Les doyens de facultés craignent que les médecins n’abandonnent l’enseignement

Le projet de loi 20 pourrait amener un grand nombre de médecins à abandonner l’enseignement afin de se concentrer sur leurs cibles de patients, ce qui pourrait avoir un impact direct sur la formation des futurs médecins et autres professionnels de la santé, craignent les doyens des quatre facultés de médecine de la province.Les Drs Rénald Bergeron (Laval), Pierre Cossette (Sherbrooke), Hélène Boisjoly (UdM) et David Eidelman (McGill) se sont dits d’accord, lors de la commission parlementaire, avec le fait que des changements doivent être apportés à l’organisation des soins pour offrir de meilleurs services médicaux. Mais au grand dam du ministre Barrette, ils ont dit ne pas pouvoir appuyer le P.L.20 dans sa forme actuelle, notamment à cause des risques qu’il fait courir sur la formation.«À la lecture du projet de loi, on passe entièrement sous silence les besoins particuliers de l'enseignement en médecine de famille et on effleure à peine ceux de l'enseignement dans les autres spécialités, a déploré le Dr Eidelman. Il est essentiel que le rôle de médecin enseignant soit reconnu. On ne le voit pas dans le projet de loi 20, et c'est pour cette raison-là qu’il ne nous apparaît pas acceptable du tout.»Désengagement médecins enseignantsLes médecins de famille cliniciens enseignants jouent un rôle majeur dans la formation de premier cycle au doctorat en médecine. Ils assurent, selon les facultés, entre 20 % et 70 % de l'enseignement total. De plus, ils participent à la formation d'autres professionnels de la santé tels que les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) de première ligne et les pharmaciens.Le Dr Rénald Bergeron a indiqué devant les parlementaires que plusieurs centaines d’entre eux ont signé une lettre signifiant qu’ils ne pourraient plus continuer à s’impliquer autant dans l’enseignement si on applique les méthodes de calculs du ministre. Des médecins exerçant dans les UMF à travers la province disent avoir repris contact avec leur ancien bureau afin d’y retourner pratiquer, sans se soucier de l’enseignement.Des 8000 médecins membres de la FMOQ, 3000 participent à l'enseignement dont 800 de façon plus intensive dans les UMF.«Si on perd ce monde-là à 25 %, on ne parviendra plus à atteindre les 55 % de pourcentage d'entrées dans nos programmes de médecine familiale, a prévenu le Dr Bergeron. C’est une menace que nous les doyens devront porter.»Au cours des 10 dernières années, le nombre d'étudiants entrant au programme de résidence en médecine familiale a doublé et les facultés se disent en voie d’atteindre la cible de 55 %. , anticipent les recteurs, Dans sa forme actuelle, le projet de loi 20 pourrait sérieusement compromettre les gains réalisés quant à la perception positive de la médecine familiale comme choix de carrière.Les quatre doyens ont soumis six principes pour appuyer le projet de loi 20, dont la reconnaissance du statut de médecin de famille enseignant et chercheur et de celui de médecin spécialiste enseignant et chercheur.Le ministre Barrette s’est dit favorable à des pondérations pour ces médecins.

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