Le système de santé idéal: qu’en dit la relève médicale?

Deux médecins résidentes, un médecin de famille en début de pratique et une étudiante en médecine ont partagé leur point de vue sur le système de santé de l’avenir, lors du Colloque organisé par l'Association médicale canadienne (AMC) qui s’est déroulé de façon virtuelle les 24 et 25 novembre dernier. «En tant qu’étudiants en médecine, nous entendons tous que le système de santé est malade. On voit l’hémorragie et on aimerait tous l’arrêter», a tout d’abord affirmé Christina Greenfield, étudiante en médecine de 4e année et présidente du comité étudiant de l’AMC. L’une des solutions pour stopper cette hémorragie, selon les panélistes, est une plus grande reconnaissance de l’interprofessionnalité. Médecin omnipraticien en début de pratique et coresponsable local du DRMG Haut-Richelieu-Rouville, le Dr Renaud Boivin-Gagnon rappelle que le système de la santé est plus que seulement les médecins. «Le système est conçu actuellement pour que les médecins de famille soient des psychologues, des physiothérapeutes et même des dentistes, sans qu’on ait la formation adéquate», indique le médecin qui est également le coordonnateur médical du guichet accès à un médecin de famille (GAMF) de sa région. Il attribue la situation actuelle à l’accessibilité financière des médecins de famille pour la population, en comparaison à ces autres professionnels qui pratiquent souvent au privé. «Le gouvernement doit davantage investir pour engager ces professionnels au public. Ainsi, les médecins de famille pourraient arrêter d’être de mauvais physiothérapeutes ou de mauvais ergothérapeutes, mais ils pourraient se consacrer à être de bons médecins», ajoute le Dr Boivin-Gagnon. Résidente de quatrième année en chirurgie, la Dre Michelle Bonapace-Potvin a réalisé récemment qu’elle ne connaissait pas les autres professionnels de la santé avec qui elle travaillait à l’hôpital. «Je signe des requêtes pour des consultations en nutrition ou en physiothérapie sans savoir qui se cache derrière la requête. Nous avons un système de santé anonyme qui ne met pas en valeur l’identité de ses joueurs», ajoute la résidente. Lorsqu’elle a réalisé cela, elle a pris la peine d’aller rencontrer ces professionnels et a rapidement remarqué la différence sur l’efficacité du travail d’équipe. «Ça améliore la communication et évite les malentendus. Prendre le temps de remercier ses collègues, par exemple, est une petite solution à un gros problème, mais si tout le monde le faisait, il y aurait une grosse différence.» Faut-il augmenter le nombre d’étudiants? Lors de son intervention, Christina Greenfield a critiqué l’intention des partis politiques d’augmenter le nombre d’admissions en médecine. «Ce n’est pas une solution magique. C’est comme dire que pour sauver la planète il faut mettre plus de voitures électriques sur le boulevard Décarie dans le but de décongestionner le trafic», illustre-t-elle. Selon l’étudiante en médecine, s’il y a une augmentation du nombre de places dans les facultés de médecine, il faudrait s’assurer qu’il y ait une décentralisation par la suite dans la pratique. «Oui il y a une pénurie de médecins à Montréal, mais c’est aussi le cas en région. Peut-être pourrait-on rendre obligatoires des stages en régions plus éloignées pour valoriser celles-ci?», suggère-t-elle. Épuisement professionnel Selon la Dre Bonapace-Potvin, les médecins doivent apprendre davantage à prendre soin d’eux pour le futur afin d’éviter l’épuisement professionnel et la détresse psychologique. Elle confie qu’en tant que résidente, elle travaille en moyenne entre 90 et 110 heures par semaine et qu’il peut être difficile de trouver du temps à accorder à son bien-être. «Il faut un changement de culture. Nous avons le droit de prendre soin de nous. Nous ne pouvons pas bien soigner nos patients si nous sommes épuisés», dit-elle. «Dans un système de santé idéal, il faut se soigner avant de soigner les autres», rappelle la médecin. Mettre fin à la discrimination Pour la Dre Yasmine Nadifi, résidente de troisième année en psychiatrie, le système de santé idéal s’est débarrassé de toutes formes de discrimination. «Je souhaite un système de santé tolérant et inclusif. Pour ce faire, nous devons être intolérant des propos qui incite à l’intolérance», partage-t-elle. Elle rappelle qu’il existe encore des biais dans la pratique médicale et que les médecins, en tant que leader, ont le pouvoir de changer la situation, puisqu’un système de santé inclusif est nécessaire pour des soins de qualité. «Nous méritons un système inclusif, tant pour le corps médical que pour le bien-être de nos patients et pour le système de santé qui aspire à être plus équitable», ajoute la résidente. Les panélistes ont tous conclu en reconnaissant qu’en tant que médecin ou futur médecin, ils ont un pouvoir d’influence important auprès de la population qu’ils doivent utiliser afin d’être de bons leaders dans leur pratique et dans la société.

Le système de santé idéal: qu’en dit la relève médicale?

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