Le pouvoir médical nuit à la mise en place des nouveaux rôles infirmiers

Le déploiement de l’infirmière dans les groupes de médecine de famille (GMF), de l’infirmière praticienne spécialisée (IPS) et de l’infirmière pivot en oncologie (IPO) dépend beaucoup du pouvoir médical. L'enrichissement des tâches de ces diverses infirmières est grandement tributaire de la volonté des médecins.C'est ce qu'affirment trois chercheuses de l’Université de Montréal dans un article publié dans la revue Recherches sociographiques, édition de septembre/octobre 2009.Des responsabilités variablesDans les GMF, selon les chercheuses, les médecins peuvent décider de la nature et de l’étendue de pratique des infirmières. Ils décident si elles feront du suivi de clientèle ou occuperont plutôt une fonction d’assistance.L’influence des médecins joue aussi beaucoup dans la formation des IPS et la définition de leurs responsabilités. Leur rôle varie ainsi de consultante à première répondante du patient, selon les établissements. Et cette décision quant au rôle a le plus souvent été prise par les médecins, constatent les chercheuses.Des services sous-utilisésNombre d’infirmières soutiennent que leurs services sont sous-utilisés. Certaines ont même dû «convaincre» les médecins qu’elles pouvaient contribuer différemment aux soins à la clientèle. Les analyses révèlent que pour plusieurs médecins, ces nouveaux rôles représentent une invasion inacceptable de leur champ de pratique, ce qui expliquerait leur réticence à revoir le partage des prérogatives professionnelles.Selon les auteures, il importe de redéfinir l’autorité de la profession médicale sur la prestation des services de santé. Et si les infirmières doivent disposer de davantage de leviers décisionnels, elles ont aussi le devoir de s’exprimer davantage sur la place publique.Les trois chercheuses sont Danielle D’Amour, professeure titulaire à la faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, Dominique Tremblay, de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, et Michelle Proulx, du Centre FERASI, qui regroupe les universités québécoises.Nouveaux rôles infirmiers-L’infirmière de GMF exerce en première ligne et détient généralement un baccalauréat en sciences infirmières;-L'IPS exerce à l'hôpital; elle possède une maîtrise en sciences infirmières et un diplôme complémentaire en néphrologie, cardiologie ou néonatologie;-L'IPO, habituellement bachelière, exerce à l'hôpital; elle est en lien constant avec la première ligne.«Déploiement de nouveaux rôles infirmiers au Québec et pouvoir médical», Danielle D’Amour, Dominique Tremblay et Michelle Proulx, Recherches sociographiques, vol. 50, n° 2, 2009, p. 301-320. Article reposant sur l'analyse des données tirées de trois recherches.

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