Les antidépresseurs ISRS/IRSN sont-ils sécuritaires pendant la grossesse?

La déclaration de principe actualisée de la Société canadienne de pédiatrie a pris en considération les résultats néonatals pour déterminer si les nourrissons exposés aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS)/ inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) pendant la grossesse nécessitent une surveillance particulière. La déclaration de principe souligne que la dépression périnatale (survenant pendant la grossesse et au cours de la première année du post-partum) est l'une des morbidités périnatales les plus courantes, avec une prévalence estimée à 7,5% pendant la grossesse et à 6,5% au cours des trois premiers mois du post-partum. Lorsque les troubles dépressifs mineurs sont également inclus, ces taux grimpent à 18,4% et 19,2%, respectivement. De même, la prévalence des symptômes d'anxiété autodéclarés pendant la grossesse est de 18,2%, et augmente à 24,6% au troisième trimestre. Les symptômes d'anxiété postnatale surviennent chez environ 15% des femmes. À lire aussi: Rappel d’un contraceptif oral: un placebo à la place d’un comprimé actif Si elles ne sont pas traitées, la dépression et l'anxiété maternelles peuvent avoir des effets néfastes sur la grossesse et le nouveau-né. Les traitements non pharmacologiques sont considérés comme étant de première intention, bien qu'un traitement pharmacologique puisse être nécessaire. Les ISRS et les IRSN sont les antidépresseurs les plus couramment prescrits pendant la grossesse. La déclaration de principe a fait une revue de la littérature portant sur l'innocuité des ISRS et des IRSN pendant la grossesse, y compris les malformations congénitales, les résultats de grossesse, le syndrome d’inadaptation néonatale (également appelé syndrome de sevrage néonatal et syndrome d'arrêt de la sérotonine), l'hypertension pulmonaire persistante du nouveau-né et les risques sur l’évolution neurodéveloppementale. Elle a également examiné les exigences en matière de surveillance pendant la période néonatale des nourrissons exposés à un ISRS ou à un IRSN pendant la grossesse et si les mères les utilisant devraient allaiter. Dans l'ensemble, le document conclut que l'utilisation maternelle d'un ISRS ou d'un IRSN pour traiter la dépression pendant la grossesse est sans danger pour le fœtus, tandis que la dépression ou l'anxiété maternelle non traitée est associée à des conséquences néfastes pour la mère et le nouveau-né. La plupart des femmes qui poursuivent le traitement par ISRS ou IRSN pendant la grossesse ont des bébés en bonne santé. Le risque de syndrome d’inadaptation néonatale peut être augmenté, mais il est généralement autolimitant et traitable par des moyens non pharmacologiques. Les mères devraient être encouragées à allaiter leur nourrisson pendant le traitement par un ISRS ou un IRSN. À lire aussi: Grossesse: une infection virale pourrait entraîner des conséquences neuropsychiatriques chez les ados La déclaration de principe maintient que la littérature est incohérente en ce qui concerne la sécurité de l'exposition in utero aux ISRS ou aux IRSN, y compris les risques néonatals et neurodéveloppementaux. Des données provenant d'études prospectives de grande envergure utilisant des échantillons de taille adéquate, des comparaisons appropriées et des ajustements pour tenir compte des facteurs de confusion sont nécessaires pour examiner les effets de l'utilisation d'ISRS ou d'IRSN pendant la grossesse et au-delà, en tenant compte du type d'ISRS/IRSN, de la posologie, du moment et de la durée d'utilisation. La déclaration de principe se termine par les recommandations suivantes à l'intention des cliniciens: Une dépression ou une anxiété maternelle non traitée peut nuire à la grossesse, au nouveau-né, au développement de l'enfant et au fonctionnement de la famille. Bien que les traitements non pharmacologiques soient envisagés en première ligne, les mères et les familles doivent être soutenues lorsqu'elles décident d'utiliser un médicament antidépresseur pendant la grossesse ou pendant la période post-partum. Les femmes qui prennent un ISRS ou un IRSN pendant la grossesse doivent être informées que le risque global de malformations congénitales ou d'hypertension pulmonaire persistante est faible. Les femmes qui prennent un ISRS ou un IRSN pendant la grossesse doivent être informées que le nourrisson peut développer un syndrome d’inadaptation néonatale. Ce dernier survient chez jusqu'à 30% des nouveau-nés exposés in utero à la prise d'ISRS ou d'IRSN par la mère, en particulier au cours du troisième trimestre. Les symptômes (faible tonus musculaire, tremblements, nervosité, irritabilité, convulsions, difficultés d'alimentation, troubles du sommeil, hypoglycémie, détresse respiratoire) sont généralement légers et transitoires, et répondent à des traitements non pharmacologiques tels qu'un environnement calme, l'emmaillotage, les soins peau à peau, et une alimentation fréquente. Les symptômes disparaissent généralement de quelques jours à deux semaines après la naissance. Les femmes qui utilisent un ISRS ou un IRSN pendant la grossesse doivent être informées du fait que les troubles comportementaux chez les enfants (trouble du spectre autistique, trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité) n'ont pas été associés de manière convaincante à l'exposition à ces médicaments pendant la grossesse. Aucune surveillance spécifique n'est recommandée pour les nouveau-nés ou les enfants qui ont été exposés à un ISRS ou à un IRSN pendant la grossesse ou l'allaitement. La planification de la sortie de l'hôpital et les visites ultérieures de l'enfant doivent être les mêmes que pour les nourrissons nés à terme et les prématurés tardifs en bonne santé, non exposés à ces médicaments. Les avantages de l'allaitement sont bien établis. Il faut encourager et soutenir les mères qui utilisent un ISRS ou un IRSN pendant la grossesse et la période post-partum. À lire aussi: Étiquetage: Santé Canada déconseille la prise d’AINS dès la 20e semaine de grossesse

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