Le ministre Hébert s’attend à ce que les médecins travaillent de moins en moins

Fatalisme ou réalisme, le ministre de la Santé du Québec s’attend à ce que les médecins travaillent de moins en moins dans le futur.Il s'attend aussi à ce que ceux qui font de grosses semaines diminuent leurs heures de pratique quand l’arrivée croissante de jeunes médecins se fera sentir sur le terrain.Le Dr Réjean Hébert a tenu ces propos en réponse à une question de son prédécesseur, le Dr Yves Bolduc, qui lui demandait en commission parlementaire quelles étaient ses orientations par rapport aux entrées en médecine.«Avant de modifier à la baisse le nombre d’admissions, il faut être extrêmement prudent, car je crois que nous n’avons pas encore atteint le plateau dans la diminution des heures travaillées, a répondu le Dr Hébert. Lorsque les pénuries vont se résorber progressivement, je suis persuadé que les médecins vont travailler de moins en moins.»«Pour l’instant, certains travaillent davantage pour répondre aux besoins de la population, mais quand la pression va diminuer, cet équilibre entre la vie personnelle et professionnelle va faire en sorte que le nombre d’heures réalisées par les médecins va continuer de diminuer, a-t-il expliqué. Nous n’avons pas encore atteint une situation d’équilibre dans cette évolution.»Admissions dans les facultésLe ministre s’est montré très prudent sur la question des admissions dans les facultés, même si la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) dit craindre depuis 2010 que la province ne soit en train de former trop de médecins.Le Dr Hébert a rappelé que les pénuries des années 2000 n’avaient pas été prévues par les «experts». Des études menées à une époque avaient même démontré que le Canada s’orientait vers des surplus importants de médecins. Ces prévisions erronées avaient conduit les provinces, y compris le Québec, à réduire ses admissions en médecine.Les spécialistes n’avaient pas su prédire, notamment, le changement générationnel qui fait que les femmes sont maintenant beaucoup plus nombreuses que les hommes dans les études médicales.«C’est une bonne nouvelle, a déclaré le ministre, mais en contrepartie, il y a des absences plus importantes pour des raisons familiales, dont des congés de maternité.»«Mais au-delà de la distinction hommes-femmes, a-t-il poursuivi, la nouvelle génération de médecins est beaucoup plus préoccupée par l’équilibre entre la vie personnelle et la vie familiale, de sorte que le nombre d’heures travaillées par les médecins québécois diminuent progressivement d’année en année. Là où il fallait autrefois deux médecins, il en faut maintenant trois.»Pour compenser la pénurie relative de médecins qui en est résulté, il a fallu doubler les admissions, et même au-delà, dans les quatre facultés, a précisé le ministre. Au cours des quatre dernières années, 847 entrées ont été autorisées dans les contingents réguliers.Malgré l’arrivée de centaines de nouveaux médecins sur le marché ces dernières années, des pénuries subsistent toujours dans certaines spécialités. Le Dr Hébert a cité le cas de la médecine de famille, où il faudra selon lui encore plusieurs années pour résorber le manque d’omnipraticiens. Pour les médecins spécialistes, le manque se comble progressivement, a-t-il indiqué.Même si le nombre de finissants augmente chaque année (830 en 2012, selon les chiffres du Collège des médecins), le Dr Hébert ne veut pas répéter les erreurs du passé et ne semble pas pressé de réduire les admissions.

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