Le grand virage de la pratique pharmaceutique: déléguer la distribution des médicaments pour se centrer sur les soins

Réunis à l’Université de Montréal le 1er octobre dernier dans le cadre du troisième Forum pour l’avancement de la pratique pharmaceutique (FRAPP), des pharmaciens sont venus réfléchir à leur implication en GMF. Les pharmaciennes Verlaine Ménard-D., Nathalie Larouche et Kim Robitaille. Photo : Fabienne PapinLa journée a commencé avec Olivier Bernard, aussi connu comme le Pharmachien. Ce pharmacien, devenu un pro de la communication, a expliqué quelques règles de base pour faire passer des messages à des patients. Pour lui, une des solutions est de vérifier quand ils sont prêts à vous écouter. Comment le savoir ? En leur posant des questions « déstabilisantes ». Vous pouvez ainsi vérifier dans quelle mesure il est « important » pour eux de traiter leur problème, ou s’ils ont confiance que leur traitement va améliorer leur santé. Ce genre de questions permet de voir s’ils sont prêts à s’impliquer dans leur santé. Autre truc, utiliser les témoignages. Rien de tel pour renforcer vos messages qu’un bel exemple de patient qui a amélioré sa santé.Mais la journée avait surtout été organisée pour permettre aux participants de rencontrer des pharmaciens exerçant en première ligne.À lire aussi: Une pharmacienne en GMFDe nouveaux services en cliniqueLa pharmacienne Marie-Andrée Leclerc, à l’emploi du CIUSSS de la Capitale-Nationale, exerce au GMF La Cité médicale depuis cinq ans. Elle s’y est bâti une pratique basée sur les interventions cliniques, l’enseignement et la recherche. Elle a expliqué son rôle (voir texte ci-dessous) et comment elle a réussi à s’intégrer peu à peu dans les équipes de soins de la clinique.Plusieurs ateliers ont porté sur l’implication des pharmaciens dans les soins pharmaceutiques en pharmacie communautaire ou en GMF. C’est le cas, par exemple, de la révision de la médication, un service qui intéresse de plus en plus de pharmaciens dans un contexte où chacun doit se démarquer de la concurrence. Contrairement à la plupart des autres provinces canadiennes, le Québec ne rembourse pas la révision de la médication en pharmacie communautaire pour le moment. Pourtant, selon une enquête réalisée au Québec en 2013, 16 % des pharmaciens offraient déjà un service de révision de la médication et plus de 20 % avaient l’intention de s’y mettre l’année suivante. En moyenne, les pharmaciens qui l’offraient la facturaient 50 $.De nouvelles activités en officineAmélie Veilleux, candidate à la maîtrise en pharmacothérapie avancée a quant à elle rappelé que la révision de la médication est au cœur des activités de la loi 41 (voir figure 1). Elle peut en effet être le point de départ d’un ajustement de la médication afin d’atteindre des cibles thérapeutiques. Elle peut aussi faciliter la prescription d’un médicament (activités autorisées aux pharmaciens par la loi 41 lorsqu’aucun diagnostic n’est requis ou pour certaines affections mineures) ou la prolongation d’une ordonnance. Enfin, la prescription d’analyses de laboratoire, autre nouvelle activité de la loi 41, peut aider à la réalisation d’une révision de la médication.Lors de l’atelier sur la prise en charge de l’ajustement pour l’atteinte de cibles thérapeutiques dans le contexte de la loi 41 et son intégration à la chaîne de travail en officine, la pharmacienne Nathalie Larouche a expliqué comment les pharmaciens peuvent dégager du temps pour se consacrer à des activités cliniques.Comme on s’en doute, tout est question de capacité à déléguer. Si les pharmaciens arrivent à confier à d’autres professionnels les tâches de distribution et de vérification, ils pourront s’occuper de celles qu’eux seuls peuvent faire, comme les ajustements de la médication, afin d’aider leurs patients à atteindre les cibles thérapeutiques.Kim Robitaille et Verlaine Ménard-D., pharmaciennes à Trois-Rivières, ont justement expliqué comment elles ont démarré leurs premières consultations d’ajustement pour l’atteinte de cibles thérapeutiques. Un enjeu de taille, certes, mais qui en vaut la peine. Pour elles, c’est l’avenir de la pharmacie qui est ici en jeu. « Cela nous permet davantage de faire valoir le rôle du pharmacien comme spécialiste du médicament. Et cela rend notre pratique plus clinique et donc plus intéressante », souligne Kim Robitaille.« On est à un tournant de la profession, soit on va devenir des super distributeurs, surformés, soit il faut revoir le mode de rémunération pour que les pharmaciens soient encouragés à faire plus de clinique », ajoute sa collègue, Verlaine Ménard-D, car c’est ce que veulent les nouveaux doctorants et ce pourquoi ils sont maintenant formés.

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