Le syndrome de fatigue chronique ne serait pas rare, selon une enquête des CDC

Le chiffre avancé par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) est plus élevé que ne le laissaient supposer les études précédentes, et il est probablement amplifié par certains des patients souffrant d'une COVID longue. Il est clair que la maladie «n'est pas rare», a affirmé la Dr Elizabeth Unger, du CDC, l'une des coauteurs du rapport.La fatigue chronique se caractérise par au moins six mois d'épuisement sévère que ne soulage pas le repos au lit. Les patients signalent également des douleurs, un brouillard cérébral et d'autres symptômes qui peuvent s'aggraver après avoir fait de l’exercice, un travail ou une autre activité. Il n'existe pas de remède, et aucun test sanguin ni scanner pour permettre un diagnostic rapide.Les médecins n'ont pas été en mesure d'en déterminer la cause, bien que des recherches suggèrent qu'il s'agit d'une réaction excessive et prolongée de l'organisme à une infection ou à une autre perturbation du système immunitaire. Cette maladie a pris de l'ampleur il y a près de 40 ans, lorsque des groupes de cas ont été signalés à Incline Village, dans le Nevada, et à Lyndonville, dans l'État de New York. Certains médecins l'ont qualifiée de psychosomatique et l'ont appelée «grippe du yuppie» [pour young urban professional, jeune professionnel ambitieux, ndlr]Certains médecins seraient toujours de cet avis, à en croire experts et patients. Les médecins «m'ont traitée d'hypocondriaque et m'ont dit que ce n'était que de l'anxiété et de la dépression», a expliqué Hannah Powell, une jeune femme de 26 ans, originaire de l'Utah, qui n'a pas été diagnostiquée pendant cinq ans.À lire aussi: La fatigue: un phénomène psychophysiologique (normalement) sous contrôleLe nouveau rapport des CDC est basé sur une enquête menée auprès de 57 000 adultes américains en 2021 et 2022. Il a été demandé aux participants si un médecin ou un autre professionnel de la santé leur avait déjà dit qu'ils souffraient d'encéphalomyélite myalgique ou du syndrome de fatigue chronique, et s'ils en souffraient toujours. Environ 1,3% des participants ont répondu par l'affirmative aux deux questions.Cela représente environ 3,3 millions d'adultes américains, selon les responsables du CDC.Parmi les autres résultats: le syndrome était plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, et chez la population blanche par rapport à d'autres groupes raciaux et ethniques. Ces résultats concordent avec ceux d'études antérieures de moindre envergure.Toutefois, les résultats contredisent également l’idée reçue selon laquelle le syndrome de fatigue chronique est une maladie de femme blanche et riche.L'écart entre les femmes et les hommes est moins important que ne le suggéraient certaines études antérieures, et il n'y a pratiquement pas de différence entre les Blancs et les Noirs. L'étude a également révélé qu'un pourcentage plus élevé de personnes pauvres que de personnes aisées se déclaraient atteintes de cette maladie.Ces perceptions erronées peuvent être dues au fait que les patients diagnostiqués et traités «ont traditionnellement davantage accès aux soins de santé et sont peut-être davantage crus lorsqu'ils évoquent leur fatigue persistante qui les empêche d’aller travailler», estime le Dr Brayden Yellman, spécialiste au Bateman Horne Center à Salt Lake City, dans l'Utah.À lire aussi: La COVID longue chez les enfants: que savons-nous?Le rapport s'est appuyé sur les souvenirs des patients, sans vérifier leur diagnostic dans leurs dossiers médicaux.Cela pourrait conduire à un surdénombrement, mais les experts pensent que seule une fraction des personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique est diagnostiquée, selon le Dr Daniel Clauw, directeur du centre de recherche sur la douleur chronique et la fatigue de l'Université du Michigan.«Aux États-Unis, ce diagnostic n'est jamais devenu cliniquement populaire, car aucun médicament n'a été approuvé pour cette maladie. Il n'y a aucunes directives de traitement», affirme le Dr Clauw.Selon les responsables du CDC, ce chiffre inclut probablement des patients atteints de la COVID de longue durée qui souffraient d'un épuisement prolongé.La COVID longue est définie de manière générale comme des problèmes de santé chroniques survenant des semaines, des mois ou des années après une infection aiguë à la COVID-19. Les symptômes varient, mais un sous-ensemble de patients présente les mêmes problèmes que les personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique.«Nous pensons qu'il s'agit de la même maladie», confie le Dr Yellman. Mais l’affection post-COVID-19 est plus largement acceptée par les médecins et plus rapidement diagnostiquée, ajoute-t-il.À lire aussi: Vous avez entendu parler de la COVID longue, mais qu'en est-il du rhume long?Mme Powell, l'une des patientes du Dr Yellman, était une athlète de lycée qui a contracté une maladie lors d'un voyage au Belize avant sa dernière année d'études. Les médecins ont pensé qu'il s'agissait de la malaria, et elle a semblé se rétablir. Mais elle a développé un épuisement persistant, des troubles du sommeil et des vomissements récurrents. Elle explique avoir dû progressivement arrêter le sport et avoir éprouvé des difficultés à travailler à l’école.Au bout de cinq ans, on lui a diagnostiqué une fatigue chronique et elle a commencé à retrouver une certaine stabilité grâce à des perfusions régulières de liquides et un traitement médicamenteux. Elle a obtenu son diplôme de l'Université de l'Utah et travaille aujourd'hui pour une organisation d'aide aux victimes de violences domestiques.Se faire soigner est toujours un combat, dit-elle.«Lorsque je me rends aux urgences ou chez un autre médecin, au lieu de dire que je souffre du syndrome de fatigue chronique, je dis généralement que j'ai une COVID longue, ajoute Mme Powell. Et on me croit presque immédiatement.»

Le syndrome de fatigue chronique ne serait pas rare, selon une enquête des CDC

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