Le personnel en pharmacie durement affecté par la 5e vague

«Hier, j’ai deux ATP (assistants techniques en pharmacie) qui ne sont pas entrés travailler puisqu’ils ont eu des tests positifs, raconte le président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Benoit Morin. Donc, les choses que j’avais prévu effectuer dans la journée, j’ai dû les faire le soir. La situation est généralisée à l’ensemble des pharmacies. La situation est difficile.» Le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Bertrand Bolduc, dresse le même constat. «Il y a du personnel infecté ou en isolement dans à peu près toutes les pharmacies. Malgré tout, le réseau semble tenir bon», affirme-t-il. Ni l’ordre professionnel ni le syndicat ne comptabilise le nombre de pharmaciens absents du travail après avoir été infectés par la COVID-19. Cependant, jusqu’à présent, Bertand Bolduc n’a pas eu connaissance de pharmacies qui se sont résignées à fermer temporairement ou qui ont opéré à portes fermées. Plusieurs toutefois ont réduit leurs heures d’ouverture. La nouvelle directive gouvernementale selon laquelle les pharmaciens et autres travailleurs de la santé infectés par la COVID-19 peuvent revenir plus rapidement au travail s’ils sont asymptomatiques a permis de maintenir l’accès aux pharmacies, estiment l’AQPP et l’OPQ. Néanmoins, Bertrand Bolduc recommande aux pharmacies la mise en place d’un plan de contingence qui comprend notamment la formation de deux équipes distinctes. Ces deux équipes ne se croisent pas, donc s’il y a une éclosion dans une équipe, l’autre peut prendre le relais. Par ailleurs, pour permettre de mieux dépister les cas de COVID-19, des tests rapides destinés au personnel seront envoyés dans toutes les pharmacies du Québec cette semaine, a révélé Benoit Morin. «Entre 25 et 50 tests seront envoyés par le gouvernement dans les pharmacies. C’est l’AQPP qui va assumer les frais de distribution», indique-t-il. En attendant, les absences des employés infectés s'ajoutent à la pénurie de main-d'oeuvre qui sévissait bien avant la propagation du variant Omicron, constate Patrick Hémery, président de l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec. «Il y a à peine six mois, il y avait 2-3 offres d’emploi sur les forums en ligne, maintenant il y en a 4 ou 5 par jour. Par exemple, il y a une pharmacie de Québec qui est à la recherche d’un pharmacien depuis quatre mois. Pourtant, elle offre de bonnes conditions de travail.» Selon Benoit Morin, avant la cinquième vague, il manquait environ 10% du personnel. S'il manque des pharmaciens, il manque surtout des assistants techniques en pharmacie et des caissiers-commis. «Mais on tient le coup. Je n'ai personne en rupture pour l'instant et je ne veux pas avoir l'air de me plaindre: les gens qui sont dans les hôpitaux vivent ça depuis deux ans». Livraison des tests rapides pour la population Trois millions de tests rapides promis par Ottawa sont bel et bien arrivés lundi dernier dans les centres de distribution du Québec. La plupart devaient être transportés dans les pharmacies mardi et quelques autres mercredi. Cette distribution sera faite en fonction de l'achalandage des pharmacies. «L'objectif du ministère de la Santé et notre objectif c'est vraiment que les trousses rapides puissent suivre la courbe populationnelle ou les caractéristiques socio-démographiques de chacune des régions», explique Hugues Mousseau, directeur général de l'Association québécoise des distributeurs de pharmacie. Benoit Morin, président de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, s'est réjoui de cet arrivage, tout en sachant que ce sera loin de répondre à la demande. Mais ce qui compte, dit-il, c'est que d'autres arrivages importants doivent suivre. «La vraie bonne nouvelle, c'est qu'il va y avoir un approvisionnement soutenu pour les prochaines semaines. Au-delà des trois millions de tests qui vont être livrés cette semaine, on prévoit un autre trois millions la semaine suivante et encore l'autre après (...). On prévoit pouvoir être capables de répondre à la demande d'ici quelques semaines, ou du moins que ça se stabilise et que la pression soit moins forte.» En moyenne, les pharmacies recevront 300 boîtes de tests antigéniques. Toutefois, les plus grosses pharmacies pourraient en recevoir 400, et les plus petites, 200. Pour éviter une importante affluence dans les pharmacies, le président de l’AQPP propose aux pharmaciens de tenir une liste d’attente. «Je dis aux patients de ne pas m’appeler et que je vais les appeler lorsque j’aurai des tests.» Malgré cette façon de faire, des patients se présentent en pharmacie dans l’espoir de mettre la main sur ces tests tant convoités, constate Bertrand Bolduc. «Certains pharmaciens ont même écrit sur leur masque: «Je n’ai pas de tests rapides.» Les pharmaciens et leur personnel technique ne manqueront pas de travail ces prochains mois puisqu’après la distribution des tests rapides, ce sera au tour de la distribution des médicaments anti-COVID-19 de la pharmaceutique Pfizer. «Nous nous attendons à des approbations de Santé Canada d’ici une semaine ou deux. Ce sera un gros hiver et un gros printemps pour les pharmacies», mentionne Bertrand Bolduc.

Le personnel en pharmacie durement affecté par la 5e vague

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