Les contraceptifs hormonaux associés à un risque accru de dépression post-partum

Une équipe de l’Hôpital universitaire de Copenhague, au Danemark, a examiné le lien entre la contraception hormonale et le risque de dépression post-partum chez les mères après la naissance de leur premier enfant. Leur étude de cohorte basée sur la population, publiée dans le JAMA Network Open, a porté sur 610 038 mères primipares sélectionnées dans un registre danois national, et ayant accouché entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2022. Les femmes étaient exclues si elles avaient souffert de dépression dans les 24 mois précédant l'accouchement, de naissances multiples ou de mortinatalité, ou si elles avaient reçu un diagnostic de cancer du sein ou de tumeur du foie.À lire aussi: Les infirmières, sage-femmes et doulas peuvent aider pour la santé mentale des mèresSur les 610 038 participantes, 248 274 (40,7%) ont commencé à prendre des contraceptifs oraux dans les 12 mois suivant l'accouchement. Les types de contraceptifs hormonaux ont été classés en contraceptifs oraux combinés (COC), contraceptifs non oraux combinés (CNOC), pilules à progestatif seul (POP) et contraceptifs non oraux à progestatif seul (PNOC).Parmi toutes les participantes, 23,6% ont utilisé les COC, 0.9% les CNOC, 10,9% les POP et 5,3% les PNOC dans l’année suivant l’accouchement. La durée moyenne du suivi était de 11,7 mois, et 1,5% des mères ont développé une dépression dans les 12 mois suivant l’accouchement. Plus la contraception est commencée tôt, plus le risque de dépression est importantL'initiation de la contraception orale après l'accouchement était associée à un risque instantané de dépression 1,49 fois plus élevé (IC à 95%, 1,42-1,56) que l'absence d'utilisation de contraception orale, et le risque absolu de dépression à 12 mois après l'accouchement est passé de 1,36% à 1,54%. Ce, quel que soit le type de contraception orale, à l'exception des pilules progestatives seules, pour lesquelles le risque était initialement réduit puis augmenté tardivement après l'accouchement. Dans le détail, le rapport de risque ajusté pour les COC était de 1,72 (IC à 95%, 1,63-1,82); CNOC, 1,97 (IC à 95%, 1,64-2,36); et PNOC, 1,40 (IC à 95%, 1,25-1,56). «Plus l'utilisation de la contraception orale combinée était initiée tôt après l'accouchement, plus le taux de dépression associé était élevé», peu importe l’âge, soulignent les auteurs, qui ajoutent que le risque était plus prononcé chez les femmes sans antécédents de troubles mentaux. Une période de plus grande vulnérabilitéL'association entre le moment de l'initiation des COC et le risque de dépression pourrait selon eux indiquer que le début de la période post-partum constitue une période de plus grande vulnérabilité. Par ailleurs, l'interaction entre les changements hormonaux brusques et les facteurs de stress psychologiques pourrait modérer le risque lié à l'utilisation de contraceptifs oraux. À lire aussi: Une nouvelle plateforme d'informations sur les médicaments et la grossesse«Ce résultat soulève la question de savoir si l'incidence de la dépression post-partum est augmentée par l'initiation systématique des contraceptions hormonales après l'accouchement, une information importante à transmettre lors des consultations de contraception post-partum», concluent les chercheurs danois. Les auteurs reconnaissent que leur recherche comporte plusieurs limites, notamment son caractère observationnel, le fait que la dépression n'est pas toujours la raison première d'une prescription d'antidépresseurs, que la date de délivrance d'une ordonnance peut ne pas correspondre à la date de début de celle-ci, et que les résultats pourraient ne pas s'appliquer aux cas de dépression plus légers. RéférenceLarsen SV, Ozenne B, Mikkelsen AP, et coll. Postpartum Hormonal Contraceptive Use and Risk of Depression. JAMA Netw Open. 2025;8(3):e252474. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.2474

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