«Les fausses promesses électorales font souffrir les patients» -- Dr Paul Saba

«Les partis politiques doivent faire attention aux fausses promesses électorales. Elles contribuent à faire souffrir inutilement les patients», affirme à ProfessionSanté.ca le Dr Paul Saba, président de la Coalition des médecins pour la justice sociale.«Dans mon propre hôpital (Saint-Joseph de Lachine), poursuit-il, jusqu’à quatre patients se partagent une même chambre et, parfois, ils sont 10 pour une seule toilette. Il y a quatre ans que le gouvernement a signé un contrat pour le rénover et le développer, au coût d’environ 60 millions $.»«Or, déclare le médecin, jusqu'à présent, pas un sou n’a été investi. C’est cela aussi la réalité de notre réseau de la santé qui est, je le concède, un puits sans fond.»Bien communNous avons demandé au Dr Saba de noter les partis politiques selon la qualité de leur programme en santé.«Je m’y refuse, ça risquerait d’être interprété comme un appui à tel ou tel parti, ce que je ne veux pas faire. Quel que soit le prochain gouvernement, nous voulons nous assurer qu’il travaille vraiment pour le bien commun», a-t-il répondu.Tous les partis, par exemple, veulent trouver un médecin de famille à chaque citoyen. La situation serait corrigée en un an, selon la Coalition Avenir Québec, ou sur un horizon de quatre ans, avec le Parti Québécois.«Bravo, commente le Dr Saba, puisqu’un million de personnes, dont 300 000 à Montréal, sont des patients orphelins ; ils n’ont pas de médecin de famille!»«Je n’abandonnerais pas l’idée de créer un Pharma-Québec. Voilà une bonne suggestion à ne pas écarter sous prétexte qu’elle provient de Québec solidaire», ajoute le médecin.Avoir un programme universel de médicaments avec une industrie locale, pour des médicaments à prix abordable, c’est souhaitable, «surtout avec les économies annuelles de deux milliards $ que promet Québec Solidaire».Non au privé«Il n’y a pas de formule magique, sinon celle qui consiste à dire que le recours au privé n’est pas une formule magique», affirme le président de la Coalition.«Penser que le privé va tout régler, c’est vraiment de la pensée magique», souligne-t-il à plusieurs reprises.«Les radiologistes, par exemple, sont les seuls médecins à avoir le droit de travailler dans le public et dans le privé. On voit ce que ça donne pour les listes d’attente. On ne peut pas demander à des médecins dont la mentalité les porte vers le privé de militer pour la défense du réseau public», déclare-t-il.La Coalition des médecins pour la justice sociale souhaite augmenter le nombre de médecins de famille en formation. Elle propose d’encourager ceux qui sont en fin de carrière à pratiquer plus longtemps, via des crédits d'impôt par exemple.«Le plafonnement salarial constitue une autre barrière qui décourage les médecins de famille souhaitant travailler davantage d'heures», note le Dr Saba.En attendant, les médecins sur le terrain peuvent déjà commencer à mieux se coordonner, soutient le Dr Saba.«Le CLSC, par exemple, excelle pour ce qui est des services à domicile, mais performe moins pour la médecine de famille», indique-t-il.PréventionLa Coalition des médecins pour la justice sociale encourage la prévention. «Il faut investir davantage dans les programmes de prévention et de traitement pour enrayer l'alcoolisme, les drogues et des jeux compulsifs, déclare-t-il. La dépression et le suicide chez nos jeunes sont des fléaux dont il faut s'occuper.»Une meilleure nutrition et davantage d'activité physique sont aussi deux mesures que la Coalition jugent urgentes de voir appliquées.Comment? «En encourageant l'aller-retour à l'école à pied ou à vélo de façon sécuritaire», dit le Dr Saba.Quant à la nutrition, la Coalition prône l’achat et la préparation d’aliments frais, si possible biologiques et produits localement. Pourquoi localement? «Pour une meilleure santé alimentaire tout en aidant la production et l'économie locale», explique le médecin.PauvretéUn facteur déterminant pour la santé enfin, c'est la pauvreté, conclut le Dr Saba.«Nos concitoyens habitant à l'est du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, vivent en moyenne une dizaine d'années de moins que ceux à l'ouest de cette même rue. À n'en pas douter, les moyens financiers constituent le facteur déterminant», indique-t-il.Comment diminuer cet écart? «En instaurant un salaire minimum, raisonnable et vivable pour tous nos concitoyens. Il faut aussi s'assurer que nos familles aient les moyens de faire vivre leurs enfants en santé», conclut-il.

«Les fausses promesses électorales font souffrir les patients» -- Dr Paul Saba

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