L’Egrifta<sup style="font-size:12px;">MD</sup> non couvert par la RAMQ: theratechnologies interjette appel de la décision

L’été dernier, l’entreprise québécoise Theratechnologies s’est dite « surprise » et « déçue » par la décision du gouvernement de ne pas inclure son médicament, l’EgriftaMD (tésamoréline par injection), dans la liste des produits couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Theratechnologies souhaite maintenant que l’Institut national de santé et de services sociaux (INESSS) révise l’avis de non-recommandation qu’elle a soumis au ministre de la Santé, Gaétan Barrette.La tésamoréline par injection est un médicament utilisé pour traiter l'excès de tissu adipeux viscéral chez les adultes infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et souffrant de lipodystrophie. Chez ces patients, la lipodystrophie peut se traduire par une lipoatrophie (disparition du tissu adipeux sous-cutané du visage et des membres), une lipohypertrophie (accumulation excessive de graisse dans l’abdomen, le cou, les seins ou la région cervico-dorsale) ou une combinaison des deux. Cette répartition anormale des tissus adipeux sur le corps peut entraîner une détresse psychologique chez certains patients qui peuvent décider d’arrêter la prise de leurs médicaments pour contrer cet effet indésirable.La tésamoréline est présentement le seul médicament pour traiter ce problème de santé, causé notamment par les nombreux médicaments que doivent prendre les patients atteints du VIH. Puisque la tésamoréline peut traiter l'excès de tissu adipeux viscéral chez ces patients, Theratechnologies affirme également qu’elle peut contribuer à une diminution des risques cardiovasculaires. La molécule a été homologuée par la Food and Drug Administration des États-Unis en 2010, et par Santé Canada en 2014.Dans l’avis que l’INESSS a publié le 1er juin dernier, le Comité scientifique de l’évaluation des médicaments aux fins d’inscription stipule que « les données démontrent qu’après 26 semaines, la tésamoréline diminue l’excès de TAV chez les patients adultes infectés par le VIH et atteints de lipodystrophie ». L’INESSS ajoute que « les bénéfices sur le TAV semblent persister chez les personnes qui continuent le traitement pendant 52 semaines ».L’organisme souligne cependant que « les données actuellement disponibles ne permettent pas de conclure que la tésamoréline comblerait un besoin de santé chez les personnes traitées pour le VIH et présentant un excès de tissu adipeux viscéral, en ce qui concerne notamment la diminution des risques cardiovasculaires ». Selon le Comité scientifique, les « effets de la tésamoréline sur les triglycérides et le cholestérol-HDL sont de faible ampleur ».Quant à l’image corporelle des personnes souffrant de lipodystrophie, l’INESSS se dit « sensible à ses conséquences psychologiques négatives », mais « il ne peut prendre en considération l’amélioration de l’image corporelle dans sa recommandation, car cet aspect ne fait pas l’objet du régime d’assurance médicaments ».Theratechnologies contesteComme la tésamoréline a été développée au Québec, le président et chef de la direction de Theratechnologies, Luc Tanguay, a déclaré l’été dernier qu’il trouvait paradoxal que l’entreprise qu’il dirige ait reçu de nombreux crédits d’impôts et subventions de la part du gouvernement du Québec au fil des dernières années, pour finalement apprendre que ce ne sera pas remboursé.En entrevue avec Profession Santé, Luc Tanguay nuance ses propos en soulignant qu’il respecte les avis de l’INESSS. Il estime néanmoins que les bénéfices de la tésamoréline quant aux risques cardiovasculaires sont réels. Theratechnologies a donc soumis une demande de révision à l’INESSS en fournissant des précisions supplémentaires. La décision devra être rendue au début de 2017.L’avis négatif de l’INESSS n’a pas eu d’impact significatif sur les finances de l’entreprise, car le Québec représente un marché modeste pour Theratechnologies, si on le compare à un marché comme celui des États-Unis, à titre comparatif. « C’est sur le principe que c’est décevant, explique Luc Tanguay. Cela envoie une drôle d’image à l’international lorsque les bénéfices cliniques du médicament que tu as mis au point sont reconnus dans plusieurs pays, mais pas par ton propre gouvernement. »

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