Le lien entre des taux élevés d’insuline et le cancer du pancréas enfin établi

Si le rôle de l’obésité et du diabète de type 2 comme facteurs de risques du cancer du pancréas était déjà établi, le processus d’apparition des cellules cancéreuses restait flou. Jusqu’à cette nouvelle étude qui met en lumière le rôle de l’insuline et de ses récepteurs, expliquant ainsi pourquoi les personnes obèses ou diabétiques de type 2 sont confrontées à un risque accru de cancer du pancréas. Selon les conclusions des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) publiées dans la revue Cell Metabolism, un excès d'insuline surstimulerait les cellules acineuses pancréatiques, qui produisent les sucs digestifs. Cette surstimulation provoque une inflammation pancréatique et conduit au développement de cellules précancéreuses, en particulier dans le cas de l'adénocarcinome canalaire pancréatique (PDAC). À lire aussi: Cancer du pancréas: le lorazépam associé à des taux de survie plus faibles«Nous avons constaté que l'hyperinsulinémie contribue directement à l'initiation du cancer du pancréas par l'intermédiaire des récepteurs d'insuline dans les cellules acineuses», explique dans un communiqué la première auteure de l'étude, la Dre Anni Zhang. «Le mécanisme implique une augmentation de la production d'enzymes digestives, conduisant à une inflammation pancréatique accrue», précise la chercheuse postdoctorale à l'UBC.Le PDAC est le cancer du pancréas le plus répandu – il représente environ 95% de tous les cancers du pancréas selon la Société canadienne du cancer – et il très agressif, avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 10%. D’ici 2030, le PDAC devrait devenir la deuxième cause de décès liés au cancer.Une avancée en termes de prévention et de traitement du cancer«Parallèlement à l'augmentation rapide de l'obésité et du diabète de type 2, nous constatons une augmentation alarmante des taux de cancer du pancréas. Ces résultats nous aident à comprendre comment cela se produit et soulignent l’importance de maintenir les niveaux d’insuline dans une fourchette saine, ce qui peut être accompli grâce à un régime alimentaire, à de l’exercice et, dans certains cas, à des médicaments», indique le Dr James Johnson, professeur au département des sciences cellulaires et physiologiques et directeur par intérim de l'Institut des sciences de la vie de l'UBC. L’étude pourrait éventuellement permettre la mise en place de nouveaux systèmes de prévention, mais aussi de nouveaux traitements du cancer, comme des approches thérapeutiques ciblant les récepteurs de l’insuline dans les cellules acineuses. «Nous espérons que ces travaux modifieront la pratique clinique et contribueront à faire progresser les interventions liées au mode de vie susceptibles de réduire le risque de cancer du pancréas dans la population générale», conclut la co-autrice principale de l’étude, la Dre Janel Kopp, professeure adjointe au département des sciences cellulaires et physiologiques de l'UBC. «Cette recherche pourrait également ouvrir la voie à des thérapies ciblées qui moduleraient les récepteurs de l'insuline pour prévenir ou ralentir la progression du cancer du pancréas.»À lire aussi: Pourquoi les cancers sont-ils en augmentation chez les moins de 50 ans?Pour aider les patients diagnostiqués d’un PDAC à contrôler leur glycémie et leur taux d'insuline circulante, un essai clinique a d’ores et déjà été initié en collaboration avec des chercheurs de l’agence BC Cancer, un programme de lutte contre le cancer en Colombie-Britannique, ainsi que ceux du Pancreas Center de Colombie-Britannique. Selon les scientifiques, ces résultats pourraient avoir des incidences sur d’autres cancers associés à l’obésité et au diabète de type 2, et pour lesquels un niveau élevé d’insuline pourrait représenter un facteur aggravant, comme le cancer du sein.

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