Les électeurs du Kansas protègent de façon retentissante leur accès à l'avortement

Les électeurs du Kansas ont envoyé mardi un message retentissant sur leur volonté de protéger le droit à l'avortement, en rejetant une mesure électorale dans un État conservateur ayant des liens profonds avec le mouvement anti-avortement, qui aurait permis à la législature contrôlée par les républicains de renforcer les restrictions ou d'interdire complètement la procédure. Il s'agissait du premier test du sentiment des électeurs après la décision de la Cour suprême des États-Unis, en juin, qui a annulé le droit constitutionnel à l'avortement, donnant un résultat inattendu avec des implications potentielles pour les prochaines élections de mi-mandat. Bien qu'il ne s'agisse que d'un seul État, la forte participation à une primaire du mois d'août, qui favorise généralement les républicains, a constitué une victoire majeure pour les défenseurs du droit à l'avortement. Après le dépouillement de la plupart des votes, ils l'ont emporté d'environ 20 points de pourcentage, avec un taux de participation proche de ce qui est typique pour une élection de gouverneur à l'automne. Le vote a également apporté une lueur d'espoir aux démocrates de tout le pays, qui cherchent à changer la donne au cours d'une année électorale par ailleurs pleine de mauvais présages pour leurs perspectives en novembre. «Ce vote montre clairement ce que nous savons: la majorité des Américains sont d'accord pour que les femmes aient accès à l'avortement et aient le droit de prendre leurs propres décisions en matière de santé», a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué. Après avoir appelé le Congrès à «rétablir les protections de Roe» dans la loi fédérale, le président Biden a ajouté: «Et le peuple américain doit continuer à utiliser sa voix pour protéger le droit aux soins de santé des femmes, y compris l'avortement.» Le vote du Kansas a également représenté un avertissement pour les républicains qui avaient célébré l'arrêt de la Cour suprême et s'étaient empressés d'interdire ou de quasi-interdire l'avortement dans près de la moitié des États. «Le Kansas a rejeté sans ambages les tentatives des politiciens anti-avortement de créer un État policier en matière de reproduction, a indiqué Kimberly Inez McGuire, directrice exécutive de Unite for Reproductive & Gender Equity. Le vote d'aujourd'hui a été une puissante réprimande et une promesse de la résistance croissante.» L'amendement proposé à la Constitution du Kansas aurait ajouté un libellé indiquant qu'il n'accorde pas le droit à l'avortement. Une décision de 2019 de la Cour suprême de l'État a déclaré que l'accès à l'avortement est un droit «fondamental» en vertu de la Déclaration des droits de l'État, empêchant une interdiction et contrecarrant potentiellement les efforts législatifs visant à promulguer de nouvelles restrictions. Le référendum a été suivi de près en tant que baromètre de la colère des électeurs libéraux et modérés face à la décision de la Cour suprême supprimant le droit national à l'avortement. Au Kansas, les opposants à l'avortement n'ont pas voulu dire quelle législation ils appliqueraient si l'amendement était adopté et se sont hérissés lorsque les opposants ont prédit que cela conduirait à une interdiction. Mallory Carroll, porte-parole du groupe national anti-avortement Susan B. Anthony Pro-Life America, a qualifié le vote d'«énorme déception» pour le mouvement et a appelé les candidats anti-avortement à «passer à l'offensive». Elle a ajouté qu'après la décision de la Cour suprême des États-Unis, «nous devons travailler de manière exponentielle pour obtenir et maintenir des protections pour les enfants à naître et leurs mères.» L'échec de la mesure a également été significatif en raison des liens du Kansas avec les militants anti-avortement. Les manifestations anti-avortement «Summer of Mercy» en 1991 ont incité les opposants à l'avortement à prendre le contrôle du parti républicain du Kansas et à rendre la législature plus conservatrice. Ils étaient là parce que la clinique du Dr George Tiller était l'une des rares aux États-Unis à pratiquer des avortements en fin de grossesse, et qu'il a été assassiné en 2009 par un extrémiste anti-avortement. Les législateurs anti-avortement voulaient que le vote coïncide avec les primaires d'août de l'État, arguant qu'ils voulaient s'assurer qu'il fasse l'objet d'une attention particulière, alors que d'autres y ont vu une tentative évidente d'augmenter leurs chances de gagner. Au cours de la décennie qui a précédé l'élection de mardi, deux fois plus de républicains que de démocrates ont voté aux primaires d'août de l'État. «Ce