semblait avoir une meilleure santé que la moyenne. «Le problème qu'ils mettent en évidence dans cette étude est quelque chose qui a été reconnu», a-t-elle soutenu. Mais les maladies cardiaques chez les femmes sont généralement méconnues, insuffisamment étudiées et insuffisamment traitées. Et les domaines cardiovasculaires spécifiques aux femmes doivent faire l'objet d'une attention accrue, comme les problèmes liés à la grossesse qui peuvent avoir des effets à plus long terme - ainsi que l'hypertension pendant la grossesse, incluant la prééclampsie, l'éclampsie, le diabète gestationnel et la naissance prématurée. La Dre Mulvagh a recommandé aux médecins de consulter le rapport 2019 de la Fondation des maladies du cœur du Canada sur les troubles cognitifs d'origine cardiaque, vasculaire et cérébrale, qui traite du spectre et de l'interconnexion de ces problèmes cardiaques et cérébraux. Il souligne que bon nombre de ces risques sont plus élevés chez les femmes. Par exemple, il indique que 12% plus de femmes que d'hommes meurent de problèmes cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux ou de troubles cognitifs vasculaires. La meilleure chose à faire est de travailler à la prévention des MCV et des démences, ce qui se traduit par le maintien d'une bonne santé vasculaire, a-t-elle dit. Cela fait suite aux recommandations normales d'un mode de vie sain pour le cœur, comprenant une alimentation saine, de l’activité physique, le dépistage et le traitement des facteurs de risque cardiovasculaire, a-t-elle ajouté.

Les femmes souffrant de problèmes vasculaires présentent un risque plus élevé de déclin cognitif que les hommes

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