Le Dr Guy Tremblay: pour des services de proximité en santé mentale jeunesse

Le Dr Guy Tremblay, chef du département de pédopsychiatrie du Centre hospitalier universitaire de Québec, n’a pas attendu la sortie du Plan d’action en santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux, en 2005, pour expérimenter les services de première ligne en santé mentale jeunesse dans sa région.Déjà, en 1998, il était l’artisan de la réorganisation des services de pédopsychiatrie dans la région de Québec avec l’appui de ses collègues du département, de la direction et de l’agence de santé et de services sociaux de sa région.« La mode était de centraliser toutes les demandes de consultation vers les cliniques externes des hôpitaux. Vraiment, il fallait arriver à une hiérarchisation des soins. On ne peut pas demander au pédopsychiatre d’intervenir aux moindres désordres de comportement d’un enfant en plus d’intervenir pour tous les enfants qui souffrent de troubles d’attention avec hyperactivité, alors que 80 % peuvent être très bien réglés par un professeur avec les parents, un psychologue, un travailleur social et un omnipraticien », estime le Dr Tremblay.Il se rappelle qu’à cette époque, l’équipe de son département de pédopsychiatrie du CHUQ peinait à répondre aux nombreuses demandes de consultation qui affluaient au service externe. Leurs difficultés à répondre dans des délais raisonnables à des cas de première ligne lui a fourni les bons arguments pour rallier son équipe à un changement de cap.C’est à ce moment que le Dr Tremblay a pris son bâton de pèlerin pour rencontrer les médecins de famille de la région afin de les inviter — sur une base volontaire — à envoyer leurs demandes de consultation aux équipes de santé mentale jeunesse en formation, notamment l’équipe à Donnacona dans laquelle il assumait le rôle de pédopsychiatre consultant.Une formule qui s’est ensuite développée dans le secteur Orléans, La Source et Portneuf ainsi qu’à Baie-Saint-Paul et à Québec, puis, un peu plus tard, dans les centres jeunesse L’Escale et Le Gouvernail.Effets positifs« Notre prétention était que ces services de première ligne permettraient de faciliter l’implication des parents dans le processus d’intervention et qu’il y aurait moins de transfert vers la deuxième et la troisième lignes », confie le Dr Tremblay.L’objectif de cette réorganisation des services de pédopsychiatrie visait à réduire de 50 % le nombre de transferts vers la deuxième et la troisième lignes. « Un objectif qui a été rapidement et largement dépassé », dit le Dr Tremblay. Il donne l’exemple de Donnacona où il y a eu 80 % de rétention de la clientèle en première ligne de 1998 à 2008. À Baie-Saint-Paul, on a atteint plus de 50 % de rétention avec seulement une visite par mois du pédopsychiatre répondant.« Ces résultats viennent confirmer ce que je pensais depuis 1997 et 1998. Mon centre hospitalier a dû être persévérant et convaincu de mon projet pour aller à contre-courant d’autres hôpitaux, avoue le Dr Tremblay. Maintenant, ce système est établi dans une quarantaine de départements de psychiatrie. »Un leader d’expérienceSur ses 40 années de service au département de pédopsychiatrie du CHUQ, le Dr Guy Tremblay a occupé un poste de gestion pendant 18 ans, à titre de chef de département ou d’adjoint, selon les mandats.Il termine d’ailleurs son dernier mandat de chef de département entrepris il y a quatre ans.Dès janvier, le Dr Tremblay occupera une fonction administrative au Tribunal administratif du Québec en plus de conserver la consultation en pédopsychiatrie auprès des équipes de première ligne en santé mentale jeunesse.« Je m’apprête à orienter d’une autre façon ma carrière. Mais, je n’arrête pas de travailler », précise le Dr Tremblay.Le Prix leadership pour un médecin et le Prix coup de coeur du jury qu’il a reçus au printemps dernier de l’Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux lui ont fait un « immense plaisir ». Il voit dans cette reconnaissance une volonté de mieux soutenir la santé mentale jeunesse de la part de l’Association.« Mon plus grand désir est qu’on puisse intervenir tôt et efficacement en santé mentale jeunesse et qu’on puisse dédramatiser la consultation en pédopsychiatrie pour les parents. Cet accès à des services de première ligne dans les CLSC pourra favoriser ce changement », espère le Dr Tremblay.

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