Le poids financier des médicaments biologiques s'accroît

Les dépenses des régimes publics d’assurance médicaments ont atteint l’an dernier un sommet. Elles ont culminé à 15 milliards de dollars en 2020 à l’échelle du Canada, soit une croissance de 4,6% pour l’année. Près de la moitié de cette hausse résulte de l’augmentation des dépenses en médicaments contre le diabète et en immunosuppresseurs, souligne l’ICIS. Dans le détail, les trois principales catégories de médicaments qui pèsent le plus dans les dépenses ont été utilisées pour traiter la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn (8,1% des coûts), la dégénérescence maculaire liée à l’âge (5,0%) et les maladies auto-immunes et la prévention du rejet d’une greffe d’organe (3,3%). À la lecture du rapport de l'ICIS, le rédacteur en chef adjoint de Québec Pharmacie, Christophe Augé, se dit frappé par une donnée: «2,7% des bénéficiaires indemnisés ont accaparé 41,9% des montants dépensés. C’est assez impressionnant», concède le pharmacien propriétaire à Ascot Corner, en Estrie. Il constate également que la catégorie des inhibiteurs de la pompe à protons a disparu de la liste ci-dessus où ne figurent plus que trois catégories de médicaments usuels. «Le reste, ce sont des médicaments dispendieux servis par la pharmacie de spécialité.» Selon lui, cette réalité confirme l’urgence d’agir pour favoriser les médicaments biosimilaires. «On a un train de retard par rapport aux pays européens» qui ont des politiques volontaristes de substitution, souligne Christophe Augé. Il espère que le virage vers l’utilisation de ces médicaments biosimilaires pour tous les assurés québécois couverts par le Régime général d’assurance médicaments (RGAM), qui sera amorcé à compter d’avril prochain, aura les impacts voulus. À ce sujet, l’ICIS signale que «l’adoption des biosimilaires a continué d’augmenter», leur part dans les dépenses totales en médicaments étant passée de 16,1% en 2019 à 28,5% l’an dernier, sous l’impulsion notamment de la Colombie-Britannique et de l’Alberta qui ont mis en place des programmes de changement ou de transition vers les biosimilaires. Coûteux, mais nécessaires Vice-présidente à la Fédération des pharmaciens du Québec (FPQ), Nirvishi Jawaheer estime que les enseignements de ce tableau confirment «la nécessité d’adopter une stratégie nationale sur les médicaments onéreux pour le traitement des maladies rares». Une stratégie qui est en cours d'élaboration et que le gouvernement fédéral entend lancer d'ici 2022-2023. Au-delà, la pharmacienne propriétaire dans le quartier Parc-Extension, à Montréal, s’interroge sur le prix des médicaments de spécialité. «On a de la misère à comprendre pourquoi ils sont si chers», observe Mme Jawaheer, déplorant l’absence d'informations claires sur le coût de la mise sur le marché de ces traitements. Ceci dit, «ces médicaments ont des résultats probants pour les patients atteints de maladies rares, alors il faut que toutes les parties prenantes s'assoient et discutent pour trouver des solutions afin d’en réduire le coût», conclut-elle.

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