résultat n'est qu'un revers temporaire, et notre lutte acharnée pour valoriser les femmes et les bébés est loin d'être terminée», a commenté la coalition à la tête de la campagne pour le vote positif. L'électorat du vote de mardi n'était pas typique d'une primaire au Kansas, notamment parce que des dizaines de milliers d'électeurs non affiliés ont voté. Kristy Winter, 52 ans, enseignante dans la région de Kansas City et électrice non affiliée, a voté contre la mesure et a amené sa fille de 16 ans avec elle dans son bureau de vote. «Je veux qu'elle ait le même droit de faire ce qu'elle juge nécessaire, surtout en cas de viol ou d'inceste, a-t-elle affirmé. Je veux qu'elle ait les mêmes droits que ma mère a eus pendant la majeure partie de sa vie.» Les opposants à la mesure ont prédit que les groupes anti-avortement et les législateurs à l'origine de la mesure feraient rapidement pression en faveur d'une interdiction de l'avortement si les électeurs l'approuvaient. Avant le vote, les partisans de la mesure ont refusé de dire s'ils poursuivraient l'interdiction en faisant appel aux électeurs qui soutiennent à la fois certaines restrictions et un certain accès à l'avortement. Stephanie Kostreva, une infirmière scolaire de 40 ans de la région de Kansas City et une démocrate, a dit qu'elle a voté en faveur de la mesure parce qu'elle est chrétienne et croit que la vie commence à la conception. «Je ne suis pas à fond dans l'idée qu'il ne devrait jamais y avoir d'avortement, a-t-elle dit. Je sais qu'il y a des urgences médicales, et quand la vie de la mère est en danger, il n'y a aucune raison pour que deux personnes meurent.» Un groupe anonyme a envoyé lundi un texte trompeur aux électeurs du Kansas leur disant de «voter oui» pour protéger le choix, mais il a été suspendu tard lundi de la plateforme de messagerie Twilio qu'il utilisait, selon un porte-parole. Twilio n'a pas identifié l'expéditeur. La décision rendue en 2019 par la Cour suprême du Kansas, protégeant le droit à l'avortement, a bloqué une loi qui interdisait la procédure la plus courante du deuxième trimestre, et une autre loi imposant des règles sanitaires spéciales aux prestataires d'avortement est également en attente. Les opposants à l'avortement ont fait valoir que toutes les restrictions existantes de l'État étaient en danger, bien que certains juristes aient trouvé cet argument douteux. Le Kansas n'interdit pas la plupart des avortements avant la 22e semaine de grossesse. Le vote du Kansas est le début de ce qui pourrait être une longue série de batailles juridiques se déroulant là où les législateurs sont plus conservateurs sur l'avortement que les gouverneurs ou les tribunaux d'État. Le Kentucky se prononcera en novembre sur l'opportunité d'ajouter à la constitution de son État un texte similaire à l'amendement proposé par le Kansas. Entre-temps, le Vermont décidera en novembre d'ajouter ou non une disposition relative au droit à l'avortement dans sa constitution. Une question similaire sera probablement soumise au vote en novembre dans le Michigan. Au Kansas, les deux parties ont dépensé ensemble plus de 14 millions de dollars pour leur campagne. Les fournisseurs d'avortement et les groupes de défense du droit à l'avortement ont été les principaux donateurs du camp du "non", tandis que les diocèses catholiques ont largement financé la campagne du "oui". Au Kansas, les deux camps ont dépensé ensemble plus de 14 millions de dollars pour leur campagne. Les prestataires d'avortement et les groupes de défense du droit à l'avortement ont été les principaux donateurs du camp du «non», tandis que les diocèses catholiques ont largement financé la campagne du «oui». L'État a eu de fortes majorités anti-avortement dans sa législature depuis 30 ans, mais les électeurs ont régulièrement élu des gouverneurs démocrates, dont Laura Kelly en 2018. Elle s'est opposée à l'amendement proposé, affirmant que modifier la constitution de l'État reviendrait à «rejeter l'État dans l'âge des ténèbres». Le procureur général de l'État, Derek Schmidt, un républicain qui espère détrôner Kelly, a soutenu la proposition d'amendement constitutionnel. Avant les élections, il a déclaré à la chaîne de télévision catholique EWTN qu'«il y avait encore des progrès à faire» pour réduire le nombre d'avortements, sans préciser ce qu'il signerait en tant que gouverneur. Bien que les opposants à l'avortement fassent pression presque chaque année pour de nouvelles restrictions jusqu'à la décision de la Cour suprême de l'État en 2019, ils se sentent limités par les décisions de justice passées et les gouverneurs démocrates comme Kelly.

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